26 mars 2014, 2:40

STATUS QUO @ Paris (Palais des Sports)

QUOmme ci, QUOmme ça…

Continuant notre série de concerts, "meilleurs vieux" en cours depuis à présent trois ou quatre ans, on a décidé d'assister au retour du QUO et de son classique line-up 70's, que l'on n'a personnellement connu qu'en photo, et bien plus tard.
Au vu de témoignages parfois disparates sur la première salve de concerts réservés à l'Angleterre en 2013, on se rend au Palais des Sports en nourrissant quelques réserves. Du moins la salle possède-elle le net avantage de n'être qu'à 1500 m de la maison…N'empêche, on aura un peu tergiversé vu que FIVE FINGER DEATH PUNCH qui sent déjà moins le catafalque passait le même soir au Bataclan. Mais, ayant vu plusieurs fois le QUO avec plaisir en mode Rossi/Parfitt aux commandes, on tente quand même l'option "Etre et avoir été?" Et faut-il vraiment comparer deux concerts identiques d'un même groupe à trente ans d'intervalle? Vous avez 4 heures ! Pour la toute dernière fois, tou-toute dernière fois si l'on en croit les déclarations du groupe.

Quel meilleur moyen de se sentir rajeunir que d'aller voir le QUO en concert ? Surtout en version Frantic Four, au repos forcé depuis 30 ans mais que Francis Rossi & Rick Parfitt décidèrent de tirer de son sommeil en 2012. Welcome back donc aux autres 50% de composants originels: le batteur John Coughlan 67 ans (parti en 82) et le bassiste/vocaliste Alan Lancaster 65 ans (exit en 85). La date de Paris est la dernière d'une poignée de concerts sur le continent, et, depuis l'an passé, les chansons ont eu le temps de se voir remettre de l'huile dans les rouages, d'être passées à l'O'Cedar dépoussiérant, et de voir s'estomper l'odeur de naphtaline. En bref, les quatre étaient en place, en rythme -fondamental le rythme chez le QUO- chacun son métier et le boogie sera bien gardé. Même s'il convient de préciser qu' 1h25 de show, c'est un peu court messieurs. Après, s'il n'y eut rien à déplorer, soyons honnêtes, on n'a pas touché là a un morceau de la vraie croix du Christ, pas atteint de nouveau Graal, ni d'une envie subite d'être né en 1955 pour avoir été là aux débuts. Juste content d'avoir satisfait notre côté voyeur ès- seniors du rock. Car ce qui pêche un peu à notre humble avis, c'est une set-list pas forcément ultra équilibrée ou très représentative de l'ère 1968 à 1982, mais nous y reviendrons.

