30 décembre 2023, 18:52

VOICE OF RUIN

Interview Nicolas Haerri & Randy Schaller


Au-delà de sa signification festive et plus familière, l’épiphanie est avant tout une illumination permettant de comprendre une notion dans sa globalité. « Cold Epiphany » est aussi le nom du dernier album des Suisses VOICE OF RUIN, dont la nativité a pris quatre années d’un travail inspiré et sans relâche. Déjà considérés comme un des fleurons de la scène metal helvétique, leurs riffs surpuissants alliés à cette production ultra léchée devraient convertir les derniers indécis.
 

Votre nouvel album « Cold Epiphany »​ est sorti le 1er décembre, comment vous êtes vous sentis en attendant cette date ?
Randy : Nous étions assez détendus. Tout était prêt et le plus "dur" était passé, il ne restait plus qu’à assurer notre premier vernissage.
Nicolas : C'était le 15 décembre à Lyon, qui est le hometown du groupe... même si plus aucun d’entre nous ne vit là-bas. Nous étions sereins et super contents, ce qui n’a pas toujours été le cas.

Pour ce quatrième album j’ai cru comprendre que vous avez changé votre façon de procéder ?
Nicolas : Il y a des albums où à la fin de l’enregistrement nous étions à deux doigts de nous taper dessus, VOICE OF RUIN est un groupe sanguin (rires). Auparavant pour « Acheron », nous étions au Fredman Studio à Göteborg avec Henrik Udd et Fredrik Nordström (connu pour leur travail avec IN FLAMES, ARCH ENEMY, DIMMU BORGIR). Et pendant trois semaines, tu as beaucoup de pression juste pour enregistrer, sans compter que tu n’as pas beaucoup de place pour changer un morceau. Cette fois pour « Cold Epiphany », cela nous a pris quatre ans. Certes il y a eu le COVID, donc deux ans de perdues pour tout le monde, mais là nous avons pris le temps de faire une quarantaine de démos jusqu’au bout, et nous en avons gardé que neuf. Nous avons discuté de ce que l’on voulait faire, et pas faire. Une fois qu’on a commencé à composer, nous étions dedans et nous avons tout enregistré nous-même.

En effet, « Cold Epiphany »​ est en autoproduction, pourtant vous étiez signé chez Tenacity Music ?
Randy : En fait Tenacity Music a arrêté ses activités, comme beaucoup de label indépendant c’est compliqué pour eux. Il y avait une excellente entente avec l'équipe, mais on savait depuis longtemps que tout devait être fait par nous-mêmes pour cet album. Au final nous n’avons pas besoin de label, surtout à notre stade, si tu n’es pas signé chez Metal Blade ou Nuclear Blast cela ne va pas t’apporter grand-chose. En Suisse nous avons une bonne renommée, donc la distribution est d'accord pour nous prendre en indépendant, ce qui fait un intermédiaire en moins. En revanche cela donne un peu plus de travail, mais au final ce sont des choses qu’on savait déjà faire.

En tout cas pour le mastering vous avez fait appelle à Mike Kalajian (PERIPHERY, HE IS LEGEND, DRAIN...), dans quelle mesure son travail a été personnalisé à VOICE OF RUIN ?
Nicolas : Le groupe voulait que je masterise aussi, et avec le batteur on s’est dit qu’il fallait une oreille extérieure. J’avais vraiment aimé ce que Mike a fait sur le dernier PERIPHERY, même si je n’aime pas tout du groupe, le mixage était hyper intéressant. A savoir un spectre bas qui est d’habitude enlevé dans les albums modernes, car ce sont des fréquences en quelque sorte maudites. Autant pour les autres tu as l’impression qu’il le passait dans une chaine de plugins déjà configurés. Donc, dès le début il nous a demandé de bien lui expliquer ce qu’on voulait. Je lui ai dit qu’il fallait que ça sonne fort avec beaucoup de basses. Il nous a fait un mastering un peu spécial, tout en analogique. Et c’est la première fois où l’on valide un master dans sa première version.

Est-ce que VOICE OF RUIN est groupe perfectionniste ?
Nicolas : Peut-être un peu trop. Mais nous sommes comme cela, pour nous ce n’est pas possible de sortir un album et de se dire « ça va le faire ». C’est justement ce côté frustrant que nous avons ressenti avec les autres albums, il y a quelques morceaux dont nous sommes contents et on voudrait qu’ils soient tous aussi biens. Mais pour une question de temps, avec la promotion qui arrivait et d’autres contraintes qu’on n’avait pas il y a 15 ans...
Randy : Oui on s’est bien trouvé ! Après la musique il faut effectivement faire des clips, il y a aussi les plateformes de streaming, les visuels pour Instagram et Facebook... Lorsqu’on a commencé, en gros il fallait juste un Myspace, un logo et sortir un disque dans une pochette carton tous les 4 ans.

Avec ce niveau d’exigence, arrivez-vous tout de même à être pleinement satisfait de vos albums ?
Randy : Toujours, pour d’autres albums quand on y réfléchit, il y a toujours plein de détails qu’on aimerait faire différemment, mais pas pour celui-ci. Après, c’était surtout le cas pour les premiers albums, maintenant je me dis qu’un disque c’est une photographie d’un moment précis dans la vie d’un groupe, et une fois que c’est passé, c’est passé !

Qui compose parmi vous ?
Nicolas : Principalement moi, et de temps en temps Erwin notre bassiste. J’ai toujours considéré qu’une fois la démo envoyée, c’est la composition du groupe. D’habitude je fais plusieurs maquettes et je les envois au reste du groupe, on me fait des retours et on va au local de répétitions, puis en studio. Et pour la première session d’enregistrement de « Cold Epiphany », nous avons loué une maison pour quelques jours. Nous avions juste deux titres composés ensemble auparavant, ce qui nous a donné une direction dans laquelle aller.

Et au niveau texte ?
Nicolas : C’est Randy qui écrit la plupart des textes. Du moment qu’il y a un sujet qui tient la route et qu’il raconte quelque chose, c’est le plus important. On a fait tellement de choses différentes au niveau des paroles : historiques, actualité, films d'horreur ou fiction. Souvent on lui demande d’écrire selon le titre qui nous est venu lors de la composition.
Randy : Je leur demande ce qu’ils ont dans la tête et cela va m’inspirer. Par exemple "Cold Epiphany", qui est le dernier titre de l’album et le premier composé, était le nom de travail de la composition. Je trouvais que ce titre était cool pour la chanson, et je suis allé me renseigner sur internet. Il y avait bien évidement le coté religieux, mais d’autres signification comme celle de l’apparition avant la mort, la révélation, ce qui m’a inspiré pour un clip.

J’avais justement en tête votre clip pour "Bloody Salvation" aux accents horrifiques ?
Nicolas : Cédric le réalisateur est un grand fan de films d'horreur un peu rétro comme Randy, on a vraiment aimé son esthétique.
Randy : Tout s'est fait dans une période où l’on n'avait pas le temps ; entre nos jobs et nos familles, c’était une année infernale. Donc tout le groupe ne pouvait pas rencontrer le réalisateur pour en discuter, et c’est moi qui y suis allé. En discutant, il a compris qu’on voulait quelque chose d’encore plus gore que ce qu’il avait prévu. En tout cas la télé locale nous a censurés, j'ai envoyé le premier et ils m’ont dit non, je n’ai donc pas envoyé les deux suivants (rires). Pour le dernier clip, on l’a vraiment écrit tous ensemble. Ce n’est pas uniquement Cédric qui a décidé du scénario, car nous avons amené une idée de base.


Vous avez déjà réalisé de très belles dates dans le passé, prévoyez-vous d'en faire d’autres prochainement ?
Nicolas : Mis à part notre release-party, nous avons quelques festivals l'été prochain qui vont être annoncés. Nous espérons faire une première partie en début d’année en France, c’est un des pays dans lequel on a le plus tourné et on adore, nous sommes toujours bien reçus.
Randy : Comme on s’occupe de tout nous-mêmes, nous avons mis toute notre énergie sur la promotion, la suite sera réservée à boucler les dates.
(Le groupe sera sur les dates de ILLUMISHADE et AD INFINITUM le 8 mars au Dynamo de Zurich et le 9 mars aux Dock de Lausanne)

A ce propos, arrivez-vous facilement à conjuguer vie privée et musicale ?
Randy : Au début c’était plus simple, étudiant ou nouveau sur le marché de l’emploi, pas forcément en couple et donc plus disponible. On avait tous plus ou moins aménagé notre vie pour le groupe. Puis la pandémie est arrivée, puis on a tous dépassé les 30 ans, on a alors plutôt aménagé le groupe en fonction de ce qu’on peut faire. Et pour l’instant cela marche bien, car au lieu d’en faire beaucoup, on en fait moins mais mieux ! C’est un peu notre devise.

Pour terminer, est-ce que dans votre playlist actuelle il y a au moins un groupe français ?
Nicolas : Il y a toujours GOJIRA dans ma playlist.
Randy : Et moi BLACK BOMB A.

J’ai envie de vous poser la même question avec au moins un groupe Suisse ?
Nicolas : Nous attendons avec impatience le nouveau SYBREED, et en ce moment j’écoute COILGUNS, ils sont dans cette même vague post-core de Genève dont fait partie IMPURE WILHELMINA.
Voiceofruin.com
 

  

Blogger : Jérôme Graëffly
Au sujet de l'auteur
Jérôme Graëffly
Nourri dès son plus jeune âge de presse musicale, dont l’incontournable HARD FORCE, le fabuleux destin de Jérôme a voulu qu’un jour son chemin croise celui de l'équipe du célèbre magazine. Après une expérience dans un précédent webzine, et toujours plus avide de nouveautés, lorsqu’on lui propose d’intégrer l’équipe en 2011, sa réponse ne se fait pas attendre. Depuis, le monde impitoyable des bloggers n’a plus aucun secret pour lui, ni les 50 nuances de metal.
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK