Nous avons quitté les Cherbourgeois SALÒ il y a tout juste trois ans avec la sortie de leur premier EP, « Sortez vos Morts », qui avait marqué d'un bon gros coup de rangers au derrière la scène extrrême hexagonale. Un disque qui, comme je le disais à l'époque : « fleurait bon le crust, boursouflé de mid-tempos crasseux sur lesquels vient se greffer un enrobage black des plus virils, qui assurera de nombreuses heures sombres à ceux qui s'y fourvoieront ». Le constat est à peu près identique aujourd'hui avec cet album, à la différence près que le groupe a poussé encore plus dans le rouge tous les potards, ajouté une bonne louchée de black dans son crust tout en optant pour un un son d'une puissance ahurissante.
Oui, SALÒ a donc une nouvelle fois poussé son crust/black dans ses ultimes retranchements. Qui l'eût cru ? Et pourtant le potentiel de destruction est clair, le groupe est plus que jamais décidé à en découdre et le démontre sur un doublé d'ouverture "Un Homme ça ne s'empêche" / "Le Goût du Sang" aux allures de déclaration de guerre. Une guerre totale, où la section rythmique taille-patron pilonne tout du long des trente-neuf minutes de cet « Appel du Néant » en envoyant missile sur missile (le redoutable "Est-ce à mon Avenir ?" en laissera plus d’un sur le carreau) avec des sommets de violence comme elle n’en avait jamais atteint auparavant. Il faudra à ce titre attendre le septième morceau, "Et pourtant J'essaie", où MÜTTERLEIN vient s'associer à la noirceur ambiante pour souffler un tant soit peu après ce déluge de violence. Un morceau tout en nuances qui n'en reste pas moins percutant, à sa manière... et en prenant son temps.
Parsemé également de nombeux samples glauques à souhait, de quelques claviers obsédants et d'un paquet de riffs dissonants en diable, « L'Appel du Néant » a des allures d'aller-simple pour l'enfer. Et porte le groupe, aux côtés de ses compatriotes PILORI, BAIN DE SANG ou PLEBEIAN GRANDSTAND, dans ce qui se fait de mieux en la matière. Il ne faut pas oublier également l'équipe ici aux manettes, reconduite depuis le premier EP. L'enregistrement est signé Manu Laffeach, le mixage façonné par les mimines expertes de Cyrille Gachet et le mastering réalisé par l'incontournable Alan Douches, le tout accouche d'un résultat titanesque. La pochette apocalyptique étant quant à elle encore l'oeuvre de CLLK Artwork. On ne change pas une équipe qui gagne me souffle-t-on dans l'oreillette.
Est-ce la présence à quelques kilomètres de Cherbourg de l'usine de la Hague, spécialisée dans le recyclage des combustibles usés provenant des réacteurs nucléaires, qui confère à ce disque sa puissance de frappe atomique ? Ce qui est sûr, c'est que SALÒ signe avec ce premier album un mètre-étalon de violence et de sauvagerie qui fera la joie des plus têtes brulées d'entre vous. J'en suis, bien entendu.