20 février 2024, 18:30

MONKEY3

"Welcome To The Machine"

Album : Welcome To The Machine

Après nous avoir laissé en 2019 avec « Sphere », ce n’est pas sous la forme d’une étoile noire ou d’un trou noir que MONKEY3 réapparaît, mais à bord d’un étrange cube appelé « Welcome To The Machine ». Cette bienvenue est ironique au sens du thème abordé. En effet, cet album est la bande son d’une histoire inspirée par les films 2001, l'Odyssée de l'Espace, Matrix, Sunshine, Solaris et 1984, et il est question d’une machine qui n’est autre qu’une intelligence artificielle qui a réduit l’humanité à l’esclavage. Sujet ô combien actuel. D’ailleurs, si cet asservissement devait se produire ne serait-il pas plus le résultat de la crédulité collective de l’humanité, plutôt que d’une intelligence artificielle ? Si vous vous lancez dans la réflexion, vous bénéficierez d’autant de temps que vous le souhaitez par séquence de 46 minutes pour forger votre opinion. A noter que ce retour voit l’arrivée de Jalil à la basse, suite au départ de Kevin en 2021. Nous vous invitons donc à embarquer dans cette étrange machine cubique afin d’en explorer les cinq facettes qu’elle dévoile. Ce sera à vous d’en imaginer la sixième.

Commençons par un allumage qui avec ses dix minutes démontre que la création d’une intelligence artificielle n’est pas un exercice simple. Après une introduction crescendo dans laquelle on perçoit un battement de cœur, ''Ignition'' s’envole sur une rythmique dynamique et puissante, suivi d'un pont dominé par la basse pour arriver sur une partie emprunte de l’esprit floydien avant de s’envoler à nouveau dans un autre, plus metal, dirigé par les claviers et la guitare, avant de laisser se développer un solo de guitare tonitruant. Alors qu’il donne l’impression qu’il s'agit de la fin du morceau, un rapide break intervient sur la reprise du riff sur lequel le titre a commencé.

Sans rupture avec le morceau suivant, on retrouve l’étrange voix métallique qui rappelle celle de Xytah dans l’album « Anomaly » de S.U.P. en 1995. C’est à se demander si nous ne sommes pas en train d’assister à une forme de collision temporelle entre deux versions de la même histoire. Cette ''Collision'' ne se traduit pas immédiatement par une explosion sonore. Elle se laisse désirer avec une douce section rythmique qui accompagne les voix de la machine avec, dans un premier temps, la batterie qui donne le tempo avant que la basse ne vienne subtilement donner du rythme à l’ensemble. Un premier gimmick de guitare, tout en retenue, vient poser le thème principal du morceau avant de laisser place à un pont assuré par les claviers. Enfin, la section rythmique réapparaît pour laisser place à une nouvelle rythmique de guitare. Sorte de second couplet instrumental, puis c'est une explosion sonore emmenée par un solo de guitare, pour se terminer dans une sonorité métallique symbolisant l’immobilisation d’un objet en mouvement vennant d’en percuter un autre.

Alors que la transition vers ''Kali Yuga'' laisse l'écoute hésiter entre les grésillements d’une enceinte et une pluie battante, la guitare et le clavier empruntes de mélancolie débutent le morceau tranquillement avant que la section rythmique ne les rejoigne et permette à l’ensemble de décupler cette mélancolie qui emplit tout l’espace sonore et revient crescendo sur le thème principal et un superbe solo, avant de se terminer en douceur en retrouvant les grésillements du début. La sombre introduction de ''Rackman'' présente une première partie mélancolique, prolongeant la tristesse d’une humanité en proie à la dégénérescence. Le break permet à la basse d’introduire le thème suivant qui se développe par étapes pour atteindre son apogée sur le solo de guitare.

Avec ''Collapse'', le temps est venu de l’effondrement sur l’un des thèmes les plus populaires de PINK FLOYD que vous n’aurez aucun mal à reconnaître. Cette variation dynamisée dans un premier temps arrive sur une partie plus posée où la basse donne le rythme et ouvre l’espace pour le solo de claviers. Le break est dominé par la guitare d'un dynamisme entraînant permettant de finir sur une note d’espoir. Laissons nous l'espoir que la limite de la crédulité de l’humanité à se faire dominer par une technologie issue de son intelligence réside dans sa capacité à collectivement prendre conscience que la vraie intelligence n’est pas individuelle.

« Welcome To The Machine » de MONKEY3 est avant tout un album déconcertant. Si vous l’abordez avec les singles, vous aurez peut-être le sentiment d’un album sans intérêt et perché. Pourtant, au-delà de cette première impression, l'écoute de l'intégralité du disque vous offrira la possibilité d’en comprendre la construction et la profondeur. En considérant que cet album est la mise en musique d’une histoire qui nous est contée, cela n’est guère étonnant. Il est donc logique, dans un premier temps, de la lire dans son intégralité pour pouvoir la comprendre.

Blogger : Bruno Cuvelier
Au sujet de l'auteur
Bruno Cuvelier
Son intérêt pour le hard rock est né en 1980 avec "Back In Black". Rapidement, il explore le heavy metal et ses ramifications qui l’amèneront à devenir fan de METALLICA jusqu'au "Black Album". Anti-conformiste et novateur, le groupe représente à ses yeux une excellente synthèse de tous les styles de metal qui foisonnent à cette époque. En parallèle, c'est aussi la découverte des salles de concert et des festivals qui le passionnent. L'arrivée d'Anneke van Giersbergen au sein de THE GATHERING en 1995 marquera une étape importante dans son parcours, puisqu'il suit leurs carrières respectives depuis lors. En 2014, il crée une communauté internationale de fans avant que leur retour sur scène en juin 2018 ne l'amène à rejoindre HARD FORCE. Occasionnellement animateur radio, il aime voyager et faire partager sa passion pour la musique.
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK