5 juin 2013, 14:50

"Pop Redemption"

Un film de Martin Le Gall 

Avec le black metal comme toile de fond, "Pop Redemption" suit un groupe underground durant ses dernières 48 heures, avec en point d'orgue, une prestation au Hellfest. Un buddy movie peinturluré sur le devenir des passions adolescentes et les choix de vie auxquels, il faut un jour faire face.

Intituler "Pop Redemption" un film sur le black metal, dont l'affiche reprend en outre la fameuse pochette du "Abbey Road" des BEATLES, version champêtre, aurait dû nous mettre la puce à l'oreille… C'est que le groupe dont on va suivre les péripéties, les DEAD MAKABÉS, la bonne trentaine et ensemble depuis quinze ans s'apprête justement à raccrocher et à lâcher la musique Chacun est pourvu d'enfants ou d'un job stable, sauf Alex (Julien Doré) leur chanteur qui lui, mange, boit et respire BM. Hormis…quand il s'occupe de sa grand-mère chez qui il vit et pour laquelle il est aux petits soins.


Mais à la suite d'un désistement, on les appelle pour jouer au Hellfest, et les DEAD MAKABÉS décident que ce concert d'adieu sera aussi celui de leur vie. Ce qui sera facile car même dans le genre underground qui est le leur, Alex, JP, Eric et Pascal n'ont jamais décroché -ou plutôt dépecé- la queue du mickey. Du coup, le groupe décide de donner un concert de rodage sur la route de Clisson, mais la mort accidentelle du patron du club, les voit changer de look…et de style musical pour sauver leur peau et leur show au Hellfest ! A ce propos, les scènes tournées lors de l'édition 2012 sonnent assez juste grâce au cadrage serré des quelques milliers de courageux restés sur le site le vendredi après les concerts pour faire la claque devant le groupe d'un soir. Reste que les true-believers du black metal tiqueront en voyant en quel folklore on réduit leurs croyances. Pensez-donc !

 

 

 


Dans "Pop Redemption", tout le monde est gentil et quand Alex aperçoit une église, ce n'est même pas pour la réduire en cendres. Tout se perd ma bonne dame, et Dead de MAYHEM doit s'en retourner dans sa tombe… Faute de dossier de presse disponible à la projo, on ignore la note d'intention du réalisateur, plutôt étranger au genre metal (mais bien secondé par quelques figures de la scène française pour tenter de sonner juste, Steeve et Karim de ZUUL FX entre autres). Mais on ne trouvera pas ici de propos sociologique appuyé, de prise de position militante ou de jugement sur le BM. On rit d'abord du quatuor peinturluré dans un quotidien qui ne suinte pas vraiment la haine et le satanisme. Mais Martin Le Gall délaisse vite les clichés sur le black, pour miser sur l'empathie avec ses personnages qui sous le corpse-paint ne sont après tout que des humains. Mention à Grégory Gadebois, le bassiste, acteur solide doublé ici d'un sosie de Marco Hietala de NIGHTWISH -en plus trapu- et fort crédible en papa poule fatigué des décibels. Julien Doré, peut-être un peu trop propret pour le rôle donne son maximum, mais l'accent de Montpellier quand on se réclame de BATHORY ou IMMORTAL, ça n'aide pas à effrayer le pékin ! "Pop Redemption", mi road-movie efficace, mi buddy-movie attachant est de ces films où l'on capte vite qu'au générique de fin la vie de ses protagonistes aura changé du tout au tout. Et que la page entre passion d'adolescence et passage de cap se devra d'être tournée. B(l)ack to reality pour résumer, mais sans jamais décoller des sentiers balisés de la grosse comédie d'ici, avec ses seconds rôles sympa et vus à la télé (Audrey Fleurot et Alexandre Astier).

 

 

 

 

 


C'est que la Gaumont -même en ayant revu son logo de manière "sanguinolente" pour l'occasion- a produit une comédie grand public et non une descente pointue sur les terres si caricaturées du BM. Alors si "Pop Redemption" nous offre quelques séquences live ("Ton esprit est mort, mort, mort", futur gimmick metal ?), ce qu'on aurait préféré c'est qu'il parte carrément "en live", style "les Monty Python meets Spinal Tap". D'autant qu'il n'est parfois pas loin d'un second degré jouissif.
Ainsi cette séquence délirante où Alex, déambule dans un champ de fraises en s'entraînant à l'exercice délicat de l'auto-interview : "Ce qu'on préfère surtout, c'est être libre. Par exemple, c'est pour ça que je fais mes courses le mardi. Il y a moins de monde".
Plus de lâchage de lest de la sorte aurait pu emmener le film dans une toute autre dimension.

Quant à la street-cred des DEAD MAKABÉS qui semble faire débat sur les forums spé, rappelons juste que ceci est un film, où des acteurs -c'est leur métier, eh oui !- jouent un rôle. Après, que Julien Doré soit ou non fan de metal...
Qu'il vienne ou non danser la chenille au Hellfest cet été, est un tout autre sujet.

 

 

Blogger : Guillaume B. Decherf
Au sujet de l'auteur
Guillaume B. Decherf
Fan de comédies romantiques avec Meg Ryan, grand lecteur de Sylvain & Sylvette, ancien scout et enfant de choeur qui carbure au coca zero et aux carambar...étrangement, je suis pourtant fan de metal depuis la même époque. Autrefois, les anciens appelaient ça du hard-rock. Et depuis, rien ne me motive plus que de me rendre en concert, prendre la température live de mes héros de naguère ou voir ce que donne la relève. Journaliste culture "tous terrains", j'ai au fil des ans et des titres où je suis passé, interviewé une grande part des groupes qui m'ont fait rêver -ou pas...mais peut-être que vous, ils vous font rêver- et je continue. Vous livrant ici, des interviews restées inédites ou dont seule une infime partie a été exploitée. Faut pas gâcher !
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