26 mars 2019, 19:38

NOSTROMO

• Interview Jérome & Lad

Blogger : Clément
par Clément

C'est sous un format duo avec Jérôme (guitare) et Lad (basse) au bout du fil que nous avons pu prendre quelques nouvelles des Suisses NOSTROMO à quelques heures de la sortie d'un nouvel EP, « Narrenschiff »​ (le 8 mars), qui marque définitivement le retour du groupe aux affaires. Il ne lui faut ici qu'une vingtaine de minutes et six morceaux puissants et maîtrisés pour mettre les choses au clair. NOSTROMO montre qu'il reste, plus de vingt ans après ses premiers ébats discographiques, une valeur sûre pour qui recherche une bonne dose de brutalité et d'efficacité. Toujours délivrées avec la légendaire précision helvétique... et le sourire en sus !


Salut, comment vous sentez-vous à quelques heures de la sortie de « Narrenschiff » ?
Jérôme :
Salut Clément. Nous nous sentons bien, très bien même ! C'est un sentiment de fierté et d'aboutissement qui nous anime avec la sortie de cet album, d'autant plus qu'il aurait dû voir le jour il y a un an déjà. Le tenir là dans nos mains et prêt à sortir un peu partout, ça fait d'autant plus chaud au coeur !

Tu parles d'un album, doit-on le considérer comme tel au vu de sa durée ?
Jérôme :
Oui, c'est bien un album ! Mais un album de grindcore (rires) ! Non, plus sérieusement, c'est un EP en effet et du haut de ses vingt minutes il fera bonne figure dans n'importe quelle discothèque de fan du style, pour sûr.
Lad : J'ai envie de dire que le format nous importe peu, ce sont bien là six titres qui signent notre retour aux affaires... NOSTROMO est vivant !

Dix-sept années séparent « Narrenschiff » de « Ecce Lex », votre dernier album "metal" en date, quel regard portez-vous sur celui-ci aujourd'hui ?
Lad :
Nous l'apprécions toujours autant, il n'a pas vieilli ou plutôt, il a bien vieilli...comme nous d'ailleurs (rires) ! La production signée Mieszko Talarczyk (guitariste du groupe NASUM, décédé lors du Tsunami du 26 décembre 2004) y est pour beaucoup, nous n'avions jamais sonné aussi fort et massif que sur cet album grâce à lui !
Jérôme : Cet album illustre parfaitement l'importance du mot "riff" pour NOSTROMO ! Nous en reparlerons...

En parlant de riff, le double-album paru dans la foulée, « Hysteron-Proteron », avait fait pas mal parler de lui aussi avec son approche 100 % acoustique. Qu'est ce qui avait motivé cette approche originale ?
Jérôme :
Pas grand-chose à vrai dire ! En fait c'était plus un challenge, un défi qu'Eric Linder (programmateur du Festival de la Bâtie à Genève) nous avait proposé de relever en live à l'époque. Interpréter certaines de nos compositions en acoustique : une bien drôle d'idée que voilà !
Lad : Même si nous n'étions pas plus emballés que cela au début, nous nous sommes lancés dans l'aventure et puis finalement cela s'est révélé concluant. Le plus dur était de laisser nos influences brutales de côté mais cela s'est fait assez naturellement. Le résultat était bien là.

Deux ans plus tard, c'est le split... que s'est-il passé pendant ces dix longues années de pause ?
Jérôme :
Tout le monde a continué à jouer de la musique, chacun dans une direction différente. Lad, par exemple, est un professionnel de la musique électronique qui a monté son studio en tant qu'ingénieur du son : c'est son boulot d'ailleurs !
Lad : je confirme !
Jérôme : Javier (basse) de son côté est parti jouer avec ELIZABETH et moi j'ai repris du service avec MUMAKIL...finalement cela n'a pas été bien compliqué de se rappeler pour jouer à nouveau ensemble puisqu'aucun d'entre nous n'avait tourné la page musicale pendant ces dix années de break.

La reformation était donc une évidence...
Lad :
Pas forcément. Mais il faut avoir à l'esprit que j'ai quand même continué à gratouiller pendant ce temps-là sans m'investir dans un groupe, je n'ai donc jamais été inactif. En fait, si j'ai joué avec KRUGER mais cela ne compte pas (rires) ! Et lorsque nous nous sommes retrouvés et bien le truc était toujours là...
Jérôme : C'est un peu comme le vélo : jouer avec NOSTROMO ça ne s'oublie pas ! Enfin normalement...et le feeling entre nous était toujours présent alors cela devenait une évidence de refaire à nouveau un bout de route ensemble.
 

"Cela aurait été aussi dommage de refuser une telle opportunité : partager la scène avec GOJIRA, ça en jette non pour un comeback ?" - Jérôme / NOSTROMO



Une évidence.. comme cette tournée avec GOJIRA effectuée dans la foulée de votre réunion ?
Jérôme :
C'était la cerise sur la gâteau. Les gens nous attendaient et c'était juste magique de sentir cette attente, de se dire que NOSTROMO signifiait encore quelque chose pour certaines personnes. Cela aurait été aussi dommage de refuser une telle opportunité : partager la scène avec GOJIRA, ça en jette non pour un comeback ?
Lad : Il m'a fallu plus d'un an pour comprendre ce qu'il était en train de se passer pour nous. J'étais plutôt dans une logique de "On va se faire deux-trois squats" là comme ça, entre nous et j'en ai eu pour mes frais puisque nous sommes passés tout d'un coup en mode "Tournée des grands ducs" .
Jérôme : nous n'avions jamais connu une telle situation, nous avons eu une chance inouïe !

Vous vous retrouvez l'année suivante pour enregistrer un très court EP,  « Uraeus »...
Jérôme :
Oui, mais à la base ce n'est pas tout à fait ce qui était prévu. En fait il y a même un décrochage d'une année puisque c'était "Narrenschiff" que l'on aurait dû sortir à ce moment là ! Mais ça ne l'a pas fait, pour plein de raisons. Heureusement que Kevin Folley était là pour nous filer un coup de main sur l'enregistrement de la batterie, il fallait que nous puissions proposer quelque chose de neuf malgré tout...
Lad : Nous avons pris un an de retard sur le planning ... mais nous en avons vu d'autres !

Cette mise en bouche comportait une nouvelle composition et une reprise de Nasum, le morceau "Corrosion"...
Jérôme : Le choix de la reprise était très simple : c'est l'un de nos morceaux préférés de ce groupe ! Mais il y a aussi une anecdote derrière ce choix : lors de la dernière date de notre tournée avec NAPALM DEATH et NASUM, nous avons décidé de réserver une petite surprise à ces derniers. Nous avons donc débarqué presqu'à poil sur scène alors que le groupe était en train de jouer ce morceau. Je te laisse imaginer leur réaction...

« Narrenschiff » lui marque le retour d'un groupe remonté comme jamais !
Lad :
Oui, c'est exact mais il marque aussi le retour à une certaine technicité et l'arrivée de Max derrière les fûts n'y est pas étrangère. Grâce à lui, NOSTROMO a encore gagné en puissance, en précision et en technique.
Jérôme : Cela va plus vite aussi au sein du groupe pour la compréhension des choses, la structuration des morceaux. La technique est bien là, oui, mais je pense que c'est surtout l'énergie, l'envie de faire bien qui est aujourd'hui notre principal carburant.

« Narrenschiff » : la "Nef des fous" qui marque comme le début d'un nouveau cycle pour vous...
Jérôme : Nouveau cycle, fin de cycle, je ne sais pas en fait. Tout dépend quel regard tu portes sur les choses. La fin du cycle 2004-2006 et de la première aventure ? A moins que ce ne soit le début d'un nouveau cycle avec ces deux dernières années où nous avons dû composer avec des soucis de personnel, encaisser des choses qui font mal au coeur ? Ce qui est sûr c'est que l'album pue l'urgence et en cela il est un peu le reflet de ces deux dernières années.
Lad : Le principal, au final, c'est qu'il dépote sévère non ?

Oui, pour un format court, ça dépote bien entendu !
Lad :
Bordel c'est un album de grind ! On a pas de temps à perdre : NOSTROMO est de retour, il faut que ça se sache et vite !

"Septentrion" est quant à lui un morceau qui dénote avec ses dissonances et ses rythmiques plus lentes...
Jérôme :
C'est un morceau en effet un peu spécial, il y a déjà deux ans que nous travaillons dessus ! Il dénote parce qu'il va moins vite peut-être mais il n'en reste pas puissant pour autant. La coloration des morceaux sur lesquels nous avons travaillé à notre retour était plus orientée "blast beat" mais comme rien ne n'est passé comme prévu et bien, sans y penser et influencer les choses, "Septentrion" est sorti de nos méninges. Comme ça, comme une espèce de fresque, aux ton variés, moins rentre dedans que le reste de l'album.
Lad : Plein de genres différents se bousculent sur ce morceau, il est surprenant et je crois bien que c'est pour cela que je l'aime beaucoup aussi ! Il apporte au final une certaine unité, une cohérence à cet EP, sa place est donc justifiée.

"Unité", un terme à l'image du NOSTROMO 2019 finalement...
Jérôme :
Il y a de ça oui, "Puissance" je dirais aussi. Ah...et "Riffs" ! Moi, je suis un amateur de riffs, le metal c'est bien une histoire de riffs avant tout, non ? Et sans passer pour un vieux chieur, ça manque de riffs sur ce que j'ai pu entendre dernièrement en matière de metal ! Il y a une tendance à tout vouloir mettre sur la production : il faut sentir les colonnes vibrer, faire des rendus très forts mais tout cela se fait au détriment de vrais compositions, d'un son un peu "old school". Tiens, j'adore les premiers CARCASS et MORBID ANGEL par exemple : il y a dessus un son oui mais aussi des riffs, une attitude, un concept et tout ça manque cruellement, aujourd'hui...
Lad : Cela manque de tripes quoi !
Jérôme : Je ne veux pas généraliser non plus parce que derrière ça pousse aussi ! il y a toute une génération de jeunes musiciens qui possèdent une technique de fou furieux et un mental de malade mais ceux qui vont réussir seront ceux qui mettront leur talent au service du rock'n'roll et pas de la simple démonstration ! Le petit plus peut se faire aussi au niveau des arrangements où il ne faut pas trop charger la mule au risque de perdre l'auditeur, qu'il ne sache plus où donner de la tête.

Comme retrouver une certaine forme de simplicité donc ?
Jérôme :
Je ne sais pas si c'est de la simplicité, je dirais plutôt du bon sens. Si tu as 2-3 bonnes idées de mélodies, de riffs : c'est parti et tu fais ton morceau. Et si tu as 30 bonnes idées, et bien tu as ton album ! C'est pas bien compliqué en fait...

Du bon sens, comme cette tournée qui tombe à point nommé !
Lad :
Ce n'est pas vraiment une tournée, ce sont plus quelques dates que nous avons calé à chaud en avril ainsi qu'un festival prévu cet été. C'est voulu, délibéré, nous voulons pas nous éparpiller puisqu'en ce moment nous sommes en train de travailler sur l'album. Et c'est bien là notre objectif : finaliser l'ensemble des compositions cette année et planifier une première session d'enregistrement en mai pour poser tout cela sur une démo avec Raphaël Bovey. Puis nous l'enverrons à quelques labels pour tester les réactions...
Jérôme : Qu'il y ait un label intéressé ou non, nous sortirons cet album ! Bon s'il y en a un, c'est mieux quand même (rires) !

Parlons "électronique" pour finir, même si cela ne transparaît pas dans votre musique, c'est quelque chose qui pourrait se greffer sur des compositions comme les vôtres ?
Lad :
Carrément ! Nous y avons déjà réfléchi mais c'est toujours à l'étude. Il faut faire attention parce que cela peut aussi vite être de mauvais gout, il faut que ça soit fait avec une certaine cohérence, je dirais presque de l'élégance...

Merci pour ces échanges, ces derniers mots seront les vôtres !
Jérôme :
J'ai juste envie de dire merci à tous ceux et celles qui nous suivent depuis le début et qui sont toujours là aujourd'hui, à venir aux concerts avec leurs gamins et qui passent une tête après pour prendre quelques nouvelles. C'est fabuleux de voir cet état d'esprit qui perdure toujours ! Et petit message pour ceux et celles qui nous découvrent : bonne chance !
Lad : On va vous péter les esgourdes (rires) !


Nostromogva.bandcamp.com


Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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