24 février 2024, 19:05

LABELS ET LES BÊTES

"Le coté obscur de la force métallique" - épisode 77


Vous voulez quoi ? Du thrash ? On en a ! Du death ? On en a aussi ! Du black ? Evidemment qu’on a ça en stock. On a même de l’inclassable. Parce que le trio le plus extrême de HARD FORCE sait où trouver les meilleurs sons, Crapulax, Clément et Aude reviennent en ce mois de février pour vous régaler de genres les plus obscurs. Qu’ils soient épiques, glaciaux ou piquants, les albums du mois ratissent large dans l’undergound. Vous aimez ça hein ?
 

SLAUGHTERROR : « Endless Lust For Gore » (Noble Demon Records)

Originaire de Finlande, ce trio émérite démarre sa carrière avec une véritable bombe au napalm qu'est ce formidable EP de death metal fabriqué dans la plus grande tradition du genre. Il n'y avait pourtant pas de prime abord de quoi s'enthousiasmer, les membres faisant partie de formations relativement mineures comme ONE MORNING LEFT, HORIZON IGNITED ou RED MOON ARCHITECT qui ne doivent pas dire grand-chose à grand monde.
Et pourtant... Dès les premières notes de "Incarnation", SLAUGHTERROR annonce l'ouverture des débats à califourchon sur un tank à balancer du napalm dans tous les sens. Ça va sentir le cochon fumé ! Des rythmiques à en dévaler les pentes sans frein à main, une batterie chauffée à blanc, c'est de suite au tour de "Victim", le titre le plus puissant des 4 qui constituent cet EP, d'entrer en lice sur un riff thrash qui fera date dans l'agenda de la destruction sonore. Il ne faudra pas compter sur "Endless Lust For Gore" pour passer de la pommade contre les brûlures ni sur le dernier titre "I Am Death" qui comme son nom l'indique, marque la fin du châtiment.
Vivement le premier album !
(Crapulax)


LIPID : « The Perfect Killing Machine » (Great Dane Records)

Aux débuts du thrash metal, la coutume voulait que les formations prennent des noms en rapport avec la mort (MEGADETH, SEPULTURA, TESTAMENT, CORONER), des noms de maladies létales (ANTHRAX), de guerre (NUCLEAR ASSAULT, SACRED REICH, S.O.D.), en bref des noms qui déchirent (SLAYER, OVERKILL) !
Alors qu'est-ce qui se passe avec les nouvelles générations ? On trouve désormais des noms mal orthographiés à outrance (ALKOL, AXXELERATOR, MPIRE OF EVILS), de médicaments qui ne donnent pas envie de les prendre et surtout pas en suppositoire (VENTHIAX, NEUROPOZYNE, AVATROL) quand ce n'est carrément pas du grand n'importe quoi (BALKON, NUCKING FUTS, ANTICHRIST HOOLIGANS).
On peut alors dire sans trop se tromper que LIPID figure en bonne place dans cette dernière catégorie !
Et pourtant... Il ne faut pas se fier aux apparences ni s'arrêter à la pochette ou au logo élaboré sur une vieille version de Photoshop car « The Perfect Killing Machine » est bel et bien une tuerie, surtout au niveau des parties solo de guitare véritablement enthousiasmantes. C'est particulièrement flagrant sur le titre éponyme, sur "Fragments Of Eternity" et sur l'excellent "Before The Storm". Rythmé et mélodique, LIPID c'est vraiment formid !
(Crapulax)


CYPHRE : « Idiolatry » (Klonosphere)

En France on n’a pas de pétrole mais on a du metal…. et du bon ! Une fois encore cet adage se voit illustré avec doigté par CYPHRE, quatuor originaire de Saint Lô, qui n’a pas son pareil pour envoyer au fond des esgourdes un death metal puissant, moderne et doté d’une production en béton armé.
Évidemment, serait-on tenté de dire, puisque l’album a été façonné dans les forges du Studio Sainte-Marthe par Francis Caste : pas de surprise sur l’emballage, c’est du lourd et c’est marqué dessus... comme le Port Salut ! Avec ses atouts musculeux donc, « Idiolatry » fleure bon la Suède du début des années 2000, les premiers CARNAL FORGE ou BLOODBATH mais le tout est porté ici avec une exécution bel et bien actuelle.
Sans faille. Qui voit le groupe se fendre de nombreux plans dissonants en diable (les entêtants "Underwater" et "Myth") ou plus atmosphériques (l’interlude "The Pact" qui calme l’espace de deux minutes les ardeurs guerrières). Même si à mon sens c’est lorsqu’il se lâche, comme sur ce "Dawn" monstrueux, que CYPHRE se montre le plus efficace.
La confirmation est attendue sur scène le 29 mars à St-Lô en compagnie de SETH et KRONOS. Préparez le Synthol...
(Clem)


