12 avril 2024, 15:55

SOU[F]FRE

Interview Euryale & Léo


Fondée en 2022, la formation francilienne naît sur des cendres chargées de soufre, et de rage créative. Véritable mutation de RÃGARÃJA et fusion avec PROXYMA, SOU(F)FRE affiche l'ambition de devenir une valeur sûre de la scène metal hexagonale. Au sein de cette dystopie quotidienne, plongé entre cyber-addiction, et hyper-émotion SOU[F]FRE dépeint notre réalité de façon acérée et prône à la première personne : liberté, vigueur, humilité, et résilience. SOU[F]FRE est un masque porté par une armure faite d'un metal granuleux, violent, sincère, emprunt de mélodies teintées d'une furieuse compassion mélancolique. Nous avons voulu en savoir plus sur l'actualité du groupe, juste avant sa release-party de ce vendredi 12 avril à Paris, au Backstage By The Mill.
 

Pour ceux qui seraient passés à côté, SOU[F]FRE a sorti son premier EP « Dévotion/Connexion » le 28 mars, une décision réfléchie de votre part pour proposer un avant-goût de votre premier album en cours d'écriture prévu cet automne ?
Euryale : Je dirais plutôt que l’art, la création en général est cyclique, et avec l’EP on arrivait à un bout de notre premier cycle ensemble, donc on prépare déjà la suite. On pense en sortir les premiers titres de ce nouveau cycle pour l’automne, peut être la fin de l’année. On a la chance aujourd’hui de pouvoir technologiquement sortir un titre ''quand on veut'', mais on souhaite bien faire les choses, donc ça prendra peut être plus de temps pour finir ce second cycle.
Léo : Oui clairement, on a déjà changé notre façon de faire, et il faudra tirer les leçons de la sortie de ce premier EP. C’est dur quand tu es artiste car tu as toujours un décalage entre le moment où tu montres tes créations, et ce que tu crées. Pour autant on est fiers de notre premier EP, on est enthousiaste de la sortie.

Comment s'est déroulée au fil des mois la création de SOU[F]FRE ? Le nom, le concept et le côté progressif et moderne de votre musique ?
Euryale : On a lancé avec Léo le projet avec plusieurs compositions bien avancés, des idées claires sur le concept, et un nom avec un sens précis. SOU[f]FRE part de l’injonction ''souffre'' et du ''soufre'', la substance explosive. C’est sorti naturellement, de la souffrance intérieure (souffre!) vers l’explosion de la créativité (Soufre). Dans la souffrance il y a 3 étapes, 1 : la renier, 2 : la montrer et s’en plaindre, 3 : s’en servir, l’utiliser comme carburant, la détourner. C’est la Sou[f]fre On veut porter le message à notre audience de se servir de leur souffrance pour créer, agir, faire, sortir, bref exploser de vie.

Est-ce que les textes chantés en français sont pour vous une arme plus aiguisée pour envoyer les messages et opinions que vous souhaitez délivrer ?
Léo : Plus aiguisé, plus direct surtout ! Pas de traduction c’est direct dans tes oreilles, direct dans ton cerveau.
Euryale : C’est ça, tu parles avec ton cœur, avec tes tripes et ta cervelle dans ta langue maternelle. Tu peux être plus subtil. C’est le choix le plus ''pur'' pour transmettre le message intérieur que tu as su écouter, travailler, raffiner. Pour moi c’est la sincérité qui guide ce choix.

Comment doit-on interpréter le titre de ce premier EP ? Dévotion ''et'' Connexion ou plutôt Dévotion ''à la'' Connexion ?
Euryale : Interprète à ta convenance. Pour moi la Dévotion quoiqu’en soit le sujet te déconnecte d’une certaine réalité, et aujourd’hui nos connexions bien que fastes et faciles, sont de moins en moins réelles, elles sont moins palpables, elles sont plus éphémères et fragiles.
Léo : Et nos émotions tournent en addiction, ce qui nous divise n’est qu’une diversion, et nos illusions deviennent des contradictions.

SOU[F]FRE propose un thème musical qui mélange savamment des éléments djent dans un metalcore à la fois mélodique, moderne et progressif avec un chant hardcore, est-ce que cela représente toutes les influences des membre du groupe ?
Euryale : Pas forcément toutes, mais celles qui font consensus. On affine, on travaille, pour nous l’identité doit être encore plus marquante.
Léo : oui on a tous des goûts vraiment très spécifiques que tout le monde ne partage pas, mais on s’ouvre de plus en plus à ce qui plaît aux uns et aux autres. On sent que notre énergie change, et c’est pour ça qu’on est déjà sur un second cycle de création.

On a bien compris que le côté visuel est très important autour du groupe, et quand on regarde la pochette de l'EP, on pense au titre ''Esclave Heureux''... Sommes nous quelque part heureux sans se rendre compte que nous sommes des esclaves du monde moderne ?
Euryale : Les gens ne sont pas aveugles, et je pense que tout le monde s’en rend compte justement. Le plus dur c’est de renoncer à ce que tu sais, à ce que tu vois, à ce qui te révolte. Le plus dur c’est pas de te rendre compte des barreaux de ta cage, et de ce qu’ils t’imposent, mais apprendre à fermer les yeux, être heureux, à en tirer le bon, à devenir sage. C’est un peu une des nuances entre le savoir et la sagesse.
Léo : La pochette cela dit a vraiment un sens en rapport avec Dévotion/Connexion. Un œil grand ouvert incrusté d’un circuit cuivré qui te dévisage.
Euryale : Rien de plus sincère qu’un regard, et pourtant on se parle tous, et tous les jours à travers la barrière d’un écran, sans se regarder dans les yeux. On voulait qu’a chaque fois que quelqu’un prenne notre EP dans sa main, il regarde cet œil, en train de muter.

Vous avez déclaré que votre premier album est en cours d'écriture et que vous prévoyez de le sortir cet automne ; est-ce que vous êtes tentés et influencés par l'actualité de ces derniers mois pour composer les titres que l'on retrouvera sur ce disque ?
Euryale : Pas vraiment. L’actualité, l’urgence c’est pas forcément ma spécialité niveau paroles. Ce qui se dit et se fait dans l’urgence ne survit jamais vraiment à l’urgence. Quand j’écris je parle peu d’un contexte ultra précis et temporellement figé. Je préfère évoquer des thèmes, des rapprochements, des connexions que je fais. En ce moment ça tourne beaucoup autour de la notion de ''mouvement'', et la recherche de sensation.
Léo : Pour ce qui est de composition pure, on souhaite radicaliser notre identité, ça va être surtout un travail sur les textures sonores, des choix d’arrangements. On aime les sonorités modernes, les mélanges d’épaisseur sonores, on cherche à faire ce qui n’est pas déjà fait.


Est-ce que vous êtes aujourd'hui en totale autoproduction et est-ce que vous pensez à vous rapprocher d'une maison de disques ?
Léo : on y pense bien sûr. Ce premier EP va nous permettre justement de nous rapprocher plus facilement de certaines structures.

J'aimerais que l'on reviennent sur le côté visuel de SOU[F]FRE, qui est à l'origine de vos costumes de scène ?
Euryale : C’est un travail qu’on a eu avec Marine Arnoul de Martian Agency. Une styliste et une artiste complète, talentueuse, qui a su trouver notre ''peau'', on s’est compris très vite. C’est agréable les évidences entre créateurs, quand c’est fluide, qu’on ne se contredit pas, mais qu’on rebondit l’un sur l’autre.
Léo : Sur scène il nous fallait quelque chose de chamanique, de fort, de puissant, bref d’imposant presque intimidant. On veut pouvoir renvoyer les gens à leur for intérieur, qu’on construise un rapport direct et intime.

Puisque nous parlons de la scène, on va pouvoir vous retrouver ce vendredi 12 avril à Paris, au Backstage pour une release-party et le 23 juin au Kave Fest, avez-vous d'autres concerts prévus avant la fin de l'année ?
Euryale : on monte d’autres dates, notamment pour le dernier trimestre on annoncera ça en temps et en heures.

Comment se prépare SOU[F]FRE pour ses premières prestations, mentalement et techniquement surtout car votre musique est riche et peut-être compliquée à retranscrire sur scène non ?
Léo : C’est beaucoup de détails, de travail musical, de répétition mais aussi beaucoup de technique. On a pris du temps en résidence pour se préparer au mieux et livrer cette richesse de façon complète. On veut un show qui ait du sens, de l’identité entre les morceaux.
Euryale : Tout en sachant qu’un concert a toujours sa part de folie, d’imprévu, d’improvisation. Personnellement j’aime parfois changer certains placements de voix en rajoutant des détails quand l’énergie du moment m’inspire. J’ai déjà essayé de me contraindre, mais j’ai besoin de me sentir libre et me laisser habiter par de l’indomptable.

Liberté, Vigueur, Humilité, et Résilience, c'est définitivement la devise de SOU[F]FRE ?
Euryale : ça pourrait totalement, mais je dirais plutôt « de la lumière dans ta rage ». C’est plus rassembleur.
 



Blogger : Christophe Droit
Au sujet de l'auteur
Christophe Droit
Animateur radio chevronné de la région toulousaine, fidèle partenaire de HARD FORCE depuis toujours, Christophe, alias "Godzilla", a participé à l'élaboration du projet Radio Force (CD & Musique) encarté dans le magazine jusqu'en 2000. Depuis 2008, il supervise l'équipe et l'actualité dans HARD FORCE et sur Facebook et anime de très nombreuses émissions sur HEAVY1, notamment NOISEWEEK tous les vendredis soirs, consacrée à l'actualité discographique de la semaine.
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