6 avril 2024, 19:15

BLOOMING DISCORD

Interview


Trop rock pour être metal, trop metal pour être rock... mettre BLOOMING DISCORD dans une case est un exercice compliqué, fastidieux, et finalement, pas du tout utile. Cette conclusion coulera de source en suivant cet entretien, et en tendant une oreille à son dernier album « Memories From The Future ». Un disque qui résume bien toute la philosophie des Marseillais, celle d’une vision inclusive de la scène metal, célébrée dans la joie et la bonne humeur.
 

Comment pourriez-vous décrire le son de BLOOMING DISCORD pour quelqu'un qui ne l'a jamais entendu ?
Karim : Nous faisons une sorte de mélange rock-metal alternatif. Comme c’est un style assez fourre-tout, si nous devions donner quelques noms ce serait STONE SOUR, SYSTEM OF A DOWN, BRING ME THE HORIZON ou BEARTOOTH. Notre son, ainsi que notre approche musicale, sont contemporains. Mais nous gardons aussi une grosse influence, et pratique, des années 90 pour le côté grunge, et aussi 2000 pour celui du metalcore à l’ancienne.
Sam : Nous faisons ce mélange, mais nous essayons de garder un côté mélodieux avec des refrains ou des lignes de chant qui se reconnaissent, en cassant avec les gros drops, des solos, des duets, et avec de la théâtralité. Nous essayons de toujours travailler en contraste pour surprendre, et donner de l’intérêt.
Karim : C’est le maître-mot, nous essayons de surprendre.

Est-ce que vous avez des influences plus personnelles ? Essayez-vous de les glisser dans vos compositions ?
Antho : Personnellement, je ne viens pas du metal. Même si je connaissais, j’ai commencé que récemment à vraiment écouter KORN. Mes références sont plutôt JUSTICE, DAFT PUNK et MUSE. Il y a des codes similaires entre le metal et l’électro-pop, notamment cette base rythmique qui est très centrale.
Sam : On voit tous les choses de la même manière, nous avons des influences qui n’ont rien à voir avec le metal. On aime tous cela, mais quand tu écoutes QUEEN ou PROKOFIEV dans le classique, cela te donne une sensation que tu as envie de reproduire. Par exemple sur le titre "Memories From The Future", il y a cette sensation que j’ai eue en écoutant "Bohemian Rhapsody", j’ai essayé de retranscrire ce côté théâtral et sentimental.


Pouvez-vous nous en dire plus sur le processus d'écriture et composition de « Memories From The Future »​ ?
Vince :  Au niveau du processus, nous sommes trois principalement à apporter la création "pure et dure". Antho, Sam ou moi arrivons avec une maquette que nous présentons au groupe. C'est à partir de cette maquette que tout le monde va donner ses propres idées et influences. Il n’y a pas de leader dans le groupe et c’est très important pour nous, chacun à un poids équivalent en termes de décision. Souvent la première idée va faire rebondir la suivante, ce qui fait que l’idée de base est complétement transformée, ce qui va créer notre musique.
Karim : Ce qui définit le mieux le groupe dans son fonctionnement, c'est l’aspect résolument collectif pour les prises de décision, qu'elle soit le projet en lui-même ou sur la composition.

Est-ce que justement cette libre parole ne va pas créer des désaccords ?
Vince :  On est rodé ! Depuis 2015 que l'on est ensemble, il y a eu de véritables moments de tension, où on passait des soirées entières de discussion sur un seul sujet et sans que cela soit pertinent. Mais depuis, tout le monde a appris à mettre de l'eau dans son vin, se mettre à la place de l'autre. On se connaît tellement bien aujourd’hui, que l’on sait à l’avance ce que chacun va penser, donc les discussions sont beaucoup plus courtes. Et l'union fait vraiment la force chez nous, s’il y a qu’une seule personne qui décide, ce sera forcément moins riche que cinq.
Karim : Depuis qu'on existe, si nous avons mis autant de temps à sortir cet album, c'est aussi parce qu'on a dû prendre le temps de partir de zéro en termes de maîtrise de nos instruments, mais aussi de construction d'un projet commun. On arrive maintenant à produire de façon relativement efficace, une musique qui nous ressemble à tous, c'est aussi ce qui lui donne son aspect un petit peu "inclassable".
Antho : Par rapport au collectif, on nous dit souvent que cela se voit sur scène que nous avons une grande complicité. Pour moi, c'est l'un des meilleurs compliments.

Maintenant que vous avez réalisé votre premier album, est-ce que vous verrez les choses différemment ?
Vince : La direction artistique va forcément évoluer, parce qu’on ne peut pas se satisfaire de faire tout le temps la même chose. Sur le processus de composition, maintenant chacun à sa place et sait ce qu’il doit faire. Et concernant l’inspiration, cela ne pourra être que différent et mieux, car nos influences changent et nous avons acquis de l’expérience.
Sam : On discutait avec Antho de faire une musique un peu plus "sombre", au moins sur un morceau. Ça serait bien aussi d’intégrer un peu plus de technicité, et des parties un peu plus instrumentales.
Karim : Je pense que pour la suite nous allons bien sûr rester cohérent avec ce que l'on a fait sur cet album, mais effectivement avec l'expérience accumulée, aller plus loin dans les prises de risques. Proposer aussi quelque chose de riche, d'inspirer, de surprenant, tout en restant efficace et taillé pour la scène.

Ce paramètre "live" est vraiment important lors de la phase de composition ?
Vince : Totalement ! Avant « Memories From The Future », on faisait de la musique un peu plus narrative, limite progressive. Après, on s’est dit que nous voulions faire de la musique pour le live, c’est-à-dire simple et efficace. C’était l’objectif principal de cet album.
Sam : L’idée était d’être unis et de faire la fête tous ensemble, partager un moment. D’ailleurs on se caractérise plus comme un groupe de rock qu’un groupe de metal. Il y a cette volonté de vivre le moment présent du live, et ce partage avec le public. Si vous venez nous voir en concert, vous verrez que c’est joué au métronome et c’est carré, mais que ça bouge dans tous les sens. On échange et on saute dans le public, on fait des pogos et cela peut même arriver que je slam en faisant mon solo.
Karim : Les musiques sont pensées pour le live, des passages vont même être réétudié pour créer de l'interaction avec le public. Depuis la COVID, les gens ont envie de plus en plus déjà de voir des spectacles vivants.

Toujours pour rester dans ce sujet concert, quelles sont vos prochaines dates ?
Karim : Nous avons récemment fait une release-party qui était sold-out. Il y a donc un certain nombre de personnes qui n’ont malheureusement pas pu y assister. Nous avons eu la chance de pouvoir proposer une date bonus le vendredi 29 mars dernier au Jas Rod à 20 minutes de Marseille, c’était un beau plateau avec LECKS INC, BAD TRIPES et THE BLACK ENDERK. Nous avons jouer juste avant le 23 mars à Avignon, avec nos amis SCARLEAN, MUNDILFARI et RISING ALL STAR. Nous aurons en mai nos premières dates internationales, avec le 3 et 4 à Milan et Bologne. Et le vendredi 31 mai, pour les personnes qui nous suivent depuis l'ouest de la France, on jouera à La Rochelle au Crossroad pour la Warm-up METALDAYS organisée par Keuf Metal. On travaille aussi sur des dates pour l'automne à Paris, dans le nord et l'est, en Belgique et en Allemagne.

Pouvez-vous nous parler de votre clip ultra déjanté "Latch" ?
Vince : Nous voulions rassembler la communauté, les acteurs du metal en général. Donc les groupes, mais aussi tous les autres comme les webzines, les photographes, vidéastes, ceux que l’on voit tous les jours et les mettre à l’image.
Sam : On voulait montrer que nous sommes tous unis dans la même scène, nous avons invité ces personnes avec qui on s’entend super bien, il y avait aussi des potes qui nous soutiennent depuis le début et aussi quelques fans. Métalleux, non métalleux, l’idée était de passer devant la caméra et de faire la fête !
Karim : Cela s’est ressenti lors de notre release-party, il y a des gens de la scène metal qui sont venus, mais il y avait tout un pan qui ne l’était pas. En le Makeda est une salle qui passe assez peu de rock & metal, ils étaient d’ailleurs contents qu’on les sollicite car cela a contribué à la diversification de leur programmation. Et donc il y avait des habitués qui étaient présents et qui ont passé une super soirée. C’est ça qui est transversal au clip de "Latch", et cela nous tient à cœur.
Sam : On pourrait définir BLOOMING DISCORD comme la porte d’entrée vers le metal.


Etant les derniers à nous entretenir avec vous lors de cette journée promotionnelle, est-ce qu’il y a une question que vous auriez voulue que l’on vous pose et qui ne vous a pas été demandée ?
Karim : Bonne question.
Sam : Il y avait beaucoup de journalistes qui étaient intrigués sur la façon dont nous avons fait l’album. Et la question qu’il auraient pu poser aurait été sur la personnalité de chacun. Si tu prends Karim, c’est quelqu’un de torturé. Et tu ne peux comprendre pourquoi et comment il a fait cet album, sauf si tu lui demandes qui il est...
Karim : Il n’a pas tort. Beaucoup de personnes qui nous écoutent y trouvent un refuge, et je dis aussi cela pour moi. Cette question de la santé mentale s’est posée pendant la pandémie, où des gens étaient en détresse psychologique par manque de concert. C’est quelque chose que nous partageons, et la question qu’on aurait pu nous poser aurait été de savoir quelles étaient nos dispositions mentales lors de l’écriture de l’album.
Vince : J’ai appris aujourd’hui en parlant avec plein de journalistes, le fait de pouvoir passer un message qui peut être lourd, mais avec une musique festive, c’est une façon de faire passer un message différemment. Et c’est très révélateur sur le processus de composition ; on pouvait avoir envie de faire la fête, mais est-ce que cela ne cachait pas quelque chose ?...


Pour en savoir plus écoutez l'album « Memories From The Future », paru le 16 février dernier.

Blogger : Jérôme Graëffly
Au sujet de l'auteur
Jérôme Graëffly
Nourri dès son plus jeune âge de presse musicale, dont l’incontournable HARD FORCE, le fabuleux destin de Jérôme a voulu qu’un jour son chemin croise celui de l'équipe du célèbre magazine. Après une expérience dans un précédent webzine, et toujours plus avide de nouveautés, lorsqu’on lui propose d’intégrer l’équipe en 2011, sa réponse ne se fait pas attendre. Depuis, le monde impitoyable des bloggers n’a plus aucun secret pour lui, ni les 50 nuances de metal.
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