10 juin 2023, 20:37

S.U.P.

Interview Fabrice & Ludovic Loez


La sortie d’un album est toujours un événement. Nous avons profité de celle de « Octa » du groupe S.U.P. pour nous entretenir avec les frères Loez, Ludovic le chanteur/guitariste et Fabrice, le guitariste, sur la réalisation de ce huitième album, et leur choix de continuer l’aventure en autoproduction.


Après ces quatre années de silence, on a d’abord envie de vous demander comment vous allez...
Fabrice : Nous allons bien, merci. Nous profitons de cette semaine de vacances pour nous occuper du groupe et de toutes les choses que nous devons faire depuis que nous avons décidé de nous mettre en autoproduction. C’est tendu, mais on s’en sort.

Pouvez-vous nous dire comment est née l'histoire racontée par « Octa » ?
Ludovic :  il y a deux-trois ans, je travaillais sur un thème sans réussir à le développer. J'ai donc cherché un nouveau sujet et c’est ainsi que m’est venu l’idée de « Octa ».

Que raconte cette histoire ?
Fabrice : Octa est un univers carcéral imaginé dans un futur proche dans lequel les cerveaux des détenus sont connectés les uns aux autres par groupe de maximum de huit. Ainsi, les individus d’un groupe partagent en permanence leurs rêves et leurs cauchemars, de sorte qu’ils se transmettent leurs angoisses et leurs peurs les plus enfouies. 

A la lumière de ce pitch, on comprend mieux le concept de cette énigmatique pochette. De prime abord, on a l’impression de voir un aquarium dans lequel nagent des méduses qui pourraient symboliser une forme de soumission. En la regardant plus attentivement, on s’aperçoit qu’il s’agit de cerveaux, et les tentacules représentent ces connexions que tu évoques. De ce fait, les prisonniers sont piégés dans une forme d’intelligence collective délétère...
Ludovic : Oui, c’est tout à fait ça.

Bien que le concept soit sombre, on pourrait imaginer une échappatoire par le biais d'un concept d’intelligence collective. Celle de la capacité des individus d’un groupe à collaborer pour mettre en commun leurs rêves afin de lutter contre leurs cauchemars et faire en sorte que les peurs et les angoisses soient remplacées par le courage et la sérénité...
Fabrice : Tu n’es pas le premier à nous proposer une interprétation du concept de « Octa ». Il est plaisant de voir que cette "histoire" interpelle et fait réfléchir. Que chacun y aille de son interprétation. Cela est bien, surtout en ce moment... La possibilité d’une alliance des cerveaux telle que tu la décris est intéressante, mais dans notre cas, il s’agit d’un seul esprit qui cherche à s’évader. Par contre, personne ne peut le faire car tous les prisonniers sont dans un état de conscience restreint et ne peuvent en aucun cas avoir pleinement conscience de ce qui leur arrive. Mais pourquoi pas imaginer une alliance, une sorte de bug dans la machine ? En tout cas, c’est vraiment intéressant de partager cette vision de l'univers de « Octa ».

Avez-vous aussi travaillé avec Siobhan McCarthy pour les paroles de « Octa » ?
Oui tout à fait, nous travaillons avec elle depuis « Room 7 » (1997). Notre façon de procéder reste sensiblement la même : Ludo écrit l’histoire en français, Siobhan la traduit en anglais et ensuite, en fonction des informations que nous lui fournissons, elle propose les textes.
Ludovic : Pour « Octa », elle a proposé les textes des morceaux sans préalablement les écouter. Je les ai ensuite quelque peu modifiés de manière à ce qu’ils s’adaptent au mieux à la musique.

Pour revenir à la pochette, on est tenté de vous demander pourquoi le jaune ?
Fabrice : Pour copier sur METALLICA ! (rires) En réalité, la pochette a été réalisée bien avant que celle du nouveau METALLICA n’ait été officialisée. Pour chaque album, nous cherchons toujours une couleur dominante. Lorsque Matthieu nous a proposé ce jaune doré, l’idée nous a bien plu.

Tu parles de Matthieu Carton ?
Oui. C’est lui qui fait nos pochette depuis 2003.

Quand a commencé la composition de l’album ?
Ludovic : A la fin de la tournée avec GOROD et PSYKUP, mais c’est au moment du confinement que le processus de composition s’est amplifié. Nous avons composé quinze ou seize titres et n'en avons conservé que huit. Ceux qui correspondaient le mieux à l’histoire. Ce n’était que des maquettes, mais elles permettaient d’avoir la trame globale de l’album.

Parmi ces compositions, y a-t-il du matériel ancien non exploité qui a finalement trouvé sa place ?
Fabrice : Non. Nous partons toujours d’un morceau composé par Ludo. 

Donc, de ce fait Ludovic, tu es le principal compositeur de S.U.P. Comment collabores-tu avec les autres et quel est leur rôle au sein du groupe ? 
Ludovic : Si je suis le compositeur principal, je n’impose toutefois pas mes idées. Je les soumets aux autres qui sont amenés à me donner leur avis dont je tiens compte. Par exemple, si Thierry me dit qu’il n’aime pas une ligne de chant, je la retravaille pour proposer autre chose et inversement, si je n’aime pas une partie de batterie, il la retravaille. Avec Fred, on fonctionne aussi de cette manière.
Fabrice : Ce processus prend du temps et nécessite beaucoup de discussions. Par contre, quand nous commençons à répéter ensemble, nous ne faisons plus évoluer les morceaux.

Et toi, Fabrice, dans tout ça ?
Mon rôle est plus celui d’organisateur. Je m’occupe de la logistique et de la technique. Je vais planifier les répétitions, faire les enregistrements, les montages vidéo. Je suis moins sur la composition et les arrangements, même si, sur chaque album, une modeste part vient de moi. Maintenant, il est vrai que cette fois-ci, comme nous avons fait les guitares ensemble à la maison, j’ai un peu plus contribué à la composition.
Ludovic : Notamment le solo à la fin de "The Lights Of Eden" et celui au début de "Not Icarus".


Avez-vous tout enregistré vous-mêmes ?
Fabrice : Nous avons effectivement tout enregistré par nous-mêmes, mais pour le mastering, nous avons fait appel à Grégoire Saint-Maxin à qui nous avons donné carte blanche. 

Vous avez enregistré les instruments séparément ou ensemble dans votre local de répétition ?
Séparément. Le local de répétition a surtout servi à enregistrer la batterie. Sinon, l’enregistrement des guitares et de la basse ont été réalisés chacun de notre côté chez soi.

Pour « Dissymmetry », vous aviez effectué une tournée en compagnie de GOROD et PSYKUP, ce qui ne vous était plus arrivé depuis bien longtemps. Peut-on espérer vous revoir sur les routes pour promouvoir « Octa » ?
Pour le moment, nous sommes très contents de pouvoir partager la scène avec VOIVOD, le 15 juin prochain au Black Lab. Pour la suite, nous verrons comment l’album sera reçu et les propositions qui nous seront faites. Comme nous sommes passés en autoproduction, l’idée d’une tournée est difficile à imaginer car cela coûte très cher. D’autre part, nous avons un certain niveau d’exigence qui fait que nous n’avons pas vocation à jouer dans des cafés ou des bars. Si l'on ajoute à cela nos contraintes professionnelles et familiales, tourner dans de bonnes conditions reste quelque chose de compliqué. Nous restons néanmoins ouverts à toute proposition.

Ce nouvel album marque une sorte de changement dans la continuité pour S.U.P. Si « Octa » a été réalisé avec les personnes avec lesquelles vous travaillez habituellement, comme tu viens de le dire, votre huitième album sort en autoproduction. Pourquoi ce choix ?
Fabrice : La principale raison est de conserver notre liberté artistique. Depuis 35 ans que nous existons, S.U.P. s’est créé une identité musicale forte que nous voulons préserver. Nous ne souhaitons pas qu’une personne extérieure vienne nous expliquer comment on doit sonner ou ce que l’on doit faire parce que ça sonne plus dans l’air du temps.

www.supuration.fr

Blogger : Bruno Cuvelier
Au sujet de l'auteur
Bruno Cuvelier
Son intérêt pour le hard rock est né en 1980 avec "Back In Black". Rapidement, il explore le heavy metal et ses ramifications qui l’amèneront à devenir fan de METALLICA jusqu'au "Black Album". Anti-conformiste et novateur, le groupe représente à ses yeux une excellente synthèse de tous les styles de metal qui foisonnent à cette époque. En parallèle, c'est aussi la découverte des salles de concert et des festivals qui le passionnent. L'arrivée d'Anneke van Giersbergen au sein de THE GATHERING en 1995 marquera une étape importante dans son parcours, puisqu'il suit leurs carrières respectives depuis lors. En 2014, il crée une communauté internationale de fans avant que leur retour sur scène en juin 2018 ne l'amène à rejoindre HARD FORCE. Occasionnellement animateur radio, il aime voyager et faire partager sa passion pour la musique.
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK