3 février 2024, 23:54

MASS HYSTERIA + ODDISM

@ Oignies (Le Métaphone)


MASS HYSTERIA, porté par le succès des deux « Tenace », traverse la France dans une tournée triomphale. L’étape de Oignies, comme partout ailleurs, affiche complet : un millier de furieux sont prêts à être positifs à bloc, à vivre, en bons émotifs impérieux, une expérience d’osmose parfaite. C’est l’heure d’oublier les failles, c’est le moment du grand réveil pour tous les chiens de la casse devenus loups.

Assister à un concert des MASS, c’est comme vivre une grande réunion de famille... Attention, pas celle, empesée et lourde, d’un réveillon de Noël pénible, non, plutôt des retrouvailles jouissives et festives avec des amis si proches qu’ils sont devenus nos cousins ou nos frères. Dans le sillage d’un Mouss intelligemment bavard, le groupe affiche une joie réelle, une envie non feinte d’en découdre, la foi au coeur, la rage au ventre mais le sourire aux lèvres.

Le chanteur, impeccable dans son polo, barbe et cheveux blanchissants, ne cesse d’apostropher « les furieuses, les furieux » , « les filles, les garçons ». Il serre plus de mains qu’un homme politique en campagne, tend son micro au premier rang, s’empare des téléphones portables pour filmer depuis la scène, appelle même la mère d’un spectateur déclenchant des « Patricia, Patricia » dans une salle survoltée. Les fans de tout âge se lancent dans des slams ininterrompus, prennent possession de la scène avant qu’un roadie, gentiment, ne les incite à plonger dans la foule. Le frontman est taquin, vantant les mérites du public de Rouen, se sent redevable – « On est là grâce à vous, vous êtes des bâtisseurs de rêve ! » ou « Votre adrénaline, c’est notre came » – et se montre généreux, servant des verres d’une bière spécialement brassée pour ce concert made in Pas-de-Calais.

Ses acolytes, à l’image du bassiste Jamie Ryan, ne sont pas en reste... même si le dreadlocké Frédéric Duquesne et le musculeux Yann Heurtaux se montrent plus discrets, arpentant toutefois les planches avec conviction. Dans un décor qui évoque une matière... grise, entouré d’un M et d’un H de bonne taille, avec des estrades qui permettent aux musiciens de se mettre au niveau de la batterie, MASS HYSTERIA assène ses tubes dotés de refrains qui claquent comme des slogans, portés par des rythmiques qui craquent comme des os qui se briseraient.

Le concert débute en douceur avec l’hypnotique "Mass Veritas" si bien accueilli que Mouss avoue avoir « déjà les poils ». Il explose ensuite en un feu d’artifice qui durera jusqu’au bouquet final, l’emblématique "Plus que du Metal", précédé d’une petite pique à l’encontre des Victoires de la Musique qui, année après année, snobent le genre. Oh, les intenses "Chien de la Casse", "Vae Soli" et "Nerfs de Boeuf" ! Ah, la belle "L’inversion des Pôles" ! Eh l’étonnant "Le Grand Réveil", avec ce sample de la chanteuse d’avant-guerre Fréhel qui fait osciller les spectateurs de gauche à droite, de droite à gauche, parenthèse apaisée dans les pogos endiablés et les walls of death gargantuesques. Sans oublier l’émotion qui précède "L’enfer des Dieux", en hommage aux victimes des guerres et attentats, saluées d'un doigt vers le ciel.

Les ultra efficaces derniers albums – 7 titres pour les deux « Tenace », 5 pour « Matière Noire » et 4 pour « Maniac » – sont à l’honneur mais les classiques, comme "Contraddiction", qui offre un bond dans les années 90 finissantes, ou l’hymne "Positif à Bloc" sont bien évidemment joués. Durant les rappels, "Furia" voit Mouss devenir une sorte de Jacques Martin qui invite les enfants à monter sur scène puis discute avec l’un d’entre eux, particularisent en forme. Dans cette fête de famille d’une heure 45, les bambins, bien sûr, sont les bienvenus !

Auparavant, ODDISM, qui a sorti « With The White Tiger » fin 2023, avait livré une prestation aussi brutale que tortueuse. Son mathcore donne l’impression de chuter à mille à l’heure d’une falaise vers une mort certaine... mais, soudain, au détour d’un zeste mélodique, l’espoir de s’accrocher à une banche surgit, avant de disparaître aussitôt dans un breakdown massif, et le plongeon reprend.

Tout de noir vêtus les musiciens assènent leurs compositions complexes avec intensité. Le guitariste descend dans le public... et le chanteur en fait de même, demandant, et obtenant, un circle-pit autour de lui pour conclure 30 minutes brûlantes ; white light, white heat !

Blogger : Christophe Grès
Au sujet de l'auteur
Christophe Grès
Christophe a plongé dans l’univers du hard rock et du metal à la fin de l’adolescence, au tout début des années 90, avec Guns N’ Roses, Iron Maiden – des heures passées à écouter "Live after Death", les yeux plongés dans la mythique illustration du disque ! – et Motörhead. Très vite, cette musique devient une passion de plus en plus envahissante… Une multitude de nouveaux groupes a envahi sa vie, d’Obituary à Dark Throne en passant par Loudblast, Immortal, Paradise Lost... Les Grands Anciens – Black Sabbath, Led Zep, Deep Purple… – sont devenus ses références, comme de sages grands-pères, quand de jeunes furieux sont devenus les rejetons turbulents de la famille. Adorant écrire, il a créé et mené le fanzine A Rebours durant quelques années. Collectionneur dans l’âme, il accumule les set-lists, les vinyles, les CDs, les flyers… au grand désarroi de sa compagne, rétive à l’art métallique.
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