2 novembre 2023, 18:55

THE DEAD DAISIES

Interview John Corabi


Pour célébrer ses dix ans de carrière, THE DEAD DAISIES a sorti son premier best of en août dernier et qui compile les meilleurs chansons des six premiers albums studio avec, en guise de bonus, deux titres inédits. Le supergroupe mené par le guitariste David Lowy retrouve derrière le micro John Corabi qui avait quitté l’aventure en 2019 pour cause de rythme effréné, mais signe son retour à la suite du départ de Glenn Hughes. Côté basse, c’est leur ami depuis de nombreuses années, Michael Devin, qui reprends le flambeau. A cette occasion, John Corabi partage avec nous son plaisir de retrouver ses compagnons de jeu et son regard sur sa carrière avant le passage du groupe en novembre pour deux dates françaises.
 

10 ans de carrière depuis la sortie du premier album, c'était le moment idéal pour sortir un best of. Joyeux anniversaire !
Merci, c'est ahurissant en fait, ça fait déjà 10 ans ! On est super contents de repartir en tournée, on a déjà fait quelques dates en Amérique, un tas de concerts au Canada et au Japon. Maintenant c'est l'Europe, on attend le tout avec impatience. Ouais, on est très excités !

Ce best of est disponible en édition double vinyle et double CD, sans oublier le format numérique. Quel est ton support musical préféré ? Tu es plus un fervent défenseur du format analogique du vinyle ou plutôt un audiophile du streaming curieux, à l'écoute des nouveautés proposées par les plateformes en ligne ?
J'essaie toujours de comprendre l'industrie de la musique pour être parfaitement honnête avec toi. Je n'ai toujours pas capté comment fonctionne tout ce truc de streaming. Quand j'ai quitté les DEAD DAISIES, j'ai sorti quelques chansons et ça m'a ouvert les yeux. J’ai mis des titres en ligne, j'ai embauché une entreprise de relations publiques et ils ont fait tout ce qu’il fallait pour moi. Et finalement, je n'ai toujours pas tout à fait compris comment amener les gens à réaliser que j’ai sorti des nouvelles compositions. Je sais que c'est la nouvelle façon de sortir de la musique, mais c'est encore flou pour moi. Donc, pour ce qui est du format d’écoute, je dirais, à la fois vinyle et streaming parce que nous devons apprendre à nous adapter à cette nouvelle méthode d’écoute qu’est le streaming, mais j'aime toujours les vieux vinyles. Donc, j'essaie d'apprécier le nouveau monde mais je suis de la vieille génération (rires).

C’est vrai qu’aujourd’hui encore, le système de rémunération des artistes sur les plateformes de streaming reste flou et beaucoup se sentent floués...
Si vous avez suivi ce qui se passe ici, aux Etats-Unis, vous savez que les acteurs et les scénaristes sont en grève depuis cinq mois. Ils essaient de ne pas perdre le contrôle face aux sites de streaming comme Netflix et Paramount Plus... Les acteurs connus sont correctement payés pour tourner des films de ces entreprises, mais ils réalisent qu’il y a un flou et des problèmes d’équité et ils ne savent pas comment la rémunération se fait lors des rediffusions, par exemple. Ils veulent comprendre comment tout ça est calculé. Je viens de voir une vidéo il n'y a pas longtemps avec Snoop Dogg, il disait en gros : « Regarde, mec, les musiciens vivent ça depuis des années », je ne voyais pas à qui il parlait mais il a pointé quelques personnes dans le public et il a continué : « Je ne comprends pas cette merde, avant, quand je faisais des disques, lorsque vous vendez un million de disques à 10 dollars, ça faisait 10 millions de dollars, la maison de disques prenait la moitié et moi l’autre moitié, c'était facile à compter. Maintenant, je ne sais pas où est l'argent et à qui c’est distribué. Il ne s'agit pas seulement des acteurs, il s'agit aussi de nous. Putain, la comptabilité doit être transparente et claire ! Il y a des musiciens qui sortent des chansons et ils ne sont pas payés pour leur travail ! » Donc, je n'ai pas tout à fait compris.
Je souhaite sortir plus de musique mais j'ai l'impression que si je le fais, c’est pour une industrie avec un fonctionnement que je ne comprends pas. J'ai fait une chanson intitulée "Your Own Worst Enemy" et une autre "Cosi Bella", et il y a probablement 100 000 streams pour chaque chanson, mais quand je fais mes concerts, les gens me disent : « Hey mec, quand est-ce que tu vas sortir de nouveaux titres ? »... Vous voyez, la plupart des gens ne savent même pas que c'est là, alors je me demande comment je peux leur faire savoir que mes nouveaux titres sont sur les services de streaming... J’aimerais mieux comprendre, car aujourd’hui, tout le monde doit utiliser ces sites pour se faire connaitre. Alors oui, c'est génial que tout le monde ait accès à la musique depuis son téléphone, c'est génial, mais en ce qui me concerne, j’ai encore du mal à faire savoir à mon public que j'ai deux nouvelles chansons et qu’elles sont sur Internet depuis un an. Tout ça reste flou personnellement mais je travaille dessus pour y remédier. Et de l’autre côté, j'aime le son, l'odeur et le vinyle. L'ouvrir et regarder les titres des chansons, qui a écrit quoi et où il a été enregistré et toutes ces choses avec lesquelles nous avons grandi dans les années 70. Donc au final j’aime les deux formats.

