9 février 2014, 15:55

NASHVILLE PUSSY + ESPERIT! @ Toulouse (Connexion Live)

NASHVILLE PUSSY fait partie de ces groupes américains qui ne délaissent pas la France. Certes, nous n'avons pas affaire ici à une super machine abonnée aux stades mais quand même. Nombreux sont ceux qui considèrent le pays de Gainsbourg comme mineur d'un point de vue purement Rock and Roll, ou qui se contentent de visiter la capitale sans prendre la peine de descendre en province. Une situation qui a néanmoins un poil évolué depuis la crise du disque qui a poussé de gros artistes à revenir dans le sud, à l'instar d'Alice Cooper ou des GUNS N' ROSES. Bref, crise du disque ou pas, NASHVILLE PUSSY aime la France. La dernière fois que je m'y suis frotté, c'était au Phare à Tournefeuille, avec SUPERSUCKER en première partie. Un rassemblement qui avait vu des Hells Angels, des punks, des metalleux et des familles entières, faire le déplacement pour un concert mémorable où de nombreuses claques avaient été distribuées, que ce soit par les musiciens, ou dans la foule, où quelques bastons avaient joyeusement émaillé le show.

Car NASHVILLE PUSSY, entre autres qualités notables, est un groupe fédérateur. Au Connexion Live, en plein cœur de Toulouse, le quatuor venu présenter son dernier opus, "Up The Dosage", a de nouveau prouvé son universalité. Hommes, femmes, jeunes filles, jeunes garçons, vétérans, punks à crêtes, hardos à patchs, rockeurs à perfecto, jeunes cadres dynamiques, hipsters et même rasta, le public brille par son côté très melting-pot et c'est tout à l'avantage du combo qui au fil des années, depuis sa formation, a toujours pris soin de ne jamais être à la mode, pour éviter justement d'être has-been.

Le Connexion Live est une salle accueillante. Décorée à grand renfort d'un savant bric à brac, elle offre une ambiance qui se prête tout particulièrement à l'expérience viscérale du Rock and Roll. On a vite très chaud, la bière est bien fraîche, le plafond bas et le personnel avenant.
Sur la petite scène, en ce soir de février, ESPERIT! prend place pour commencer son set. En provenance directe de Catalogne, l'artiste est seul avec ses instruments. One Man Band, ESPERIT! fait reposer sa mécanique sur les pédales de boucles d'effets. Il commence par un riff, l'enregistre et le fait tourner, puis s'accompagne lui-même à la batterie. Entre pur Rock aux riffs bien gras et une sorte de trip-hop hybride, sa musique est étrange et principalement instrumentale. Parfois assez brouillonnes, ses compositions n'en restent pas moins agréables sans pour autant s'imposer avec autant d'enthousiasme que celui dont fait preuve le musicien, visiblement heureux de jouer devant le public français.

