26 mai 2013, 6:02

Les légendes peuvent-elles échapper à leur passé ?

 

Récemment, un lecteur de Pau m’enjoignait de faire abstraction du passé afin de réévaluer ma critique du dernier DEEP PURPLE.

 

 
En suivant son raisonnement donc, il fallait oublier les grands classiques purpliens que j’écoute depuis ma plus tendre enfance pour juger un album que je trouvais disons-le tout à fait faiblard. Suffit d’écouter le dernier et autrement plus convaincant BLACK COUNTRY COMMUNION de Glenn Hughes, autre survivant du pourpre profond pour s’en convaincre.
 
Bref, pour bien juger ce dix-neuvième opus de DEEP PURPLE, comme le disait jadis Homère : « il faut laisser le passé être le passé. »
Pas si simple, en vérité.
 
Sur le fond, cher lecteur de Pau, je ne suis pourtant pas en désaccord avec toi. La nostalgie camarade, ce n’est clairement pas pour moi. Les « c’était mieux avant » m’ont toujours couru sur le système et même en avançant en âge, cela n’a pas faibli. Tout comme est resté intacte ma joie de découvrir sans cesse de nouveaux groupes.
 
Cependant dans le cas de la musique et plus particulièrement des grands groupes classiques, les choses ne vont pas de soi.
 
Qui irait écouter DEEP PURPLEaujourd’hui s’ils n’avaient pas commis ce chef d’œuvre absolu qu’est « Machine Head » et les trois autres albums de l’incarnation MarkII ? Cela s’applique pareillement à Iggy que j’ai chroniqué depuis. Qui irait écouter « Ready To Die » (pourtant d’excellente teneur), s’il n’y avait eu « Raw Power » et le premier album des Stooges ? Cela s’applique aussi à BLACK SABBATH qui revient et tant d’autres.
 
Que cela nous plaisent ou pas, force est de constater que ces groupes-là fonctionnent sur leur passé. Pour ne pas dire sur une forme de nostalgie que je qualifierais d’active puisqu’ils créent toujours. Toutefois, voyons les choses en face : ces disques, même bons, ce qui est le cas je le répète du Iggy, ne sont plus des disques importants ou très rarement (dans un autre genre, les derniers Johnny Cash par exemple, produit par Rick Rubin s’inscrivent parmi les meilleurs albums de l’homme en noir).
 
Simplement, demandons-nous objectivement ce qu’ils peuvent représenter, voire incarner pour des ados d’aujourd’hui évoluant dans un monde qui n’est clairement pas celui des stars des 70’s ?
Et ce, sans perdre de vue que ces gens ont quand même l’âge de leurs grands-parents !
 
2012 © Fred Moocher - Hard Force
 
Oui mais, objecte-t-on, ils font salle comble. Et alors ? Ça ne signifie pas grand-chose. STATUS QUO remplit toujours des salles pourtant aucun des gamins que je connais (et comme mes enfants sont de jeunes adultes, j’en vois défiler), aucun d’eux, je dis bien aucun ne connait STATUS QUO !!! Des vieux groupes vraiment écoutés il reste en gros le Zep, Les STONES, AC/DC, MAIDEN, plus quelques autres et curieusement des trucs pointus genre VELVET ou Neil Young... Ok ! J’exagère un poil, mais pas tant que ça sur le fond.
 
Voilà pourquoi, Cher lecteur Palois, DEEP PURPLE ne peut pas être jugé en faisant abstraction du passé. Car justement il est comptable de ce formidable passé. C’est même précisément sa raison d’être ! Lui et tous les autres dans ce cas ne sont que des survivances convaincantes pour certains, moins pour d’autres, d’une époque révolue. La preuve ? 80% du répertoire live de DEEP PURPLE est fondé sur « Machine Head » (joué presque intégralement), « In Rock » et un poil de « Fireball » et de « Who Do We Think We Are », ce que personnellement je déplore.
 
Et quand ils sortent un nouvel album qu’on le veuille ou pas, il est naturellement étalonné à ce pourquoi on les aime. Ce n’est peut-être pas une bonne chose. Mais si d’autres comme moi le font systématiquement, c’est peut-être aussi parce que ces albums ne sont pas purement créatifs. S’ils étaient exceptionnels, s’ils rebattaient les cartes, on n’en serait sûrement pas là. Pour faire plus récent, le dernier PEARL JAM ou celui des FOO FIGHTERS n’ont pas été jugé à l’aune de leur glorieux ainés pour la bonne et simple raison qu’ils ne se contentaient pas d’être supers bons. Ils prenaient d’emblée une place de choix dans leurs discographies respectives. Ils posaient un nouveau jalon. Les fans, d’ailleurs, ne s’y sont pas trompés puisqu’ils les ont acheté en masse.
 

Et je persiste et signe, le dernier PURPLE n’est pas de ce bois-là.

 

 

 

 
Blogger : Marlo Music World
Au sujet de l'auteur
Marlo Music World
Surnommé Marlo par ses potes à cause de sa passion pour les polars et les chapeaux, Laurent Ducastel est un auteur qui sévit à la fois sur papier, livres et BD ou sur écran dans des documentaires. Il a aussi officié dans divers magazines musicaux dont HARD FORCE MAG évidemment. Le film qu’il a coécrit avec son compère Cédric Tourbe, « Jacques Foccart, l’homme qui dirigeait l’Afrique » a été récompensé d’une Etoile de la SCAM 2011.
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK