3 juillet 2014, 17:34

IRON MAIDEN + ALICE IN CHAINS + MASTODON + GHOST

@ Arras (Main Square Festival)

Disons le tout de suite, le Main Square est un festival généraliste qui cette année organise une soirée metal sur une seule scène, et avec quatre groupes seulement. Voilà, on est donc allés voir ce que ça donnait après de bons souvenirs de l'édition 2010 qui avait vu RAMMSTEIN et PEARL JAM en tête d'affiches de journées "généralistes".


Le site du Main Square est donc plutôt classique, arboré et sympa, mais sans déco à la Mad Max vs. The wild wild west comme cette année au Hellfest par exemple. Quant à l'ambiance… on est contents de se dire que l'on n'aura que quelques heures à supporter les soiffards brâmant une fois de plus qu'il faut libérer l'apéro. Moins de viande saoûle dans le Pas de Calais, qu'à Clisson d'ailleurs. Un début à 17h15, et vingt minutes de changement de plateau entre chaque groupe laissant peu de temps pour les libations. Les fans qui ont déboursé 60€ ont en général dans l'idée de voir IRON MAIDEN dans un état  relativement sobre. Et puis la moyenne d'âge est assez élevée, sauf pour ceux qui sont venus en famille. Restent quelques files indiennes de l'amicale des porteurs de ticheurts "merci qui, merci Jacquie & Michel", qui rescapés du Hellfest en remettent un coup pour l'ambiance pouët-pouët tagada. Beauferies vite oubliées grâce à la musique.

GHOST se limitera pour nous à quatre ou cinq titres, du fait de l'accès un peu longuet au site en arrivant sur les boulevards extérieurs d'Arras. Mais ce ne fut rien comparé à la sortie de la ville, au retour sur Paris… Seul petit coup de gueule, les deux "entrées public", conçues comme des goulets d'étranglement et manquant de personnel pour fouiller les fans qui du coup mettent une heure à rentrer sur le site. Nombre d'entre eux ayant ainsi raté GHOST… Pour les consoler on leur dira qu'un rituel célébré en plein jour, en plein soleil surtout, relève un peu de l'hérésie. Et que les Suédois ne disposaient que d'une méchante grosse demi-heure pour s'exprimer. Résultat, seuls deux titres d' "Infestissumam" sont conviés à la set-list dont le "Monstrance Clock" final, toujours aussi obsédant. GHOST s'est trouvé là un hymne de choix à ranger aux côtés des "Elizabeth", "Prime Mover" ou "Year Zero". Au chant et aux déambulations scéniques appuyées, Papa, pourtant peu mobile arrive à captiver le public -encore un peu dispersé- par son discours d'antipape inquiétant, à l'accent anglais traînant et déroutant, digne d'un octogénaire. Mais peut-être l'est-il vraiment ? Et ses braves goules font le boulot, suant certainement à grosses gouttes sur leurs intruments, toutes encapuchonnées qu'elles sont. Vite une tournée en tête d'affiche pour GHOST !


MASTODON n'est définitivement pas un groupe de festivals. Comme DREAM THEATER (et sûrement quelques autres mais j'ai la flemme de chercher), MASTODON est un groupe qui a besoin que le noir se fasse autour de lui. Déjà que le groupe souffre de ne pas avoir de frontman bien défini, si en plus il n'a ni lumières, ni proximité avec le public… Alors OK, Brann Dailor, fracasse tout de ses huit paires de bras, et chante de plus en plus et de mieux en mieux. Les guitaristes ont une vraie gueule et connaissent leur affaire. Mais Troy Sanders aussi doué qu'il soit manque de charisme. Des bassistes-chanteurs plantés comme des piquets, c'est pourtant pas ce qui manque : De Lemmy à Tom Araya ! Mais eux, dès qu'ils entrent en scène, on est saisis de petits frissons de plaisir. Là au bout d'un moment, on se demande juste s'il n'y aurait pas un bon petit stand de frites bio… De même un petit "Curl Of The Burl" n'aurait pas dépareillé et aurait pu faire, et chanter les fans, et tendre l'oreille aux néophytes, nombreux à glandouiller sur les pelouses ou à l'espace restauration, astucieusement gaulé, à la fraîche, sous la canopée et avec des bancs en nombre. Mais le groupe a joué en configuration "je présume que tous ces gens sont mes fans", faisant surtout bailler les non-convertis. Si sur disque MASTODON a trouvé son mojo, sur scène, surtout en festival on reste en seconde division. Dommage. Encore une fois, un festival n'est pas une convention où un groupe jouerait ses faces B à destination de ses fans les plus transis. En parlant d'eux, ajoutons que Relapse, leur label "historique" sortira une ré-edition remasterisée Deluxe de l'inaugural "Remission" le 4 août avec coffret qui va bien et tout… "Remission" dont aucun titre ne sera joué ce soir ou le lendemain à Paris (concert en indoor, déjà plus marquant), mais attendons la vraie tournée autour de "Once More 'Round The Sun" pour vraiment trancher quant au potentiel scénique de MASTO. A Arras, le quartet d'Atlanta avait d'ailleurs ajouté à sa set-list "Chimes At Midnight" comme 3e extrait de ce disque grandiose.


