17 février 2024, 23:59

LIONHEART + SUICIDE SILENCE + KUBLAI KHAN + PALEFACE

@ Paris (Cabaret Sauvage)

Ce concert est clairement un de ceux que j’attendais le plus en ce début d’année. Un plateau rempli de pépites, un savant mélange de hardcore beatdown et de deathcore, un concentré de violence et de break puissants. Tout pour me faire plaisir. J’ai déjà vu trois des groupes présentés ce soir, lors de précédentes dates et je m’apprête à voir enfin SUICIDE SILENCE que j’apprécie énormément.
Mes petits favoris ce sont les Suisses PALEFACE, qui m’auraient fait venir quels que soit les autres groupes. C'est donc un de mes groupes favoris du moment, dont la performance live en première partie de COUNTERPARTS à la Bellevilloise m’avait impressionnée. C’est d’ailleurs aussi sur cette date que j’avais découvert sur scène KUBLAI KHAN, très efficace ! Quant à LIONHEART, je les suis aussi depuis un petit moment et je les avais vus l’an dernier à la Machine du Moulin Rouge, lors d’une autre très jolie soirée très hardcore avec DYING WISH, GET THE SHOT et TERROR. Force est de constater que LIONHEART s’entoure systématiquement de très bons groupes et propose des plateaux de qualité.

Je suis donc venue très motivée, tellement motivée que j’ai sacrifié les précieuses heures de sommeil ce samedi soir, avant mon départ le lendemain dès 6h pour partir en vacances dans les Alpes. Je n’ai pas hésité non plus à mettre en péril mon intégrité physique et celle de mon précieux appareil photo pour vous ramener quelques souvenirs de cette soirée qui fut particulièrement mouvementée. En effet, le concert est complet, il y a du monde et dès la toute première partie. Le Cabaret Sauvage n’est pas ma salle préférée et sa conformation a tendance à rapidement constituer une sorte d’arène dans laquelle il ne vaut mieux pas traîner. Le pit est vaste et agité avec un public qui s’échauffe facilement. Les escaliers sont très réduits et on bataille un peu pour accéder aux marches ou à l’avant de la scène. Ça va être sportif.

C’est PALEFACE qui ouvre le bal et qui déchaîne, dès les premiers riffs, la violence d’un public particulièrement énervé ce soir-là. PALEFACE c’est une forme de ravissement du hardcore pour moi, un hardcore beatdown tout droit venu de la Suisse, délicatement et impitoyablement violent, efficace et cruel qui flirte en permanence avec le deathcore qu’ils jouaient à l’origine. Formé en 2017, ils ont déjà deux EPs et deux albums à leur actif et pas mal de jolies collaborations.
Le groupe est mené au chant par le charismatique Marc Zellweger, infatigable, dont la voix ne faiblit jamais tout au long du set, capable de screamer comme de rapper. Il interprète chaque morceau avec intensité et n’offre aucun répit. Les autres musiciens sont tout aussi déchaînés, les gars prennent plaisir sur scène et le communiquent. Je suis un peu déçue de ne voir PALEFACE que 30 minutes en toute première partie. Ils auraient largement mérité un set beaucoup plus long et j’espère vraiment les revoir une troisième fois en tête d’affiche. Je vous encourage à aller les voir et les écouter, vous vous prendrez une sacrée claque.

Avec PALEFACE on dépasse les gimmicks du hardcore, on joue avec les clichés sans y coller, on récupère ce qu’il y a de plus efficace dans le deathcore pour offrir un son d’une redoutable efficacité, un set parfaitement maîtrisé. C’est à la fois une chance et un piège de les mettre en toute première partie, puisque le public est particulièrement chaud dès le premier groupe et va conserver cette énergie pour la suite. Pour autant, il y a soit le risque que ça s’éteigne un peu avec des groupes suivants comme lors de la précédente date à la Bellevilloise, ou que comme ce soir-là ça rende le public particulièrement hostile. PALEFACE nous propose les morceaux qui ont fait son succès comme le très efficace "Best Before Death" ou l’excellent "The Orphan" mais aussi d'autres plus récents comme "The Gallow". J’aurais adoré qu’il nous refasse "In My Grave", une chanson particulièrement forte. Je crois les doigts pour une prochaine date avec un set plus long ! Seul petit bémol : la lumière, dont l’usage clairement excessif des stroboscopes complique particulièrement mon travail de photographe, mais gène aussi franchement l’écoute. C’est limite insupportable, je ne suis pas la seule à m’en plaindre et je ne suis pas certaine que ça apporte quelque chose d’intéressant à la scénographie.


À peine le temps de souffler que les gars de KUBLAI KHAN montent sur scène. Ils nous proposent un hardcore plus traditionnel mais toujours aussi efficace. Les Américains officient depuis 2009 avec 4 albums et 2 EPs, et un son qui fleure bon les années 90. Je les ai entendus pour la première fois à la Bellevilloise en première partie de COUNTERPARTS l’an dernier. Pour le coup, on plonge allègrement dans les clichés du hardcore mais ça fonctionne très bien. L’énergie du public ne faiblit pas du tout, ça groove et ça tabasse. L’ingé-light persiste dans son usage excessif des stroboscopes et je commence à me dire que je vais avoir vraiment du mal à sortir des photos de cette soirée. Le public aussi s’échauffe de plus en plus, ça devient très difficile de passer d’un côté à l’autre de la scène et si on n’y fait pas attention, on se prend rapidement des coups. L’ambiance n’est pas aussi bon enfant que dans les autres dates très hardcore auxquels je vais d’habitude. Le groupe propose un set court avec pas mal de chansons des deux derniers albums et ses derniers singles comme "Theory Of Mind". Les musiciens ont une belle énergie, occupent bien l’espace et enchaînent sans temps mort les morceaux. C’est plaisant à écouter comme à regarder et je les trouve meilleurs qu’à la Bellevilloise l’an dernier. Le son est plus lourd aussi, avec de bons gros breaks bien efficaces. Exercice parfaitement réalisé après le passage des surdoués hyperactifs de PALEFACE.


On va cette fois s’attaquer à l’un des seigneurs de la scène deathcore, les Californiens SUICIDE SILENCE. Est-il nécessaire de présenter ceux par qui il est difficile de ne pas passer lorsqu’on navigue dans la scène core internationale ? Formé en 2002, 7 albums à leur actif et quantités de tournées, ils n’ont plus rien à prouver et le public est impatient de les retrouver. Mais il va falloir patienter un peu. Ce soir les gars de SUICIDE SILENCE vont jouer de malchance, puisque le début de leur set est d’abord amputé de 5 à 10 minutes avec semble-t-il un problème sur une tête d’ampli. Ils auront ensuite droit à une coupure générale d’électricité dans le cabaret sauvage qui va interrompre leur set de quelques minutes. Ils le prennent bien, papotent avec le public et enchaînent pour proposer une belle prestation et les morceaux qui plairont le plus au public.
En effet, nous aurons droit à des grands classiques comme "No Pity For a Coward", "You Only Live Once" ou encore "Disengage" qui raviront les fans les plus assidus. Le groupe, en particulier son chanteur, transmet vraiment une bonne humeur, une belle énergie qui fait plaisir à voir. Ils sont ravis d’être là, composent avec les problèmes techniques et apprécient l’engagement du public. Eddie Hermida fait quand même remarquer que le public est très énervé ce soir, pas très obéissant voir clairement cinglé par moment. Et il n’a pas tout à fait tort, vu le manque de bienveillance dans le pit... L’ingé-lumière s’est apaisé et on peut enfin profiter du set sans usage excessif de stroboscopes. Les membres de SUICIDE SILENCE vivent à fond leur musique et sont très énergiques et mobiles sur la scène. La batterie est impressionnante et le son est très propre. On profite des morceaux et ils n’hésitent pas à faire participer le public. Prestation plus que réussie !

