8 mars 2024, 17:44

TAGADA JONES

"TRNT - Best of 1993-2023"

Album : TRNT - Best of 1993-2023

L’heure du Best Of aurait-elle sonné pour les trublions punk hardcore de TAGADA JONES ? Effectivement. Toutefois, à l’heure de fêter leurs 30 ans et 10 albums au compteur, les Rennais ont choisi de vous offrir cette compilation avec une particularité, celle d’une relecture musicale de leurs tubes les plus populaires. Et cela donne « TRNT - Best of 1993-2023 » (trente pour les mal réveillés), un recueil de 15 morceaux repensés... et un inédit.

"Le Dernier Baril" est un des hits sauvages du groupe parmi les plus récents. Il est exécuté avec un mixage qui fait rebondir les notes contre les parois en fer de bidons d'or noir. Ça claque résolument métallique. "Zéro de Conduite", dépoussiéré pour un hardcore vif et clair (vif éclair en somme), est l’occasion de remonter aux premiers tubes du groupe, avant les trois derniers albums, qui ont achevé de propulser TAGADA JONES parmi les gros (4 ?) de la scène française. Nous retrouvons également un "Manipulé" electro-rock qui ne nous rajeunit pas.

Ce best ouf est également l’occasion de livrer en offrande un inédit, histoire de patienter jusqu’au successeur de « A Feu et à Sang ». C’est le bien rapide et revanchard "Le Poignard", punk-rock du plus bel acabit, l’écho d’un BAD RELIGION à la française, qui nous fera sautiller tels des démons dans les futurs circles-pit. Jouissif. Dans la même veine, le réenregistrement de "Combien de Temps Encore" avec ce punk arrangé au violoncelle surprend pour notre plus grand plaisir. Du punk symphonique ? Fallait oser, et c’est réussi. "Nation To Nation" est subtilement industrialisé, très intéressant, le chant british avec ce côté rugueux sur les angles(ais).

Si "Je suis Démocratie" reste dans sa fidélité libertaire, il rappelle la philosophie d’un groupe, d’une génération, celle du bal des engagés, le club des confinés contre les cons finis. TAGADA JONES est comme une piqûre de rappel, celle de la culture, de l’ouverture d'esprits. Et cela fait un bien fou à entendre avec ses « ho ho hooo » fédérateurs. Une "Thérapie" contre la sombritude des bas du front qui voit l’horizon en (trop) bleu marine. Encore un coup de violon placé pour apaiser les esprits inquiets. "Cargo" est un hymne du groupe, il est speedé juste ce qu’il faut pour resensibiliser les peuples sur les dérives des firmes poubelles. Quant à "Vendredi 13", il rappellera à tout un chacun combien l’abus de religion est l’opium du fanatisme. Paix sur ses victimes.

Oscillant entres classiques récents et anciens nous ne bouderons pas le plaisir d’un "Elle ne Voulait pas », air plus me too que Meetic. A peine digéré direction un "Hold Up" speed et hardcore qui te retourne le cerveau. "Tout est sous Contrôle" assaisonné de trompette et tambours tel une féria, brille en hommage aux empereurs tomato ketchup des BÉRUS, TAGADA JONES, l'héritier de cette scène folle et alternative des années 80, offre de l’entertainment musical au chant de tous les révoltés. Troublant, et troubadour. Ou comment mettre le feu aux poudres avec de bons riffs.

Pour le final nous avons droit à "Mort aux Cons", morceau à la géniale simplicité que j’ai eu la chance de chanter trois fois avec ma fille en live. Intégrité, mélodie (oui, il y a encore de subtils violons) et force d’adhésion incontournable, comme une carte de visite pour TAGADA JONES. Tu les découvres avec ce morceau et tu poursuis avec leur discographie bien fournie, c’est peut-être le sens réel de ce Best Of. A ses côtés "SOS Dub" écolo-warrior est presque anecdotique, et pourtant c’est un excellent rasta groove metal.

TAGADA JONES offre l’occasion de rameuter les louveteaux révoltés de tout poil avec cet excellent « TRNT - Best of 1993-2023 ». Je ne peux que servir de messager. A vous d’écouter.

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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