Que dire ensuite sur les radiations de bonheur qui nous ont enveloppées à l'arrivée d'ALICE IN CHAINS sur le mantra psyché introduisant "Them Bones" pour ne plus nous lâcher jusqu'à la fin de "Rooster". On les attendait depuis le fantastique Bataclan de 2010. On n'a pas été déçus ! Quand bien même, on avait le soleil en plein tête côté droit, il nous fallait notre ration de grunge à guitares lancinantes. Les voix hallucinantes, mêlées ou non de William DuVall et Jerry Cantrell, alliées à un son de guitare plus que correct pour du plein air. Mike Inez à la basse qui abat un gros boulot sans y toucher et le pulse de la batterie qui enveloppe le tout.  Et, et… enfin l'occasion d'entendre "Stone" et "Hollow", tirés du précieux "The Devil Put Dinosaurs Here". Mais quelle misère qu'ALICE en soit réduite à écumer les festivals à des places pas toujours dignes de son rang et ne puisse venir tourner en tête d'affiche, plus d'un an après la sortie de l'album. Très bon show en tous cas, panachant habilement les différents albums du quatuor, même si "Dirt" avec quatre extraits se taille toujours la part du lion. Voilà un groupe qui a l'air plutôt content de jouer ensemble et pas juste côté à côte (SOUNDGARDEN quelqu'un ?) Et DuVall, sobre mais pro n'abîme en rien la mémoire du défunt Layne Staley, mort en 2002, mais déjà alors physiquement et mentalement si loin d'un groupe avec qui il n'avait plus tourné depuis 1996… Peu importe que Cantrell, le redneck grunge ait taillé dans sa crinière de lion, de par sa rareté en live et le réel bon niveau discographique de sa seconde carrière, ALICE IN CHAINS était la réelle excitation de la soirée !

 


A propos d'excitation, il s'agissait du 40e concert d'IRON MAIDEN ce soir pour votre bien dévoué...  L'assurance de savoir qu'on passera par de bons moments et d'autres un peu plus chiants, plus téléguidés. MAIDEN étant au fil des ans, devenu un blockbuster metôl, méchamment prévisible. Les surprises se dévoilent le premier soir avec l'apparition de la set-list de la tournée à venir. Et puis plus rien jusqu'à la fin. Avec des concerts un peu en pilotage automatique pour filer la métaphore aérienne, ce qui plaira sûrement à Bruce Dickinson. Attention, on n'a pas dit que ce n'était pas bon, c'est même plutôt excellent. Et revoir les tentures se succédant en fond de scène comme autant de souvenirs d'heures passées à détailler leurs pochettes 80's nous fait un bien fou. C'est juste que parfois, à voir et revoir le même groupe on espérerait un coup de folie subit, des changements de titres de dernière minute. Des vieilleries autres que celles qu'ils jouent alternativement depuis 15 ans lors de leurs tournées vieilleries (au hasard "Purgatory", "Flight Of Icarus", "Flash Of The Blade" ou "Stranger In a Strange Land"…).

Reste la classe d'Adrian Smith, et les frissons qui nous saisissent devant son jeu, dès l'entame de "Moonchild", enchaîné avec "Can I Play With Madness". Comme sur le solo de "The Prisoner" ou l'intro de "Wasted Years" qui voit toute la Citadelle jumper et frapper dans ses mains. Pas à dire, la set-list 2013/2014 met en valeur les compos du second compositeur du groupe qui aurait sûrement gagné à l'ouvrir un peu plus pour s'imposer au fil des ans. Mais telle n'est pas sa nature...  Quant au "développé" de "7th Son", titre pas joué depuis 1988 au mitan réellement prog et pourtant fascinant, il s'avère réellement impressionnant en live.  De même que "Phantom Of The Opera", premier titre épique de Monsieur Harris, et seul rescapé de l'ère Di'Anno. Bruce lui s'en donne à cœur joie, avec pour une fois, une paire de pantalons dignes de ce nom ! Le gaillard arpente la scène en haranguant les 20 000 fans présents en français. Sur la seconde partie de "7th Son" alors que la scène est envahie par le magnifique décor intérieur de l'album référence de 1988,  le sieur Dickinson ré-émerge de derrière avec une étrange coupe à la -M-  (oui, oui Mathieu Chedid !)  avant d'opter pour les lunettes de pilote sur "Ace's High", premier titre du rappel. Steve Harris et Dave Murray sont bien présents aussi, même si les écrans font la part belle à Mister Smith, (un peu plus frais il faut dire…). Nicko se pointera sous les spots pour son habituelle distribution de  baguettes et de peau de grosse caisse volantes à la fin. Quant à Janick Gers… aussi affable puisse-t'il être hors-scène, il n'a vraiment rien à faire dans une histoire qui, plus les années passent, s'écrit  majoritairement au passé. Sa présence sur le revival d'une tournée où il n'appartenait pas au groupe est même limite gênante, tant il est juste là pour  faire le zouave, ne jouant que le solo de "Fear Of The Dark". Sur l'ensemble sinon, sans trop forcer son talent, IRON MAIDEN a convaincu en 1h35 tout mouillé. Même s'il aurait pu rajouter un petit "Wratchild" joué lors de ses premières sorties estivales 2014 ou un "Die With Your Boots On" de bon aloi. Ce n'est pas demander la lune, d'autant qu'il y a longtemps qu'on a cessé d'espérer un "To Tame a Land" ou un "Alexander The Great" (même en Grèce, ils ne le jouent pas alors dans l'Artois, tu penses…). Mais comme dit plus-haut, ce qu'il y a de bien avec MAIDEN, c'est qu'on se met définitivement à l'abri des surprises. Parfait pour les fans prenant de l'âge et sujets à des soucis cardiaques !

C'est qu'en 2014, un concert d'IRON MAIDEN est devenu, un choix de "bon père de famille", tel un placement sûr à la banque C'est bien, c'est rassurant, on a son gilet jaune, son baudrier et on ne risque jamais de chuter. En même temps quand on est, hélas, un vrai fan du groupe, on s'emmerde parfois disons-le à revivre éternellement les mêmes titres. Et quand le groupe décidé de nous faire l'option intégrale, en 2010, c'est pour piocher leur récent "A Matter Of Life And Death". Eprouvant pour les fans… Parfois on se demande s'il ne serait pas plus sage de vénérer METALLICA tiens. Quoique non en fait. Plus depuis qu'on a lu les choix de leurs "fans", plus risibles de date en date pour leur récente tournée  "by request". Mais je m'égare. Du moins METALLICA fait-il généralement tourner ses set-lists tel Patrick Sébastien les serviettes… pour ce que ça peut bien vouloir dire. La chaleur estivale étant enfin là, débrouillez-vous avec ça. Quant à moi, je me souhaite égoïstement de vivre un jour un concert d'IRON MAIDEN en mode austérité protestante. Sans tout le tralala, sans Eddie, sans tentures, ni flammes ni fumigènes. Juste cinq mecs qui donneraient tout ce qu'ils ont en enquillant de super-vieux titres rarissimes à la scène une dernière fois. Pourquoi pas à l'Olympia ?


(Photo © Hard Force / Lilian Ginet & Fred Moocher - DR)

Blogger : Guillaume B. Decherf
Au sujet de l'auteur
Guillaume B. Decherf
Fan de comédies romantiques avec Meg Ryan, grand lecteur de Sylvain & Sylvette, ancien scout et enfant de choeur qui carbure au coca zero et aux carambar...étrangement, je suis pourtant fan de metal depuis la même époque. Autrefois, les anciens appelaient ça du hard-rock. Et depuis, rien ne me motive plus que de me rendre en concert, prendre la température live de mes héros de naguère ou voir ce que donne la relève. Journaliste culture "tous terrains", j'ai au fil des ans et des titres où je suis passé, interviewé une grande part des groupes qui m'ont fait rêver -ou pas...mais peut-être que vous, ils vous font rêver- et je continue. Vous livrant ici, des interviews restées inédites ou dont seule une infime partie a été exploitée. Faut pas gâcher !
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK