29 janvier 2024, 18:20

NEW MODEL ARMY

"Unbroken"

Album : Unbroken

Voilà un survivant de l’ère de néon. Qui de nous a 40 ou 50 ans aujourd’hui se souvient du plaisir éprouvé à l’écoute du rock alternatif et rebelle de NEW MODEL ARMY, de ses hits comme "Better Of Them" ou "Vagabonds". Perdu dans les productions actuelles et neo-extrêmes en tout genre, j’avoue un peu l'avoir oublié. Un rattrapage s’impose, avec sa nouvelle réalisation « Unbroken ». Pas cassé ? Je l’espère bien.

"First Summer After" a un magnifique goût d’automne, de nostalgie douce amère. Guitares aériennes et acoustiques, une rythmique post-punk typique et cette voix claire comme l’eau d’une rivière d’Ecosse. C’est beau mes amis, vraiment beau.
NEW MODEL ARMY semble ne pas avoir pris une ride. Pas de compromis moderne, des beats qui rappelle NEW ORDER et des riffs qui parlent le "Langage" des premiers U2 et autres SILENCERS. Nostalgiques des années 80 (et je réponds "preums" !), rendez-vous nous est donné sur ce disque. Le groupe anglais est gonflé à bloc, chargé, "Reloaded" rappelle les chants de rébellion, les discussions animées de fin de soirée dans un pub du nord de Londres. La basse s’emballe, le refrain est un proto "Smells Like Ten Spirit", Sullivan nous harangue et nous reprenons les refrains.

"I Did Nothing Wrong" a la texture d’une bonne vieille ballade irlandaise, les guitares se faisant minimales et le chant intimiste. "Cold Wind" lui emboîte le pas, pour une randonnée encore plus personnelle et rock. "Coming Or Going" est l’occasion d’une danse de club sauvage, telle qu’on en concevait quand ils étaient électriquement indie-rock. Pas de la soupe, du rock abrupt à la basse et batterie malmenées. Un moment cathartique. "If I Am Still Me" ? Oui NEW MODEL ARMY n’a pas changé, sa constance est notre bonheur, du pur post-punk sans concession, l’honnêteté d’un single malt. Quant au mixage, il est parfait dans la restitution de toute une époque, simple, sobre. Une ère qui se voulait insouciante, pour aujourd’hui se révéler être une perle d’archéologie musicale. J’adore.

Les titres défilent, fidèles ambassadeurs d’un groupe au son de "Legend". Un minimal rock pourtant pas compact tant il touche notre fibre sentimentale à tous les niveaux. "Do You Really Want To Go There?", la force de NEW MODEL ARMY est également dans les cordes, vocales, d’un chant sincèrement bouleversant, où l’on se sent concerné malgré la barrière de la langue, c’est d’une grande force cette authenticité. Sullivan parle d’une époque, d’un peuple, celui des classes sauvages et apatrides. Ces gens qui sentent le cuir de leurs Doc Martens et de la bière tiède. Vous allez me dire que j’en écris des tonnes, mais écoutez d’abord cet "Idumea" et son parfum de rythmique tribale, ses guitares légères et son chant aussi profond que celui d’un druide millénaire avec ses acolytes pré pubères. Oui, NEW MODEL ARMY a composé un album historiquement chargé de l’âme du british-rock dans toute sa classitude.

NEW MODEL ARMY nous salue à travers "Deserters", hypnotique et post-punk, assez rythmé pour que l’attente, avec impatience, de la tournée des salles qui s’annonce. Le rendez vous est pris avec ce NEW MODEL ARMY incroyablement rock, et bienvenu parmi nous en ces temps tristes !

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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