Une dernière petite pause et LIONHEART s’installe sur scène. Leur scénographie est assez travaillée entre des couleurs plus vives, un décor à l’ambiance très street, des barils, etc. LIONHEART c’est un hardcore beatdown redoutablement efficace qui assume les clichés, l’ambiance west-coast et un son moderne et puissant. Pas de thrash, pas de old-school avec eux. C’est brut, c’est net, c’est tranchant et c’est lourd. Je les avais trouvés très bons à la Machine du Moulin Rouge, ils ne m’ont pas déçue ce soir non plus.
Pas de temps mort avec eux, ça enchaîne les morceaux sans traîner, efficaces, avec un groove qui motive le public. Le chanteur, Rob Watson, ne communique pas énormément je trouve mais est un peu plus disposé à laisser le public grimper sur scène pour se jeter dans le pit, par rapport à la dernière fois que je les ai vus. Ça contraste légèrement avec la bonne humeur de SUICIDE SILENCE. LIONHEART propose un set riche avec des sons de tous les albums et des reprises vraiment sympathiques de LIMP BIZKIT ou des BEASTIE BOYS. On alterne entre classiques et gros singles, et morceaux plus anciens. Il y a de quoi plaire à tout le monde. Ils font le show, circulent énormément sur scène et cela est vraiment au service de leur prestation. Niveau son, rien à redire non plus, on profite bien des morceaux, c’est propre et efficace. Le chant de Rob, un scream typé hardcore américain, ne faiblit jamais.

Malgré cette excellente prestation, il devient difficile de profiter du concert au vu de l’agitation et de l’ambiance dans le public. On n’est plus du tout sur l’énergie débordante mais bienveillante que j’observe avec amusement dans les concerts de hardcore habituellement. Les gens ne s’aident pas et ne font plus attention aux autres. Je vois des personnes s’embrouiller et se frapper, un autre pousser délibérément et violement une jeune femme dans le pit alors qu’elle restait volontairement en retrait et qu’elle lui demandait d’arrêter. Il y a une ambiance assez désagréable, plutôt hostile dans le public que je n’avais pas vue depuis un moment, qui tranche complètement avec le précédent concert de LIONHEART auquel j’avais assisté.

Est-ce que c’est une question de public pas vraiment éduqué aux règles du respect dans le pit ? Est-ce que cela vient du mélange de fans hardcore et deathcore, ou encore de la conformation de la salle ? Ou bien faut-il systématiquement que les groupes rappellent qu’il est indispensable de faire attention aux autres dans le pit pendant le concert, comme le fait d’ailleurs régulièrement GET THE SHOT en live, qui était en première partie de LIONHEART à la Machine du Moulin Rouge ?

C’était une date incroyable sur le plan musical. Quatre excellents groupes, un super son, des prestations toutes plus réussies les unes que les autres et une énergie folle. Je suis vraiment ravie d’avoir vu ces quatre là ensemble, toujours aussi fan de PALEFACE et très contente d’avoir ajouté SUICIDE SILENCE à ma liste d’artistes vus en concert. J’attendais cette date avec impatience depuis son annonce et je suis vraiment contente d’avoir pu la couvrir et d’avoir pris des photos de ces artistes que j’adore. Je suis un peu moins fan de la salle et surtout un peu déçue du choix des lumières sur les deux premiers sets qui a empêché de profiter comme il se doit de PALEFACE et KUBLAI KHAN. Un peu dommage également que les petits soucis techniques aient amputé le set de SUICIDE SILENCE de précieuses minutes, mais ils ont admirablement bien géré.

Cependant franchement déçue de l’attitude du public et de l’ambiance générale dans le pit, ça a clairement nuit à l’expérience. Il est normal qu’un pit soit un pit avec tout ce que cela implique d’énergie, de mouvement et de coups involontaires. Il est normal que ça pousse, que ça s’agite et que ça saute, mais tant que ça reste bienveillant et respectueux. Il faut absolument respecter les limites des personnes autour et en particulier celles qui choisissent de rester à l’écart, ne pas porter volontairement des coups, relever ceux qui tombent et s’assurer que les personnes autour de nous ne soient pas malmenées. Je peux vous assurer que le public de la Bellevilloise était par exemple capable de réserver une place dans le pit à une personne en fauteuil roulant pour lui permettre de profiter d’un concert de hardcore sans jamais lui faire risquer quoi que ce soit, tout en profitant avec une formidable énergie du concert.
Soyons bienveillants et faisons de nos scènes core des lieux plus inclusifs et respectueux !

Blogger : Amandine Moonbaast
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