28 juin 2023, 23:59

THE HU + Thomas Kieffer

@ Strasbourg (La Laiterie)

Dernier concert de la saison, et pas des moindres, nous filons à la Laiterie pour un concert sold-out de THE HU, le phénomène folk-metal mongol. Après avoir embrasé le Hellfest, l'occasion nous est donnée de les accueillir en Alsace, c’est une chance en plus de profiter de cette date dans une salle à taille humaine, vu l’émeute provoquée à Clisson.

La salle est bondée et il y fait chaud comme dans un four. En première partie c’est Thomas Kieffer, un artiste local, qui chauffe (!) la salle. Loin d’être déplaisant, il nous offre 30 minutes de blues-rock intimiste. Le public fait un bon accueil à l’ambiance composée de soli de blues et de notes électriques, qui s’installe, le tout restant anachronique au vu de ce que va être la prestation de la tête d’affiche.

Le moment est venu... La horde des steppes sauvages prend possession de la scène. Etrangement, même s’il est venu pour la promotion de leur dernier album, « Rumble Of Thunder », avec 7 titres joués sur les 15 du set de 1 heure 30, THE HU démarre avec "Hohochu Zairan". On ne va pas se mentir, le style débridé (pardon) des 8 guerriers farouches, avec ce magnifique mixage de heavy metal et d’instruments traditionnels, se révèle d’emblée être une tuerie qui gagne le cœur des spectateurs, depuis la fosse jusqu’au dernier rang des gradins. C’est tout proprement épique. Incapables évidemment de reprendre les refrains, la foule grogne et braille sur "The Gereg", joue le jeu d’un cours de mongol accéléré avec des « shoog shoog », qui seront repris toute la soirée sous la forme de « chaud chaud ». Folie furieuse, on danse sur les riffs déchaînés, on se régale. Mention spéciale pour les costumes du groupe. Les membres de THE HU semblent tout droit sortis d’un clip de Mad Max version heavy metal, avec cuir, ceintures ancestrales et plumes magiques. Régal des yeux autant que des oreilles.

"Shihi Hutu", THE HU délivre enfin le message musical du dernier album « Rumble Of Thunder ». Dans une rythmique tribale à la récurrence obsédante, nous sommes transportés toujours plus loin dans un son qui nous fait perdre les sens. Nous voyageons, entre les notes de morin khuur, sorte de violoncelle local au joli archet bordé de plumes, les riffs électriques entêtants, nous ne sommes pas loin d’un western metal... enfin, plutôt un "eastern" vu que THE HU déboule de la terre des levers de soleil en jouant son fameux "Bii Biyelgee".

C’est reparti pour une danse païenne. Un instant, je me visualise carrément en transe, dans un groove shaman-style. "Mother Nature" parle à mon âme. "Tatar Warrior" illustre les corps possédés par l’esprit guerrier qui a envahi La Laiterie. Ce concert est d’une puissance et d’une bonne humeur rares, la communication se fait par le biais d’interactions assez amusées des musiciens avec les spectateurs. Une succession de tableaux musicaux dépaysants et rafraîchissants, pour un sentiment d’appartenance à une famille joyeusement musicale. Alors que retentit "Black Thunder", l’écho furieux de ces ménestrels indomptés tout sourire aux lèvres fait réellement plaisir à voir... et à entendre. "Wolf Totem" et "This Is Mongol", morceaux d’anthologie et c’est déjà la fin ?

Heureusement, THE HU revient pour un baroud d’honneur et enflamme l’Alsace en mode METALLIKHAN avec "Through The Never", revu et corrigé, avec luths et « vocorientaux ». Ovationné, la reprise de METALLICA vrombit au travers des steppes indomptables. C’est absolument classe. Derniers cris de la foule, des « chaud chaud » en veux-tu en voilà, salutations chaleureuses, vu la température de la salle c’est de bon ton, et le concert s’achève.

Il y a des moments privilégiés dans les tournées des groupes. THE HU vient de nous en offrir un. This was mongol !
 

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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