Il est évident qu'un best of contient les chansons les plus populaires d’un groupe, mais parfois aussi certaines moins connues qui sont très importantes aux yeux de l'artiste. Quelles sont tes trois chansons préférées, celles que tu ne te lasseras jamais de chanter avec THE DEAD DAISIES ?
C'est drôle, je parlais il y a des années à Steven Tyler d’AEROSMITH à ce sujet et il m'a dit : « Tu sais que c'est fou, si jamais je faisais un set et que je ne mettais pas "Dream On", ce serait comme un blasphème pour le public ! ». J'ai toujours été un grand fan d'AEROSMITH, et quand j'allais les voir, j'aurais aimé qu'ils jouent des morceaux moins connus comme "Seasons Of Wither", "No More No More" ou "Round And Round", "Nobody's Fault", des titres moins évidents. Quand tu choisis les chansons d’une set-list, tu sais que tu ne pourras pas satisfaire tout le monde dans le public. Quelqu'un dira forcément : « J'aurais tellement aimé qu'ils jouent "Rats In The Cellar" ou "Get The Lead Out" ». Tu fais ce que tu as à faire, tu rassembles des titres et tu croises les doigts en espérant que tout le monde reparte heureux. Maintenant, le groupe avait déjà commencé à sélectionner les titres pour ce best of avant mon retour. Mais peut-être un mois ou deux avant que David Lowy ne m'appelle et me demande de revenir, ils ont demandé aux fans quelles étaient leurs chansons préférées des DEAD DAISIES et des milliers de personnes ont répondu. Je pense que la façon dont ils ont assemblé l'album était basée sur ce post. Du genre : « OK, ce sont les chansons que les fans ont choisies ». Ils ont créé une superbe pochette, il y a des photos des différents line-up du groupe et un super livret, c’est un très beau packaging. Ce que j'aime, et c'est un peu bizarre, mais je vais utiliser l’exemple de ma femme. Elle connaît évidemment très bien ma carrière dans THE DEAD DAISIES mais pas trop celle avec Jon Stevens ou Glenn Hughes. Alors je lui ai fait écouter le disque et elle m’a dit : « Waoh, ces deux autres chanteurs sont vraiment excellents aussi ». Donc, je pense que la beauté de cette compilation, ce témoignage de notre 10e anniversaire, montre le meilleur des différentes formations du groupe jusqu'à présent et le meilleur reste à venir. Mais quel que soit le chanteur avec lequel vous avez découvert le groupe, que ce soit Jon Stevens, Glenn ou moi-même, ce disque vous permettra de connaître les deux autres chanteurs, et c’est, je pense, la chose la plus cool avec cet album. Que les fans prennent conscience de qui étaient les deux autres chanteurs. Si vous n'avez jamais entendu Jon Stevens, tout comme ma femme qui ne savait pas du tout qui il était, lorsqu’elle a entendu la chanson "Miles in Front of Me", elle m’a dit : « Ce gars est génial, c’est un grand chanteur » et maintenant, elle est fan de Jon Stevens et également de Glenn Hughes. C'est plutôt cool, non ?


Peux-tu nous en dire plus sur la façon dont ton retour s'est passé ? Ça se résume à un simple coup de fil du genre : « Hé, comment ça va, au fait, tu es disponible ? On a besoin de toi ! » ?
Quand je suis parti, je l'ai fait en très bon termes, nous sommes toujours restés de très bons amis David, moi et tous les gars. J'étais toujours en contact étroit avec tous les membres du groupe, même les anciens comme Richard Fortus, Deen Castronovo, Marco Mendoza et Dizzy Reed. Pendant toute cette période hors du groupe, je parlais encore beaucoup à David Lowy, Doug Aldrich, même aux managers et à un moment donné, ils se préparaient à partir en tournée avec Glenn et ils avaient mis en place les répétitions. Et puis Glenn est tombé malade, alors ils m'ont demandé si j’étais disponible et j'ai pris l'avion pour New York où je suis resté 10 jours afin de les aider à répéter pour leur tournée avec Glenn. Donc, j'ai juste chanté et ça leur a permis de bien se préparer. Puis ils ont continué à répéter une autre semaine avec Glenn ensuite. J'ai donc toujours été en bons termes avec eux et honnêtement, les raisons de mon départ étaient juste dues au rythme de travail trop intense que ça impliquait. Quand j'étais dans le groupe, c'était fou, nous allions enregistrer un disque, on partait directement en tournée, on rentrait à la maison, on prenait quelques semaines de congés, on commençait à travailler sur un autre album, on repartait en tournée et ça devenait dingue. Et juste avant de rejoindre le groupe, je venais de me marier peut-être trois mois auparavant et j'avais juste l'impression de lui avoir dit : « Oui, je le veux, allez on se revoit dans quatre ans ! », tu vois le délire ? C'était donc difficile, et puis l’année suivante, mon fils a déménagé à Nashville pour jouer de la batterie dans mon groupe solo et nous sommes partis en tournée. On jouait ensemble quand THE DEAD DAISIES m'a appelé et au début, je pensais que je ne travaillerais peut-être que la moitié de l'année avec eux, et les six autres mois de mon côté. Mais c'est devenu 100 % THE DEAD DAISIES. Alors mon fils m'a dit : « Tu abuses, j'ai déménagé à Nashville pour être dans ton groupe et maintenant je ne te vois même plus. » J'ai donc pris quelques années de congés pour passer du temps avec ma famille et quand Glenn a décidé qu'il allait partir et faire ses concerts avec DEEP PURPLE, David Lowy m'a appelé et il m'a dit : « Hé mec, comment ça va, bien ? Je me demandais, vu que Glenn repart sur la route pour faire son propre truc, ça te dirait de revenir ? ». J'ai accepté et on s’est mis d’accord sur certaines choses. Je lui ai expliqué que je voulais toujours pouvoir faire des concerts avec mon fils. Que je ne voulais pas en arriver à un point où nous serions tous cramés après la tournée, pareil pour le management, l'équipe, le groupe. Sinon ce n’est pas fun du tout. Et David m’a répondu : « Je sais, je m’assurerai qu’on fasse comme ça, on restera frais, on va s’éclater et personne ne sera épuisé ». J'ai dit : « OK j’en suis, allons-y » et c'est tout, il m’a rejoint à Nashville et on a discuté de tout durant un excellent dîner, on a pris un verre, on a ri, on a plaisanté et j'ai dit : « OK, on le fait » et me voilà !

Un nouveau départ avec moins de stress, juste du fun, le tout en prenant son temps...
Oui, ma femme me dit toujours lorsqu’elle me voit parfois submergé par les choses : « John, tu dois apprendre à travailler plus intelligemment, pas plus dur, plus intelligemment ». Donc le truc maintenant avec THE DEAD DAISIES, c'est que nous faisons deux ou trois concerts, un jour off, avant peut-être de partir sur la route pendant un mois, nous rentrons à la maison pendant quelques semaines, nous nous reposons, nous voyons nos familles, nous rechargeons nos batteries et seulement après, on reprend la route. Avant, on était tout le temps surchargés et je pense qu'après quatre albums et quatre tournées, nous avions tous besoin de nous arrêter et de souffler un peu. Et maintenant, tout va bien, nous avons tout compris, nous sommes plus intelligents, plus sages et on s’amuse vraiment bien.


Avec ton retour dans le groupe, qui suit le départ de Glenn, c’est le bassiste Michael Devin, ex-WHITESNAKE qui reprend le poste. Comment s’est fait le choix de l'intégrer dans le groupe ?
Doug et Brian Tichy ont tous les deux joué avec Michael dans WHITESNAKE. Ils ont aussi leur projet STEAMROLLER, donc l'histoire avec ces trois gars est forte. Je connais Michael depuis 1999. Lui et moi, ça remonte à loin et c'est une histoire assez drôle : j'ai divorcé de la mère de mon fils quand j'étais dans MÖTLEY CRÜE et puis quelques années plus tard, j'ai rencontré Michael parce que mon ex-femme sortait avec lui. Je l'aimais bien, c'est un mec génial, il est vraiment cool. Puis Michael a déménagé à Los Angeles, il est originaire de Boston. J'étais dans RATT à l'époque et Robbie Crane (NDJ : actuel bassiste de BLACK STAR RIDERS) et moi l'avions embauché pour faire partie de notre équipe de techniciens. Ce qui est cool, c'est que nous sommes tous amis. Ça fonctionne bien ensemble, nous nous respectons mutuellement. Nous avons le plus grand respect les uns pour les autres. C'est toujours des moments de rire non-stop. On plaisante tout le temps. C'est vraiment très facile et ça rend tout le processus de travail amusant. Dès que je suis entré dans la pièce le premier jour, j'ai immédiatement commencé à vanner Doug. Il a commencé à me lancer des vannes en retour, j'ai plaisanté avec Michael à propos du fait qu’il sorte avec mon ex-femme, tu vois, c’est comme une fraternité. C'est vraiment cool.

Un best of c'est bien, mais un nouvel album c'est encore mieux. Peux-tu nous dire comment les choses se passent avec ce nouveau line-up ? Composez-vous pendant certaines répétitions ?
Il y a quelques riffs qui ont été joués lors de la première série de répétitions en mai. Mais en juillet, nous avons dû faire une pause parce que je m'étais déjà engagé pour des concerts de mon côté, seul en scène à jouer des chansons acoustiques. J'ai fait une tournée cet été avec WINGER et Tom Kiefer (ex-CINDERELLA). Nous avons donc fait une semaine de répétitions, je suis parti en tournée, puis j'ai eu une semaine de pause. J'y suis retourné et j'ai répété avec les gars. Durant la première série de répétitions, il y a eu des riffs que nous lancions autour desquels on a travaillé. Nous les avons enregistrés sur nos téléphones. Et puis la deuxième série de répétitions, il y en a eu quelques autres. Et puis encore d’autres quand nous étions en tournée. Donc, il y a déjà quelques idées que nous examinerons un peu plus tard. On a parlé de faire un disque, mais nous n'avons pas encore de plan définitif. En ce moment, vous parlez vraiment à quatre gars qui n'ont pas joué beaucoup de ces chansons depuis quatre ou cinq ans. Et Michael ne les a pas jouées du tout, lui. Donc, notre priorité est de mettre en place un ensemble de chansons qui dépotent, les dépoussiérer et s’assurer que nous les jouerons le mieux possible, puis mettre en place un concert qui déchire et faire la promotion de cet album. Donc,nous verrons ça en 2024. J'espère que nous ferons un nouvel album et que nous reprendrons la route une nouvelle fois pour nous rendre dans plein d’endroits on nous ne sommes pas encore allés. Il y a une de nombreuses villes où nous n'avons pas joué aux Etats-Unis et nous ne faisons pas un seul concert au Royaume-Uni cette année. J'espère donc que nous pourrons corriger ça en 2024.


Concernant ta carrière, tu as fait partie de RATT, MÖTLEY CRÜE, du ERIC SINGER PROJECT, tu as une carrière solo et tu es à nouveau le chanteur du groupe d'élite qu'est THE DEAD DAISIES. C'est impressionnant quand on voit ton CV, il y a un moment dans ta carrière qui te rend particulièrement fier ?
Tu sais quoi ? J'ai eu une très longue conversation avec mon père avant qu’il ne décède en 2014. Et à l'époque, j'avais une vision plutôt négative des choses. Je me focalisais sur ce que je n'avais pas. J'étais assis là, à me demander pourquoi je n’étais pas aussi populaire que Vince Neil ou Steven Tyler... Et mon père m'a vraiment aidé à mettre les choses en perspective. Il m'a raconté cette histoire sur le fait qu’il voulait être peintre, c'était un grand artiste. Quand il est sorti de l'armée, il a rencontré ma mère, il est tombé amoureux, ils ont commencé à avoir des enfants. Alors il a mis un costume-cravate et il est allé travailler. C'est ce qu'il a dû faire pour subvenir aux besoins de notre famille. Mais durant notre discussion, il m'a dit qu'il m'admirait et si vous connaissiez mon père, je peux vous dire que ça a été une énorme déclaration pour moi. Il m'a dit : « Je t'admire parce que tu as suivi ton rêve d’enfant. Tu as tout chargé dans une camionnette. Tu as traversé le pays. Tu as signé un contrat d'enregistrement, tu as pris soin de ta première femme, de ta deuxième femme, maintenant de ta troisième épouse, de tes enfants, des membres de ta famille. Et tu as fait tout ça en jouant de la guitare et en chantant ». Et il m'a presque crié dessus : « Arrête de regarder ce que tu n'as pas. Et regarde ce que tu as accompli ». Et à ce moment-là, je me suis assis et j'ai réalisé : « Ouais, tu as raison, en fait je suis béni ». 
J'avais un contrat d'enregistrement avec THE SCREAM. Un autre avec MÖTLEY CRÜE. Un autre avec UNION. J'ai signé un contrat en solo. J'ai un contrat avec THE DEAD DAISIES. J'ai eu cinq ou six contrats. Et toute ma vie autour de ça. Et il y a des gens sur cette planète qui sont 100 fois plus talentueux que moi et qui n'ont jamais signé un seul contrat avec une maison de disques, alors je me suis dit : « J'ai une belle femme, j'ai de beaux enfants, des petits-enfants, je possède une belle maison qui est maintenant payée. Et je continue à voyager partout dans le monde, à jouer de la guitare, à chanter ma musique. J'ai encore l'occasion de composer, j'enregistre toujours de la musique. Et j'ai encore des gens comme vous qui s'intéressent à ce que j'ai à dire ». J’ai une vie magnifique. Et dire que tout à l’heure, je me plaignais de la façon de faire connaître ma musique sur les sites de streaming ! Mais je pense que n'importe quel artiste, qu'il soit écrivain, peintre ou compositeur, désire être meilleur, être plus grand, accomplir de plus grandes choses. Mais il faut garder ces choses en perspective et le fait est que j'ai 64 ans, que je joue toujours de la musique et ce, depuis que j'ai 17 ans. Donc, 47 ans de carrière c’est assez génial après tout.

