9 juillet 2023, 18:20

Phil Manca

Interview

Depuis plusieurs générations, Philippe Manca ne cesse de poser sa guitare sur de nombreux et fameux projets. Dans un domaine métallique, nous pouvons citer les cultes SORTILÈGE & TNT. Le plus marquant étant ERA, où ses solos mystiques ont traversé la sphère heavy pour atteindre celle du grand public (et toi-même qui lis ces quelques lignes tu t’en rappelles, tout comme des millions d’oreilles). Malgré un CV long comme le bras, sa carrière solo n’a finalement démarré que très récemment. Phil était de retour en juin avec « Layers Of Pain », son troisième album dont le durcissement de ton ne devrait échapper à personne. Comme quoi, on revient toujours à ses premières amours.
 

« Layers Of Pain »​ est résolument plus heavy que ses prédécesseurs, qu’est-ce qui t’a motivé pour ce retour aux sources ?
C'est une évolution logique. Le premier album était plus blues, et le second un peu moins. Pour le troisième il fallait trouver un style complètement original, ce qui est difficile avec le blues. Je suis donc revenu aux sources et je pense avoir encore des choses à dire. Je voulais entendre le metal que j’ai envie d’écouter, je l'ai alors fait moi-même.

Et justement, ce metal que tu as envie d'écouter, est-ce celui que tu connais depuis toujours ou tu as été influencé par d'autres éléments plus récents ?
Pour la partie vocale, je ne pouvais pas créer des lignes de chant des années 80, en plus je trouve cela complémentent naze. J'étais plus influencé par le grunge, il y a plutôt du Chris Cornell dans les mélodies. Mon chanteur n’a pas une tessiture non plus très large, je ne peux pas lui demander de chanter du JUDAS PRIEST. Ce qui donne ce mélange de mes influences des années 70, 80 et 90. Avec cette façon de chanter, je pense avoir trouvé une formule assez originale.

Par rapport à tes deux précédents albums « Signs » et « Dancing Spirits », as-tu adapté ta façon de composer ?
Complètement ! Sur « Dancing Spirits » il y avait déjà deux chansons qui pouvaient être dans « Layers Of Pain »​. J’ai changé ma façon de composer dans le sens où il fallait écrire un album original. Et même au niveau des textes, on aborde des sujets un peu plus sérieux. Même si le morceau "Cry For Freedom" sur le précédent parlait de mon ras-le-bol des gens qui galèrent à la fin du mois. Aujourd’hui plus on avance dans le temps, plus c’est le merdier dans le monde entier. Également dans la chanson-titre, où je parle de l’exclusion. Parce que j'en ai marre de voir les gens dans la rue, certains travaillent et pourtant, ils ne peuvent pas se loger, il faut qu'ils retrouvent leur dignité. Alors, oui, je ne vais rien changer, mais c’est juste un constat.

Bien que les deux premiers soient plus bluesy, est-ce que ces trois œuvres possèdent un lien entre elles ?
Le fil conducteur est qu'on va de plus en plus loin au niveau de l'énergie musicale.

Le line-up semble stable, est-ce que pour toi c’est important d’être entouré par les mêmes musiciens ?
Rien qu'au niveau du chant, il faut quand même une identité. Je pense avoir trouvé la bonne formule, quand tu te retrouves à trois pour jouer un répertoire pas facile, il te faut des gens sérieux et je peux compter sur eux. Dès que l'on pourra tourner, car pour l'instant ce n’est toujours pas fait, notre trio va interpeller. Être à quatre ou cinq, des fois c’est un cache misère. A trois, il n’y a pas le droit à l'erreur.

Tu viens d’évoquer les concerts, si rien n’est encore prévu aujourd’hui, y a-t-il des dates en négociation ?
Non et cet album est fait pour cela. Toute la promotion qu'on fait en ce moment, traditionnelle avec des journalistes comme toi ou numériquement, est faite pour grossir notre base de followers et pouvoir faciliter la tâche des bookers. Parce que maintenant, cela marche comme ça.

Tu es le principal compositeur du groupe, est-ce que les musiciens qui t’accompagnent t-ont apporté leur savoir-faire ?
J’enregistre les démos donc c’est moi qui chante, mais Josselin Jobard apporte sa façon de chanter. Sa voix est sublime, il chante beaucoup mieux que moi. Niveau batterie, c’est aussi moi qui les programme. Pour le coup j’en avais trop mis, alors Éric Lafont a réduit les parties, il est allé à l’efficacité. J'aimerais pouvoir réunir tout le monde en amont malgré l’éloignement, mais c'est un luxe. J'apprécie de travailler à plusieurs, cela offre une approche différente.

Tu as enregistré « Layers Of Pain »​ au Canada, comment fut l’expérience ?
J’ai un ami qui a un studio là-bas, et c’est lui qui m’a demandé de venir, je pouvais rester le temps que je voulais. J’ai mis deux semaines quand même, alors que d’habitude c’est trois jours. J'avais commencé à faire des prises de guitare un jour, et j’ai pu les refaire le lendemain car je ne les trouvais pas assez bien. C’était le grand luxe !

Ton premier single traite de Richard Ramirez, "NightStalker" était le surnom que la presse lui avait donné en référence au titre "Night Prowler" d’AC/DC, est-ce que justement ce morceau t’a inspiré d’une façon ou d’une autre ?
C’est après en regardant le documentaire que j’ai appris cela, sans faire l’apologie des tueurs en série, je trouvais que "NightStalker" sonnait bien. En revanche dans le clip, tu peux voir une casquette AC/DC, comme celle qui a été retrouvée sur une scène de crime. D’ailleurs, c’est à ce moment qu’on a pointé la musique comme une influence du tueur, car il dessinait des pentacles avec le sang de ses victimes. Certains pensaient qu’il était même possédé.

Malgré ton expérience et ton niveau à la guitare, est-ce que tu as eu besoin d’ajouter de la difficulté sur « Layers Of Pain »​ ? Si tu penses à un morceau en particulier ?
Je veux toujours aller plus loin et entendre une mélodie ou un plan que je n’ai pas entendu auparavant, pareil au niveau de la construction du solo. Il faut être originale, c’est primordial. Celui qui m’a le plus donné de fil à retordre est "Love In Vein", je n’arrivais vraiment pas à trouver un chant intéressant, aussi "NightStalker" car j’ai recommencé trois fois.

Pour en revenir aux futurs concerts, as-tu songé à la set-list ? De nouvelles chansons se mélangeront-elles à de plus anciennes ? On peut s’attendre à quelques surprises ?
Il n’y a pas assez de récent pour faire un concert. Donc je vais prendre un peu de vieux aussi, mais ça va être arrangé. Comme ce n’est pas d'actualité, je n'ai pas encore réfléchi à la set-list... et il y aura des surprises, c'est sûr.

Après le premier clip "NightStalker" et celui de 'The Race Is On", quelles sont les prochaines étapes ?
Je vais faire deux autres vidéos, justement pour le titre "Love In Vein et "Layers Of Pain" au mois de juillet, cela complétera la promotion de l'album. L’autre projet est de convaincre les bookers pour nous embarquer en tournée. Le but n’est pas d’en faire une à mon nom, car cela ne marchera jamais, je ne suis pas assez bankable ! Ce que je veux absolument faire, ce sont les festivals, pour justement récupérer le public des groupes plus connus qui passeraient après moi.

Au cours de ta carrière tu as collaboré avec de nombreux groupes et musiciens comme SORTILEGE ou TNT, as-tu déjà songé à refaire équipe avec certains d’entre eux ?
Non, c'est fini. C’est comme un mariage (rires). J’avais invité Renaud Hantson sur le premier album « Signs » pour chanter quelques morceaux. Après, on ne sait jamais...

Que peut-on souhaiter à Phil Manca et son groupe ?
Que les lecteurs s'abonnent sur tous nos réseaux sociaux, qu'ils me suivent sur Spotify ou sur leur plateforme préférée, et partagez ! C’est comme cela que je pourrai vous retrouver sur scène.

Blogger : Jérôme Graëffly
Au sujet de l'auteur
Jérôme Graëffly
Nourri dès son plus jeune âge de presse musicale, dont l’incontournable HARD FORCE, le fabuleux destin de Jérôme a voulu qu’un jour son chemin croise celui de l'équipe du célèbre magazine. Après une expérience dans un précédent webzine, et toujours plus avide de nouveautés, lorsqu’on lui propose d’intégrer l’équipe en 2011, sa réponse ne se fait pas attendre. Depuis, le monde impitoyable des bloggers n’a plus aucun secret pour lui, ni les 50 nuances de metal.
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