5 avril 2024, 23:59

BANDI BANDIT + METRO VERLAINE

@ Oignies (Le Métaphone)

Il arrive parfois que l’on fasse des infidélités au metal pour aller observer des cousins, plus ou moins lointains, de notre famille d’origine. C’est ainsi que je me suis rendu au concert de BANDIT, BANDIT. La sensation rock français du moment a été bien loin de remplir le Métaphone – balcon fermé, salle rétrécie, nombreux jeunes invités – et c’est dommage, tant le braquage a été réussi.


La prestation de la paire Maëva/Hugo, qui s’est rencontrée sur Tinder avant de devenir un couple puis un groupe (ou l’inverse, peut-être), renforcée par une section rythmique, a été riche et intense. Le groupe joue en quasi intégralité son premier album « 11:11 » – seul manque "L’orage est Passé", dommage... – accompagné des titres les plus percutants des deux EPs, plus rêches, qui l’ont précédé.

Le concert est vampirisé par la lascivité incandescente de la chanteuse. La jeune femme, noir et court vêtu, se met à nu dans ses attitudes, dans la sensualité sereine de ses gestes, dans ses éclairs de fougue amoureuse quand elle s’approche et enlace son amoureux de guitariste, dandy à la classe agaçante – quoi, je serais jaloux ?


Ses paroles brillent d’une rare sincérité à l’image de "La Montagne", « ma chanson préférée car elle parle de moi. Je suis une chanteuse égocentrique », sourit-elle avant de confesser, sur un groove seventies, la naissance de ses désirs. Se dessinent ainsi des histoires d’amour et de violence dans le rouge sanglant des lights, de passion électrique dans des blancs stroboscopiques. Maëva attire tous les regards, toutes les convoitises, attise les spectateurs « Oignies, est-ce que tu es chaud ? » avant l’incandescent "Pyromane" qu’elle finit au cœur de la fosse...

Elle brandit ensuite sa guitare à la gloire du mouvement "More Women On Stage". Son énergie inépuisable ne nuit pas à la qualité du chant qui marie à merveille ses envoûtements à une musique énergique. Elle tutoie l’âpreté d’un THE KILLS, lorgne vers un stoner timide, caresse la chanson française – entrée sur "Histoire d’un Amour" de Dalida, reprise réussie de "Bonnie and Clyde" – et d’une alternance calme/furie qui renvoie à la nostalgie grunge ; le groupe commémore les trente ans du décès de Kurt Cobain par une reprise un poil bancale de "All Apologies" (« l’idée m’est venu dans le bus », précise Hugo, fan de NIRVANA).

Les morceaux sont tantôt lourds et sombres ("Néant", l’oppressant "Point de Suture"), tantôt tribaux ("Maux", explosif, "Lucky Luke", sautillant), tantôt vitaminés (le pêchu "Toxic Exit" final). Le concert atteint un paroxysme d’émotion sur "La Marée", ballade rock, simple et désarmante, comme l’est l’irrésistible "Si j’avais su". Et toujours cette voix qui longtemps nous hantera...


En première partie METRO VERLAINE a offert un post-punk porté par une basse mixée très en avant. Discrets, les musiciens ont laissé la vedette à Raphaëlle. La chanteuse donne de l’intensité à des compositions qui oscillent entre pop et cold wave. "Piscine" est efficace en ouverture avec une montée en puissance qui débouche sur un "Birthday Party" accrocheur, comme l’est aussi la mélodie de "Waterloo". A l’issue de ces 45 minutes en noir et blanc, l’intensité est à son comble avec un "Manchester" ultra efficace chanté en duo avec Hugo.
 


© Christophe Grès

Blogger : Christophe Grès
Au sujet de l'auteur
Christophe Grès
Christophe a plongé dans l’univers du hard rock et du metal à la fin de l’adolescence, au tout début des années 90, avec Guns N’ Roses, Iron Maiden – des heures passées à écouter "Live after Death", les yeux plongés dans la mythique illustration du disque ! – et Motörhead. Très vite, cette musique devient une passion de plus en plus envahissante… Une multitude de nouveaux groupes a envahi sa vie, d’Obituary à Dark Throne en passant par Loudblast, Immortal, Paradise Lost... Les Grands Anciens – Black Sabbath, Led Zep, Deep Purple… – sont devenus ses références, comme de sages grands-pères, quand de jeunes furieux sont devenus les rejetons turbulents de la famille. Adorant écrire, il a créé et mené le fanzine A Rebours durant quelques années. Collectionneur dans l’âme, il accumule les set-lists, les vinyles, les CDs, les flyers… au grand désarroi de sa compagne, rétive à l’art métallique.
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK