13 septembre 2023, 19:32

MOLYBARON

"Something Ominous"

Album : Something Ominous

Troisième album de MOLYBARON, « Something Ominous » ne se sera pas trop fait attendre cette fois. Point d’épidémie à l’horizon pour perturber le planning du groupe comme ce fut la cas pour le second album qui aura dû patienter deux années pour être délivré à un moment plus opportun. On le sait, pour les jeunes groupes dans ce monde de surconsommation où la musique est encore plus jetable qu’un emballage de burger, il faut toujours battre le fer quand il est chaud, faire parler de soi, ne pas disparaitre des radars au risque de voir sa carrière s’écraser au sol avant même d’avoir pu prendre son envol. Fort heureusement, le groupe franco-irlandais ne manque ni d’inspiration, ni de volonté pour défendre son nouveau bébé, qui gueule encore plus fort que les deux précédents.

Alors que le premier rejeton était plutôt calme, (« Molybaron » - 2017), le cadet montrait déjà un sacré caractère (« The Mutiny » - 2021), mais ce n’est rien face au dernier né qui s’affirme avec véhémence, à grands coups de riffs velus, de rythmes furibards et de grooves intrépides. C’est qu’il donne de la voix, le petit ! Et en parlant de voix, jamais celle de Gary Kelly n’a sonné aussi juste et n’a été autant mise en avant. Il était d’ailleurs grand temps que celui qui ne se considérait pas comme un vrai chanteur voici quelques années prenne de l’aplomb et gagne une confiance qui lui faisait défaut. Parce qu’il sait s’exprimer avec intelligence et justesse, le chanteur a gagné en maturité, en rage et en puissance, et cela s’entend dès les premières syllabes de la chanson-titre. On en resterait presque bouche-bée tant l’évolution est frappante. Les compositions, déjà très abouties aux débuts du groupe, ont tout à y gagner. Et en effet, l’efficacité et l’immédiateté de ces dix nouveaux morceaux en sont décuplées. Refrain choisi, riff entêtant, solo maîtrisé, basse rondelette et descentes de toms ébouriffantes, "Something Ominous" fait mouche.
Même s’il a rejoint MOLYBARON en 2019, c’est le premier album enregistré par l’excellent batteur Camille Greneron qui éclabousse ici de son talent chacune des compositions, entre rythmique véloce, toucher subtil et groove irrésistible, avec pour l’accompagner, le bassiste de toujours, Sébastien de Saint-Angel et ses doigts magiques diffusant un son grassouillet et dansant en diable. Aux guitares, Gary Kelly assène de gros riffs punchy, mais non dénués de mélodie, et Florian Soum pour les soli de "Anyway",  "Pendulum" et "Billion Dollar Shakedown".

Et en évoquant la mélodie, "Set Alight" est une vraie réussite. Les racines irlandaises de Gary ressurgissent pour le meilleur dans cette chanson au refrain addictif qui nous emporte dans la verte Érin, île rebelle et fière au tempérament bien trempé. Avec son break brutal qui incite aux pogos, ce morceau qui risque fort de devenir un incontournable des set-lists du groupe (et si ce n’est pas le cas, c’est à proprement parler scandaleux !) "Billion Dollar Shakedown" surprend avec son faux air rap/hardcore. Une nouveauté bienvenue dans le son du groupe avec ce mid-tempo bien lourdingue qui donne envie de lever le poing en cadence. Un vent de rébellion souffle chez les MOLYBARON, et diantre, que c’est bon ! "Breakdown", choisi comme troisième single, est un titre efficace, plus typiquement "Molybaronesque",  et laisse entrevoir les failles du frontman, qui se livre de manière plus intime. Sa petite ritournelle au piano apporte une certaine fraicheur à cette chanson par ailleurs assez sombre et menaçante. On retrouve également sur "Anyway" ce qui a fait le son du groupe sur les albums précédents : un groove irrépressible et un sens de la mélodie entrainante.

"Daylight Dies In Darkness" est probablement la chanson la plus personnelle que Gary Kelly n’ait jamais composée : une merveille de sensibilité, où l’on entend la voix du frontman vaciller sous le poids de l’émotion. Et que c’est beau quand un artiste s’offre ainsi ! Là encore, on décèle dans la mélodie les origines irlandaises du frontman. Ballade progressive et mélancolique agrémentée d’un sublime solo final, "Daylight Dies In Darkness" est aussi une parenthèse de douceur au milieu d’un océan de décibels, et le plus beau morceau de tout le répertoire du groupe (qui gagnerait en subtilité et en profondeur à creuser un peu plus dans cette direction, à mon humble avis). "Dead On Arrival" est un coup de poing en pleine face, faussement calme sur le premier couplet presque chuchoté, une petite bombe qui explose par la suite dans un refrain rageur et revendicateur sur fond de descentes de toms assénés comme des coups de tonnerre. "Pendulum" se veut plus heavy, mais tout aussi mordant.

Réminiscence des premiers albums, après les prédicateurs et autres télévangélistes sur "Prosperity Gospel" issu de « The Mutiny », c’est au tour de la télé-réalité d’en prendre pour son grade sur "Reality Show", le dernier single. On retrouve comme un air familier, une impression d’être en terrain connu, sur ce morceau qui n’est pas sans rappeler également "The Apocalypse Show" sur « Molybaron ». Preuve aussi que le groupe ne renie pas son passé, malgré ce sentiment de déjà-entendu. A l’inverse, "Vampires" revient vers plus d’originalité et explore des tonalités différentes, à l’image de la majorité des chansons de cet album. Le refrain est imparable, le rythme est ultra efficace, les riffs puissants, le break ainsi que l’explosion finale sont jouissifs. Morceau parfait de bout en bout qui clôt de fort belle manière ce troisième album.

Sur « Something Ominous », le propos est concis et ne s’éparpille plus dans tous les sens, les compositions sont percutantes, les mélodies sont addictives, la mise en son est puissante, mettant en valeur chaque instrumentiste, les lignes de chant sont originales, et les vocaux enfin assumés. Toute l’œuvre du groupe gagne en cohérence sur cet album. MOLYBARON a franchi un pas de géant depuis ses débuts, et il est à parier que le groupe ne s’arrêtera pas en si bon chemin. Après avoir été témoins privilégiés de la naissance des trois beaux enfants de cet heureux géniteur, tous plus superbes les uns que les autres, on souhaite ardemment que la famille s’agrandisse et que la lignée ne s’éteigne pas de sitôt.

Blogger : Sly Escapist
Au sujet de l'auteur
Sly Escapist
Sly Escapist est comme les chats : elle a neuf vies. Malgré le fait d’avoir été élevée dans un milieu très éloigné du monde artistique, elle a réussi à se forger sa propre culture, entre pop, metal et théâtre. Effectivement, ses études littéraires l’ont poussée à s’investir pendant 13 ans dans l’apprentissage du métier de comédienne, alors qu’en parallèle, elle développait ses connaissances musicales avec des groupes tels que METALLICA, ALICE IN CHAINS, SCORPIONS, SOUNDGARDEN, PEARL JAM, FAITH NO MORE, SUICIDAL TENDENCIES, GUNS N’ROSES, CRADLE OF FILTH, et plus récemment, NIGHTWISH, TREMONTI, STONE SOUR, TRIVIUM, KILLSWITCH ENGAGE, ALTER BRIDGE, PARKWAY DRIVE, LEPROUS, SOEN, et tant d’autres. Forcée d’abandonner son métier de comédienne pour des activités plus «rentables», elle devient tour à tour vendeuse, pâtissière, responsable d’accueil, vendeuse-livreuse puis assistante commerciale. Début 2016, elle a l’opportunité de rejoindre l’équipe de HARD FORCE, lui permettant enfin de relier ses deux passions : l’amour des notes et celui des mots. Insatiable curieuse, elle ne cesse d’élargir ses connaissances musicales, s’intéressant à toutes sortes de styles différents, du metalcore au metal moderne, en passant par le metal symphonique, le rock, le disco-rock, le thrash et le prog. Le seul maître-mot qui compte pour elle étant l’émotion, elle considère que la musique n’a pas de barrière.
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