THE DEAD DAISIES reprend donc la route en Europe, mais auparavant, vous êtes passés par le Japon... Vous jouerez en France les 5 et 7 novembre. A quoi penses-tu si je te dis le mot "France" ? As-tu un souvenir particulier en lien avec notre pays ?
C'est drôle. Je n'ai eu que de belles expériences avec la France. Même dès le départ avec THE SCREAM. Si ma mémoire est bonne, la France a été le pays où le groupe a vendu le plus grand nombre de disques. Même chose avec celui de MÖTLEY CRÜE. Je me souviens à l'époque où je n’étais encore jamais venu en France. C’était ma première fois avec MÖTLEY CRÜE, pour faire la promotion avec la presse. Et les gars de MÖTLEY m’ont dit : « Les français, parfois, sont très impolis ». Nous avons donc fait notre première interview et nous étions à la télévision en direct. Et un journaliste me dit : « Vous êtes assez petit avec une voix puissante. Je n’arrive pas à croire que ce soit vous qui chantiez sur le disque. Chantez pour voir ». Et Tommy et Nikki se lèvent et disent : « Va te faire foutre, fin de l’interview ! ». Et je me retrouve assis là comme un idiot, sans comprendre ce qui vient de se passer, c'était ma première interview en France. Mon premier réflexe, ça a été de me dire « Putain de merde, c’est quoi cette question ? ». Mais ensuite, j'ai réalisé que c'était une question avec une tournure spéciale de la langue française. Par exemple, quelqu'un en France dirait : « Alors, John, pourquoi portes-tu cette chemise ? ». En tant qu'Américain, cela me semblerait agressif. Mais c'est juste une façon de parler. Une fois qu'on réalise que c'est une question légitime et que c'est juste une formulation différente, que ce n'est pas irrespectueux et qu'il ne me rabaissait pas, la personne pose juste une question légitime. A partir de là, à chaque fois que je suis venu en France, j'ai toujours adoré. Goûter différents plats, les vins. Les gens ont toujours été sympas. L'une des expériences les plus incroyables que je n'ai jamais eues dans ma vie, je ne l'oublierai jamais, malheureusement c'était environ deux semaines après l’attentat au Bataclan. Nous étions très inquiets car THE DEAD DAISIES étaient en tournée à ce moment-là, et nous avions un concert prévu à Paris, au Divan du Monde, en novembre 2015. On s'est demandé : « Est-ce qu'on joue ? Est-ce irrespectueux si on y va quand même ? ». Je veux dire, tant de gens ont été tués et blessés et David a dit : « Vous savez, c'était un acte de terrorisme, si on n’y va pas. Ils gagnent, je pense qu’on doit y aller ». Et j'ai dit : « OK. Allons-y ». Et on ne savait pas comment cela allait se passer. Tu te rappelles sans doute que juste après, U2 a annulé certains concerts, tout le monde annulait et personne ne jouait en France. Mais quand on a fait notre concert, la salle était pleine à craquer. Je me souviens d'être monté sur scène et d'avoir regardé le public et les gens étaient tellement heureux que nous soyons venus et que nous leur donnions de la musique. Ils pleuraient et c'était juste l'expérience la plus incroyable. Je ne l'oublierai jamais, que j'ai jamais vécue sur scène. Alors, encore une fois, je me répète, j'aime les français, le vin, c'est juste un pays formidable. Alors forcément je suis très excité et très heureux de revenir jouer à nouveau pour tous nos amis français.

Souhaites-tu leur adresser justement un message avant de les retrouver dans quelques jours ?
Nous sommes très, très excités de revenir. Tous les concerts avec THE DEAD DAISIES en France ont toujours été incroyables. Donc, à tous nos amis français, pas les fans, les amis, je vous dis « Je vous aime » [en français].

Blogger : Benjamin Delacoux
Au sujet de l'auteur
Benjamin Delacoux
Guitariste/chanteur depuis 1991, passionné de musique, entré dans les médias à partir de 2013, grand amateur de metal en tous genres, Benjamin Delacoux a rejoint l'équipe de HARD FORCE après avoir été l'invité du programme "meet & greet" avec UGLY KID JOE dans MetalXS. Depuis, il est sur tous les fronts, dans les pits photo avec ses boîtiers, en face à face en interview avec les musiciens, et à l'antenne de Heavy1, dont l'émission MYBAND consacrée aux groupes indépendants et autoproduits.
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