4 février 2024, 17:12

SHAÂRGHOT

Interview Étienne Bianchi & Brun'O Klose


Aujourd’hui on peut l’affirmer bien haut, SHAÂRGHOT est définitivement devenu un groupe incontournable. Et comme vous le savez déjà, cette bande de joyeux drilles n’a pas que le souci du détail auditif. Pour preuve, c’est dans une atmosphère proche de celles de leurs concerts, qu’Etienne et Bruno nous ont accueillis pour dévoiler les petits secrets de leur dernier album. Ce « Vol. III - Let Me Out »​, qui fait encore rimer cyber-punk loufoque avec industriel fantaisiste, dépassera sans détours les attentes des fans. Quant à nous, on n'a pas été déçus de cette rencontre du troisième type pleine d’humour.
 

C’est la troisième fois que nous nous rencontrons Etienne, décidément !
Etienne : Ha déjà, il m’en manque une alors, mais ravi.

Et depuis, on peut vraiment dire que SHAÂRGHOT a décollé, est-ce que vous vous attendiez à cela ?
Bruno : Non, mais on se doutait qu’il y aurait quelque chose. On voyait bien qu’il y avait une progression, une montée en puissance. Même si cela avait été stoppé net avec la pandémie...

Ce confinement, vous l’avez vécu comment ?
Etienne : Même si au début nous ne l’avons pas bien vécu, je pense qu’au final cela a été bénéfique. On s’en est bien sortis par rapport à d’autres, cela nous a permis de nous poser. Pour ma part, j’ai pu écrire une bonne partie de l’univers de SHAÂRGHOT, le fameux bouquin accompagné d’un jeu de rôle papier. Je compte le sortir d’ici un an, je voulais faire cela depuis longtemps. Il y a eu aussi le clip "Black Wave" qu’on n’aurait jamais pu faire sans cette interruption. Beaucoup de gens se sont retrouvés avec absolument rien à faire, notre projet à donc été porté par énormément de personnes qui voulaient créer quelque chose, cela a été une super aventure humaine. Et enfin il y a eu le HEllfest From Home, trois événements donc importants durant cette période, moins de concerts que prévu, mais au final on a gagné au change.

Cela doit être une expérience assez singulière de jouer au Hellfest sans public, non ?
Bruno : Nous étions privilégiés de jouer sur le site du Hellfest alors qu’il n’y avait personne, peu d’artiste peuvent le dire. Mais c’est assez frustrant car tu te dis qu’on aurait pu le faire devant les 40 000 personnes de cette mainstage, car en fait il y en avait zéro (rires). Après, tu vois toute la mise en scène avec les colonnes de flames, il y avait aussi des petits drones qui passaient entre les jambes pour filmer, c’était juste pour nous et c’était un truc dingue ! Le lendemain, tu te réveilles en te disant que tu as fait quelque chose de génial, mais ce n’est pas pareil, car le public te donne une énergie que tu gardes en toi.
Etienne : Je l’ai vécu un peu différemment de mon côté, c’était comme si nous étions dans une pièce fermée et que les caméras étaient des œillets par lesquels les gens nous regardaient. Il y avait bien les 40 000 personnes derrière chaque caméras ou drones, mais c’était à moi d’aller les chercher. Je l’ai plutôt vécu comme une expérience inédite, cela ne nous arrivera plus jamais.

Vous avez récemment joué à l’Élysée Montmartre, comment sont accueillis vos nouveaux morceaux ?
Etienne : On avait déjà commencé à les jouer un petit peu avant, et à chaque fois nous avons vu que les retours étaient très bons. Cela nous a pas mal mis en confiance sur la réception du nouvel album. D’ailleurs, depuis sa sortie nous n’avons que des retours positifs ! On nous dit que c’est l’album le mieux produit, et qu’il n’y a rien à jeter.
Bruno : Dès septembre dernier nous avons diffusé des titres tous les 15 jours, on a fait monter la pression.