Du haut des travées du Palais des Sports, ce sont modestement 40 ans plutôt que 40 siècles qui nous contemplent en la personne des ombres des musiciens sur la pochette de « Hello ». Mais tout de même, on sent la petite page d'histoire, même sans les pyramides… A 21h le noir se fait, le public hulule de plaisir et l'entrée en matière consiste en l'intro du live enregistré à Glasgow fin 76, accent écossais bien épais compris ! Hormis "Don't Waste My Time", ce disque, charpente de la tournée est repris quasiment titre à titre ce soir. Et Francis Rossi, éternel ludion sur qui les années n'ont pas de prise évaluera sa sortie à "1905" avant d'ajouter qu' « ils devaient être là mais que bon, ils ne s'en souviennent pas ». Le public tassé dans la mini fosse, devant les premiers rangs semblait bien s'en souvenir lui, et n'avait qu'une envie: remettre ça. Ça tombe bien : « Le groupe est content d'être à Paris, enfin certains d'entre nous le sont », reprend un Rossi toujours hâbleur. Même s'il a un peu ralenti le robinet à vannes depuis plusieurs tournées, ses interventions courtes et ciblées font toujours mouche. Le garçon a peut-être bien raté une carrière dans le stand-up, tics compris (se gratter le bras, remonter sa manchette…). Pour liquider le rayon humour, ajoutons que l'italo-anglais ajoutera qu'il est « ce soir la plus jeune personne sur scène ». Et, frottant sa récente barbe grise -très courte- qu'il a « enfin muri ». A 64 ans, est-il bien encore temps ? En tous cas, sans coquetterie scénique, -triangles lumineux derrière un mur de Marshall apparent, à l'ancienne- le groupe n'est pas là pour amuser le terrain et l'entame de show voit Alan Lancaster enchaîner trois titres au chant, "Junior's Wailing" une reprise de STEAMHAMMER, puis la doublette siamoise issue de « Quo », "Just Take Me" / "Backwater" qui fait toujours son petit effet. D'autant qu'à la fin les porteurs d'instruments à cordes se rapprochent et y vont de leur petite rifferie tous en ligne comme pour un square dance. "Is There a Better Way" qui suit, ne casse pas trois pattes à un canard, et la semi-ballade "Most of the Time" est un peu poussive, mais la set-list comme lors d'une entrevue diplomatique ne se doit-elle pas avant tout de respecter un certain équilibre ? "Blue Eyed Lady" suivra et l'on se rendra compte que Rick Parfitt semble un peu se mettre en retrait sur cette tournée au bénéfice de son ancien bassiste, trop content d'être là et n'en finissant pas de saluer. Jusqu'à ce que déboule "Rain", un des meilleurs titres de mister Parfitt qui nous décolle enfin d'un siège pour le coup devenu éjectable. Ce riff imparable tombe à pic, car ça sent un peu le vieux garçon qui se néglige près de moi. Et plus je m'éloigne dans la rangée, plus mon geek à lunettes-ennemi de la savonnette se rapproche. Comme je n'ai guère envie de tenter le pas de deux avec ce monsieur, je file me poster direct dans l'allée centrale au 10ème rang. La vue est imprenable et l'air plus respirable (voilà ce que c'est que d'avoir les naseaux sensibles).

Suivront "(April) Spring, Summer and Wedenesdays", tandis que le clan des chemises blanches ne lâche rien : John Coghlan en surplomb suit l'affaire de près, et Rossi entonne de toujours entraînants « na-nanana-nanana ». Le chaloupé "Railroad", doyen de la set- list (1968) est une bonne surprise, puis arrive "Oh Baby", titre que j'ignorais comme quelques autres ce soir et qui est vraiment bon, monté sur des tempi saccadés comme je les aime. Le concert en est déjà à deux bons-tiers que Rossi salue les "nombreux Lancaster" présents aux premiers rangs parisiens, et venus soutenir Alan sur la présentation de "4500 Times". Un titre qui verra encore se former devant l'estrade de batterie, cette petite formation dite "en triangle" et brevetée par le groupe il y a 40 ans d'ici. Un peu comme les pionniers de la Conquête de l'Ouest formaient/fermaient le cercle avec leurs chariots en fait. L'Ouest tiens, parlons-en: le QUO ne l'a jamais vraiment conquis, les USA n'ayant jamais vraiment tapé de la converse sur leurs douze mesures universelles. Pas grave, l'Europe leur suffit et ce soir à Paris, voilà Rick Parfitt qui vient fixer Alan Lancaster dans les yeux, sans que le bassiste ne cille ni ne recule. Stoïque malgré les 15 bons centimètres qu'il rend à ses camarades. "4500 Times" mute finalement en un "Gotta Go Home" aux faux airs de "Race With the Devil", sublime one hit wonder signé THE GUN en 1968. (checkez-moi ça sur YouTube si besoin, vous m'en direz des nouvelles). Suivront l'un peu longuette "Big Fat Mama" sur laquelle Rick Parfitt s'égosille quelque peu, suivie de l'heureusement inusable et réellement fringante "Down Down", mon premier souvenir avec le QUO, sur les ondes de RTL vers 1983… On peut se diriger vers un "Roadhouse Blues" qui voit Lancaster reprendre le micro et qui, personnellement ne me fait guère dresser les poils mais fait saliver le public. Peut-être l'impression de se payer un bout des Doors pour le même prix?

