1 avril 2024, 19:46

SUM 41

"Heaven :x: Hell"

Album : Heaven :x: Hell

2024 sonne l’heure des adieux pour un groupe emblématique du punk-rock mélodique des années 90. La dernière production des Canadiens se nomme « Heaven :x: Hell ». Dans quel état d’esprit musical l’ultime double-album de SUM 41 va-t-il nous plonger ?...

... Et bien "Waiting On A Twist Of Fate" est un excellent démarrage où les guitares dérapent follement dans les virages, pendant que la batterie est violemment malmenée. Le chant clair porte aussi loin que les vagues d’un punk-rock de Venice Beach, le groupe a toute notre attention avec ce titre. On retrouvera plus tard son côté punk à l’ouest avec "Bad Mistake", ou encore le speed-rock "Johnny Libertine".
On respire parfois un peu, avec le single "Landmines" qui lorgne vers la légèreté pop d’un SIMPLE PLAN. On imagine sans peine nos lascars de SUM 41 courir comme des dératés dans une ambiance cartoonesque, accompagné du Scooby Gang qui chantonne. Quand survient "I Can’t Wait", qui offre la même fibre énergique que GREEN DAY, je peux d’ores et déjà clamer que je passe un excellent moment. Les riffs caracolent, la rythmique rebondit et s’imprime dans nos cœurs, on est bien au-dessus de beaucoup des précédentes compositions du groupe. Et ceux qui voient en lui un groupe de minettes, dépassé et ringard, peuvent aller se rhabiller.

Oscillant entre punk-rock et pop-punk nerveux, nous ne perdons pas de temps à débattre, "Time Won’t Wait" est un bon slogan, car quel que soit la structure musicale l’envie de partager un dernier ride se ressent. SUM 41 balance ses tripes entre deux grattages de cordes ou deux battements de caisse claire. Musique simplement viscérale avec de somptueux « Ho Ho Hooo », "Future Primitive" s’envole sur des refrains fédérateurs de sales gosses qui auraient choisi avec humour une mauvaise religion. Beaucoup de nostalgie également, l’heure du départ se ressent dans l’ultra catchy et mélancolique dernier single "Dopamine", ou encore dans le grungy-pop "Not Quite Myself" aux paroles transpirant l’envie de se livrer corps et âme à l’auditeur. "Radio Silence" va encore plus loin avec une ambiance feutrée où résonnent en contrepoint des guitares terriblement nineties. Une séquence assez intense qui nous renvoie à notre propre jeunesse.

En tout 20 titres bien variés, mais incroyablement sincères se succèdent sur ce tout dernier album de SUM 41. On sent l’envie d’assurer dans ce baroud final, comme "Rise Up" qui bouscule tout avec sa rapidité d’exécution et ses puissants « Ho Ho Ho ». "Stranger In These Times" apporte une lourdeur hypnotique surprenante, ainsi qu’un refrain bien rageur, "I Don’t Need Anyone", modère le propos avec quelques gouttes d’electro, tout en restant foncièrement punk-rock. Décidément cet album file à deux cents à l’heure et franchi la barrière des genres, un rock-trip "Over The Edge", entre pop mélodieuse et hardcore, on se souviendra des adieux de SUM 41 !

Peu de titres sans saveur, on accroche souvent à la première écoute de ces hymnes fédérateurs, tels "You Wanted War", subtilement enlevé et au solo de vif argent, ou encore "It’s All Me", furieux titre aux crocs dégoulinants de rage punk. Il y a une reprise des ROLLING STONES en surprise dans la dernière ligne droite. "Paint It Black" demeure très fidèle, offrant un chant subtilement différent et, contrairement à ce que l’on aurait pu craindre à l’heure de la génération 2.0, le Black de (Chuck) Berry l’emporte sur le BlackBerry.

Un album généreux, je sais, je radote. Du rock sous toutes ses coutures, un peu plus "heavy" sur le 2e disque, de la force brodée avec en fil conducteur un brin humaniste, une douceur suave de nos folles années révolues. C’était l’épopée d’un groupe qui avait quelque chose à dire dans son temps, qui nous quitte et nous salue bravement sur "How The End Begins". Adios les Amigos !

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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