Dans votre discographie c’est le "Volume III", par rapport aux précédents comment se situe l’histoire qui est racontée ?
Etienne : On est dans la continuité de l’histoire, et ils auront tous un numéro de volume. Dans celui-ci on n’est dans un contexte d’émeute urbaine, il y a quelques districts qui sont tombés, et pas tous aux mains des Shadows, certains gangs s’en sont emparés. La loi martiale a été instaurée dans certains, mais pas dans d’autres, en tout cas ça va très mal ! Les Shadows se sont enfin décidés à sortir des souterrains et ils ne se cachent plus vraiment, on est dans quelque chose de beaucoup plus violent et sombre, donc on retrouve moins ce côté comique que tu pouvais avoir dans les précédents albums, même si cela reste un peu.

D’ailleurs, tu es toujours le compositeur majoritaire, ou tu as décidé de partager un peu plus le travail ?
Etienne : J’ai laissé une petite marge de plus effectivement. Déjà parce que ça fait super longtemps qu’on joue ensemble et qu’on se connait bien, à force ils commencent à savoir ce que je veux. Les échanges se font de façon beaucoup plus simple. En soit, composer du SHAÂRGHOT je sais faire, mais au bout d’un moment le faire seul c’est moins drôle et je n’ai plus beaucoup d’intérêt à faire cela tout cela de mon côté. J’ai besoin de me laisser surprendre, et d’avoir tout simplement des partenaires de jeu, nous avons des influences musicales très différentes. Il y a de ce fait beaucoup de choses qui ont été composées avec Paul le nouveau membre, Clémence a aussi fait pas mal de propositions. Tout comme Bruno qui m’a même apporté une moitié de morceau, ce qui est inédit parce qu’en général c’est toujours moi qui commence les compositions, et cela m’a plu tout de suite.

Est-ce parfois un peu compliqué pour toi Bruno de retranscrire à la guitare ce que te demande Etienne ?
Bruno : Des fois je me dis qu’il est allé un peu loin (rires). Ce n’est pas une question d’exigence ou de difficulté, chez SHAÂRGHOT tu n’es jamais dans une zone de confort, tu vas toujours avoir un truc qui est tordu et tu ne l’entends pas forcement...
Etienne : Et cette note tu dois aller la chercher au-dessus du manche (rires). Si je leur demande c’est parce que je sais qu’ils en sont capables, je ne vais pas leur demander de jouer du DRAGONFORCE. Vous allez me maudire quelques heures, et après vous allez me dire que c’est cool !
Bruno : On voulait avoir un album qui tranche avec les autres, la manière de fonctionner a été complément chamboulée. Les deux précédents ont été réalisés chacun de notre côté, puis assemblés. Cette fois nous avons tout fait ensemble, à raison de deux week-ends par mois, nous avons répété des morceaux pour voir si cela pouvait tourner et ils n’étaient pas encore aboutis, mais c’était pour donner la tendance. En parallèle de cela nous sommes allés en studio, on nous a présenté Thibault qui a travaillé avec IGORRR, Carpenter Brut et Perturbator. Il a accepté de travailler sur l'album en tant qu’arrangeur et mixer, il est venu en studio avec nous pendant six jours. D’ailleurs, on a voulu se mettre au vert, on est allé au Black Box dont le studio se trouve dans la grange et où il y a une dépendance pour dormir.
Etienne : Le matin tu te réveilles, pendant le petit déjeuner tu vois Bruno qui est en train de gratter avec son casque et son ordinateur, puis tout le monde se met à travailler, on faisait tellement que ça toute la journée, qu’on était couché à 23h00 (rires).


Sinon, on voudrait bien avoir des nouvelles de Scarskin...
Etienne : (rires) Oui il est revenu récemment, il va bien. En tout cas il est entier, on l’a un peu ventilé car il s’était prit quelques camions dans la gueule. Mais on a recollé les morceaux et il est de nouveau opérationnel, il gambade maintenant.
Bruno : Il était là pour l’Élysée Montmartre, à Lille et Rennes.

Tu as une inspiration débordante Etienne, est-ce que tu as un secret pour l’entretenir si jamais tu te retrouvais en panne ?
Etienne : Je peux avoir un manque d'imagination sur un sujet, mais pas de façon globale. Donc si je n’arrive pas à aller dans telle direction ou si je bloque sur une composition, je ne me force pas. J'imagine tout le temps, tous les jours et des tas de choses, c'est même parfois un souci parce que ça m'arrive de switcher en pleine conversation. Cela m’est même arrivé une fois sur scène, j'étais en train de chanter et je regardais la foule de gens en train de se foutre sur la gueule, et là j’ai scotché en mode « c’est trop génial ! », à tel point que j’ai oublié de chanter ! (rires)

As-tu déjà pensé à faire évoluer les personnages de ton univers ?
Etienne : Oui on va les faire évoluer, mais ce n’est pas à l’ordre du jour. On est encore en phase de développement par rapport au projet.
Bruno : Ce sont déjà des personnages à part entière maintenant, donc tu peux changer leur tenue mais c’est tout.
Etienne : C’est un peu comme les membres de GORILLAZ, d’année en année ce sont toujours les mêmes avec des fringues différentes, le batteur un peu grognon ou le bassiste skinny. Dans SHAÂRGHOT nous avons à faire avec des archétypes, donc cela ne changera pas spécialement. Si c’est le cas, cela sera plutôt dû à l’histoire personnelle d’un des membres du groupe. Supposons que quelqu’un devienne borgne, alors j’arriverais bien à ajouter quelque chose à l’histoire.


Il y a quelques années, je t’avais demandé si tu préférerais jouer au Hellfest ou au Wave Gotik Treffen. Maintenant que tu as participé aux deux, lequel tu préfères ?
Etienne : Hellfest (rires), je suis désolé je ne changerai pas d‘avis là-dessus ! Pour la simple et bonne raison que le public allemand est beaucoup moins expansif. Ils sont réceptifs mais ne vont pas le montrer, ou très peu et personnellement je m’y retrouve moyennement. Avec les fans de metal tu vois tout de suite s’ils aiment et te donnent de l’énergie, j’aime beaucoup échanger avec eux.
Bruno : Si un jour on a la chance de jouer devant un public anglais, je suis sûr que ce sera le feu. Avec les Allemands on a l’impression qu’au niveau ressenti c’est plus délicat, mais en fait nous avons été super bien accueillis, d’ailleurs nous allons retourner pas très loin de Leipzig pour deux soirs.

Pour terminer, est-ce que vous auriez une petite anecdote "Spinal Tap" à nous raconter ?
Etienne : Nous en avons forcement une (rires). Peut-être cette fois ou tu as perdu ton médiator dans un décolleté ?
Bruno : Ce n’était pas de ma faute !... Plutôt la fois avec le festival qui nous avait demandé de ne pas boire avant de jouer (rires).
Etienne : Sinon il y a Montpellier où une fille est montée sur scène et a commencé à me twerker dessus. Je n’ai pas compris pourquoi et je l’ai gentiment virée avec mon pied au cul... c’est hors-sujet Micheline !
 

Blogger : Jérôme Graëffly
Au sujet de l'auteur
Jérôme Graëffly
Nourri dès son plus jeune âge de presse musicale, dont l’incontournable HARD FORCE, le fabuleux destin de Jérôme a voulu qu’un jour son chemin croise celui de l'équipe du célèbre magazine. Après une expérience dans un précédent webzine, et toujours plus avide de nouveautés, lorsqu’on lui propose d’intégrer l’équipe en 2011, sa réponse ne se fait pas attendre. Depuis, le monde impitoyable des bloggers n’a plus aucun secret pour lui, ni les 50 nuances de metal.
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