20 SECONDS FALLING MAN : « Resilience » (Autoproduction)

Sous ses contours obscurs et nébuleux, il serait simple de ranger soigneusement « Resilience », deuxième album des nantais 20 SECONDS FALLING MAN aux côtés des premiers CULT OF LUNA, d'un YEAR OF NO LIGHT époque « Aussenwelt » ou tout autre post-metal contrarié digne de ce nom. Il suffirait pour cela de poser une oreille attentionnée sur "In The Gloom" et "Resilience", qui introduisent ce disque avec doigté et de s’en tenir là. Oui…mais non. Car la suite réserve quelques surprises dont ce "Shadow of The Past", nerveux à souhait, qui laisse place à une tension permanente sur les morceaux qui défilent ensuite (avec une mention spéciale pour "Crossroads" : écoutez, vous comprendrez).
Jusqu’à l’explosion du final instrumental, "New Moon" qui devrait mettre tout le monde d’accord sur le potentiel créatif de ce groupe. Groupe qui n’a pas son pareil pour taper dans le mille avec ses vocalises déchirées, aidées par une section rythmique habile dans tous les registres passant du metal bien poisseux aux plans atmosphériques introspectifs et chiadés.
Illustré de main de maître par Jeff Grimal et produit avec hargne par Christophe Hogommat, « Resilience » incarne dans chacun de ses recoins noircis cette force, cette résistance déployée face à l’adversité.
Saisissant.
(Clem)


GIVRE : « Le Cloître » (Eisenwald)

Si GIVRE a sorti son premier album en 2010, il apparaît sous sa forme actuelle en 2021. Depuis, le groupe québécois a sorti deux autres albums et c’est donc sa quatrième offrande que nous découvrons cette année. Regroupés sous le titre « Le Cloître », les six nouveaux morceaux proposés retranscrivent avec précision toute la souffrance mystique endurée par six femmes investies dans la chrétienté : Marthe Robin, Louise du Néant, Sainte Thérèse d’Avila, Marie des Vallées, Sainte Hildegarde de Bingen et Sainte Marguerite de Cortone.
Sans en dévoiler toute la teneur intrigante, leurs histoires sont ici mises en lumière grâce à un black metal des plus incisifs et des plus poignants. Les rythmes y sont blastés, les guitares y sont lacérées, tantôt dissonantes, tantôt mélodiques, les hurlements y sont pétrifiants de colère mêlée d’angoisse.
Quelques growls et passages lourds viennent mettre un dernier coup de poing dans la face de la religion avant de repartir en un tourbillon de riffs surmonté d’une basse omniprésente. Les atmosphères sont malsaines, l’ambiance est funeste, on ressent le poids de la dévotion, la recherche de lumière dans une nuit infinie. Un album des plus intéressants.
(Aude Paquot)


BEYREVRA : « Echoes: Vanished Lore Of Fire » (Trollzorn Records)

Premier album des allemands de BEYREVRA, «Echoes : Vanished Lore Of Fire » présente un savant mélange de death et de black mélodique, une musique épique et guerrière aux accents suédois.
Les neuf titres regorgent de riffs rapides mais aussi de passages largement fédérateurs. Les atmosphères sont grisantes, les mélodies sont complexes et riches, le chant est dévastateur. Si les amateurs d’AMON AMARTH devraient se retrouver en BEYREVRA, le groupe devrait également accueillir en ses rangs des fans de musique plus black grâce à des titres comme "Sentenced", "Erased" ou "Barren Tales".
Le très heavy et accrocheur "Beheading The Truth" devrait quant à lui ravir les moins extrêmes de vos ami(e)s (il faut savoir rester entouré).
Si le metal de BEYREVRA peut largement être apparenté au viking metal, question textes, il semble que l’album tourne autour de l’oppression de l’humanité par la religion, ce qui le rapproche plus des thèmes black metal. Quoi qu’il en soit, rapidité et efficacité sont de mises, et ce « Echoes: Vanished Lore Of Fire » présage d’un avenir glorieux pour le groupe.
(Aude Paquot)

Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
Ses autres publications

1 commentaire

User
ironie
le 25 févr. 2024 à 17:29
Merci encore pour toutes ces découvertes !
Fan de cette rubrique.
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