Vient enfin l'heure du gros morceau. Celui pour lequel les nombreux spectateurs ont payé : le live de NASHVILLE PUSSY !
NASHVILLE PUSSY qui ne fait jamais dans le détail. Avec eux, on a tout de suite l'agréable impression de se retrouver au fin fond du Sud des États-Unis, dans un bar bondé, alors qu'au dehors, les bikers font ronfler leur bécane en se bastonnant avec le premier taré qui aurait dans l'idée de leur chercher des noises. La petite scène du Connexion Live renforçant cette impression...
Les quatre américains joueront 17 morceaux ce soir-là, dont une reprise du "Milk Cow Blues" de Kokomo Arnold. Une cover qui s'intègre à merveille dans un set certes nerveux, mais véritablement plus bluesy qu'avant, où les Pussy chargeaient pied au plancher tout du long. Et c'est une merveilleuse nouvelle, tant le blues leur va bien. Blaine Cartwright, le frontman, guitariste rythmique et chanteur, incarne une certaine idée poisseuse comme il se doit de cette musique séculaire. Il transpire, boit du whisky, se renverse une bouteille de bière sur son crâne dégarni et chante le cul, la bibine, la coke et les femmes. Et les femmes, chez NASHVILLE, elles tiennent précisément le rôle central.
Il apparaît assez tôt que même si elle fait le job avec sérieux (peut-être un peu trop justement), Bonnie Buitrago n'a pas la présence et le charisme de la précédente bassiste, la spectaculaire Karen Cuda, partie voguer vers d'autres aventures Rock. Elle est là, chante juste, joue juste, transpire beaucoup, mais il manque un truc. Au fond peu importe car Ruyter Suys est toujours là. Attraction principale du combo sudiste, la guitariste à la chevelure blonde sauvage, est quant à elle toujours au taquet. Son attitude, unique, distille une énergie incroyable qui impressionne quel que soit le nombre de fois où on a pu la voir par le passé. La poitrine volontaire, le regard malicieux, elle maltraite sa Gibson SG fétiche et fait cracher les Marshall. Son jeu, fougeux à souhait, brille par une précision assez ahurissante et donne tout son sel à la musique du groupe. Jamais à court, elle habite la scène, qu'elle fait sienne, et impose une présence qui reste unique dans le paysage Rock and Roll international. Non seulement cette femme arrive à jouer avec une vélocité rare des solos acharnés, mais elle parvient aussi à booster en permanence l'ambiance, jusqu'au riff final, qui résonne encore lorsque la furie aux bouclettes crache de la vodka sur son audience en transe avant de regagner les loges.

Du côté de la set-list, NASHVILLE PUSSY nous livre un savant cocktail qui fait tout de même la part belle à "Let Them Eat Pussy", le premier album sorti en 1998. Des bombes comme "I'M The Man" ou "Go Motherfucker Go" qui viennent rejoindre les hits, "High as Hell", "Keep on Fuckin'" ou "Struttin' Cock". De quoi rapidement monter dans les tours, malgré un début un peu mou. Un petit échauffement de courte durée pendant lequel Cartwright, les yeux mi-clos et la voix maintenue à un volume raisonnable, semble un peu déphasé. Encore une fois, c'est Ruyter Suys, sa femme à la ville, qui passe les vitesses et pousse au max dans les rapports. La locomotive de NASHVILLE PUSSY c'est elle et jamais elle ne faillit. Quand son homme, tel un bon vieux Diesel Chevrolet, est bien chaud, il l'a rejoint et là ça fait mal aux cages à miel.
Sur la scène Rock internationale, NASHVILLE PUSSY occupe une place assez souveraine, aux côtés notamment de MOTÖRHEAD, avec lequel il partage un sens inné de l'efficacité brute et sauvage.
Voir NASHVILLE PUSSY exclu toute notion de déception. Au Connexion Live, à Toulouse, le quatuor a encore une fois prouvé sa valeur en charriant une noble idée du Rock, qu'il défend depuis plus de 15 ans, sur les scènes du monde entier. La France aime NASHVILLE PUSSY. Elle aime sa simplicité, sa proximité, sa musique et sa propension à faire de chaque live, un événement à part entière. Que ce soit la première fois que vous le voyez où la quatrième.

Portfolio à retrouver par David Foto Torres

Blogger : Gilles Rolland
Au sujet de l'auteur
Gilles Rolland
Walk this way... Un riff légendaire et le début d'une passion vorace qui depuis, se nourrit des brûlots des DOORS, BEATLES, MOTÖRHEAD, PEARL JAM, FOO FIGHTERS, PANTERA, BLACK SABBATH, GUNS N' ROSES, TENACIOUS D ou QUEENS OF THE STONE AGE. Rédacteur musique et cinéma depuis une dizaine d'années pour divers magazines et autres sites web et ancien animateur radio, Gilles avoue volontiers une nette tendance pour le rock old school. Les groupes des années 60, 70, 80 et 90, avec une mention pour les destins cramés. Les Mötley Crüe, les Iggy, Brian Wilson, Alice Cooper ou les Steven Adler (pour la rime). Une passion qu'il s'efforce de traduire avec un clavier d'ordinateur, sa profession. Une passion que Gilles aime partager. Dans les concerts ou en ligne. Le rock, le roll, le heavy, le hair... le panorama est vaste ! À écouter à fond les bananes, potards à 11 !
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