Sonne déjà le rappel, lorsqu'un jeunot à peine duveteux, -doit sortir avec une Milf çuilà !- me dépasse soudain, filant s'encanailler sur "Caroline" qui vrombit à une place inhabituelle dans la set-list et seul bonus par rapport à 2013. Avant le traditionnel "Bye bye Johnny" de Chuck Berry pour dire, ben "bye-bye", sans trop s'attarder. Quelques sifflets fuseront devant ce départ un peu hâtif du groupe pour des places comprises entre 60 et 80€. Est-ce vraiment un retour légendaire auquel nous avons assisté. Me thinks not. (je vous le fais en anglais, ça m'évitera peut-être de me faire égorger) D'autant que j'ai l'impression mi-chèvre-mi-chou d'avoir assisté au concert d'un groupe pourtant bien connu mais que je n'ai pas forcément reconnu. STATUS QUO ne jouant clairement pas la carte des hits de sa grande époque, mais celle des riffs, des morceaux qui font taper du pied les ingambes et se lever les paralytiques et parfois aussi tape carrément dans la série B de son répertoire, pour fans ultimes only... tout en négligeant les années 78 à 82 où le quatuor était encore au complet. Un peu étrange… Au rayon des disparus, "Hold You Back", "Paper Plane", "Again and Again", "Whatever You Want" ou encore "Softer Ride" et "Mystery Song" seront pleurés à chaudes larmes, mais toutefois sans chrysanthèmes: le QUO ayant d'ores et déjà réintégrés les quatre premières dans sa version quintet, celle que vous verrez au Hellfest.

Au merch, une jeune femme au look apprêté assez loin du denim/ticheurt, et visiblement pressée d'en finir, somme son ami plus d'époque d'acheter "son catalogue" et basta. Je la reprends me disant qu'il n'est jamais trop tard pour savoir ce qu'est un programme. Tiré d'affaire, il me dit que j'ai bien raison de préciser, tandis qu'elle sourit, un peu gênée. Puis tandis que j'hésite devant un pin's à 5€, un très vieux flash me rappelle que j'ai dû avoir un petit badge du QUO ou au moins un autocollant de même taille à appliquer sur une vieille veste sans manches tout môme… et je ne suis visiblement pas le seul coincé dans ma faille spatio-temporelle. Car à l'extérieur de très anciens fans se demandent si le groupe a tourné depuis 85 et avec quel bassiste… En parlant de bassiste, j'avoue que la vue de Lancaster, souffrant de sclérose en plaques et épaulé par deux roadies au moment de quitter la scène me laisse un goût bizarre. Mais bon, je ferai peut-être moins le malin à 65 ans, si Parkinson m'empêche de rouler un joint décemment et que la tremblote me fait renverser la moitié du mélange sur la moquette. Mais pour l'instant je m'en moque et je me moque. Reste qu'au final, j'ai l'impression d'avoir assisté à un spectacle bien éclairé, bien chauffé -s'agirait pas non plus de décimer les spectateurs! - mais manquant un poil de folie, de spontanéité. Les automatismes du passé ne reviennent pas forcément au galop. Et ces dates du Frantic Four étaient si l'on en croit les interviews de Rossi à ce sujet, autant l'occasion de plaire aux vieux fans en déterrant de vieux trucs, que celle de redonner à Lancaster sa place de bassiste/chanteur. D'où la set-list tricéphale, chacun des chanteurs du Frantic Four représentant un pied du tabouret sur lequel est assis John Coghlan. En ce sens, l'édifice a tenu.

Blogger : Guillaume B. Decherf
Au sujet de l'auteur
Guillaume B. Decherf
Fan de comédies romantiques avec Meg Ryan, grand lecteur de Sylvain & Sylvette, ancien scout et enfant de choeur qui carbure au coca zero et aux carambar...étrangement, je suis pourtant fan de metal depuis la même époque. Autrefois, les anciens appelaient ça du hard-rock. Et depuis, rien ne me motive plus que de me rendre en concert, prendre la température live de mes héros de naguère ou voir ce que donne la relève. Journaliste culture "tous terrains", j'ai au fil des ans et des titres où je suis passé, interviewé une grande part des groupes qui m'ont fait rêver -ou pas...mais peut-être que vous, ils vous font rêver- et je continue. Vous livrant ici, des interviews restées inédites ou dont seule une infime partie a été exploitée. Faut pas gâcher !
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