Kiev. Ukraine. Le berceau de THEY CAME FROM VISIONS. Un berceau nourri d’enfer, de tourments et de fureur au quotidien. Où la destruction dicte ses lois impitoyables aux quatre coins de la ville. Qu’il semble si difficile d’imaginer créer, composer, enregistrer quoi que ce soit dans un tel contexte ! C’est néanmoins ce que ce trio, créé en 2019 et ayant déjà un album dans sa besace (« Cloak Of Darkness, Dagger Of Night »), a fait en dépit de l’adversité. Est-ce cela que l’on nomme la résilience ? Probablement, tant il est difficile d’imaginer la triste réalité vécue par les membres du groupe et la priorité que représente la survie avant d’envisager quoi que ce soit d’autre qui ne soit pas vital.
Et pourtant. C’est aux cœur de ces ténèbres que le batteur-guitariste Voice Of Gloom et le bassiste Voice Of The Deep ont façonné cet album : de l’enregistrement jusqu’au mastering, Quant à l’artwork, envoûtant, il a été réalisé par un illustre mais talentueux compatriote inconnu : Mykhailo Skop. Une fois les présentations passées, qu’attendre de ce deuxième album en matière de musique ? L’ombre du grand DRUDKH est bien sûr présente tout du long de ces quarante-quatre minutes, cela résonne comme une évidence. Ou plutôt son esprit et sa fougue, ici omniprésents, qui hantent tous deux ce black metal épique, glacé, intimidant. De ceux qui reflètent à merveille cette force slave empreinte d’une mélancolie palpable à chaque instant.
Le trio excelle ainsi dans les tremolos viscéraux (le riff d’ouverture de "Burning Eyes, Blackened Claws" est bouleversant tout comme celui du dernier morceau, "Twilight Robes") mais il se révèle aussi redoutable dans le troussage d’atmosphères prenantes. Et de mélodies poignantes comme celles délivrées sur "Petrified Immortality" où le sang se glace et les poils se hérissent, signe d’une musique qui touche en plein cœur. Oui, THEY CAME FROM VISIONS a tout compris et perpétue ici avec une conviction inébranlable cette tradition héritée de son aîné. Rien ne manque à ce tableau aux allures de chef d’œuvre : section rythmique impitoyable, lignes de chant passées à la toile émeri, blizzard qui souffle son haleine glaciale tout du long de ces sept titres épiques. Avec ce son typique, rugueux mais puissant, qui va bien en bonus. La totale.
Il y a quelque chose ici de fort, de grand, de beau présent à chaque seconde de ce « The Twilight Robes ». Quelque chose qui ne devrait pas laisser insensible l’amateur de metal extrême....
