26 mai 2023, 18:12

S.U.P.

"Octa"

Album : Octa

Suite à la tournée en compagnie de GOROD et PSYKUP qui lui avait permis de promouvoir « Dissymmetry » (2019), S.U.P. s’en était retourné à son hibernation. C’est au début de l’année que la froideur et le sifflement du vent du nord nous ont mis la puce à l’oreille. Le réveil serait donc bien pour le printemps et il est maintenant imminent ! Bien des choses ont changé puisque c’est en autoproduction que S.U.P. revient avec « Octa ». Un projet lumineux qui révèle un S.U.P. au sommet de son art. Les détracteurs et amateurs de polémiques qui animent les discussions des réseaux sociaux pourront toujours arguer que le groupe surfe opportunément sur la vague du moment avec sa pochette dans les tons jaune. Mais la réalité est tout autre car si cette couleur symbolise assez peu le metal, elle a d’abord été choisie bien avant qu'elle soit popularisée le 14 avril dernier, et fait écho à d’autres albums du groupe, tels que « Room 7 » (1997), « Imago » (2005) ou, dans une moindre mesure, « Angelus » (2002).

Lumineux comme la couleur du soleil qui réchauffe les cœurs et où la vie reprend ses droits ? Non, pas vraiment, nous parlons ici d’un album de S.U.P. et cette chaleur apparente est trompeuse. Dessiné à nouveau par Matthieu Carton, ce jaune illustre un monde carcéral, celui d’un centre de détention appelé Octa dans lequel les cerveaux des détenus sont connectés les uns aux autres par groupe de huit au maximum. Ils sont ainsi condamnés à se transmettre leurs angoisses et leurs peurs les plus enfouies et à partager leurs rêves et cauchemars. Prisonniers d’une intelligence collective qui les obligent à collaborer, seront-ils pour autant fragilisés ou cela les rendra-t-il plus forts ? A chacun de se faire son idée. Musicalement confié à Grégoire Saint-Maxin, le résultat fait honneur à la qualité des compositions et permet à S.U.P. de déployer toute sa puissance.

C’est par une intro sombre et lourde que ce nouveau voyage auditif, cauchemardesque et envoûtant, nous emmène dans un univers torturé dont seul Ludovic Loez a le secret. Reconnaissable entre mille, l’auditeur sait dès les premières notes que nous avons à faire à S.U.P.. Toutefois, le premier couplet qui se développe sur une rythmique soutenue avec une ligne de chant tout droit sortie d’outre-tombe ne laisse aucun doute sur le fait que nous allons avoir droit à du grand S.U.P., comme l’a laissé entrevoir le teaser paru fin mars qui a révélé le début de "“Pseudoponic Phantasm". Plus mélodique, "Not Icarus" se ferait presque plus dansant. Le chant en duo des frères Loez rappelle l’importance des influences new wave du groupe. L’introduction du chant guttural associé à un riff plus agressif donne au titre le relief qui en fait un temps fort de « Octa ». Moins mélodique, "“Atramentous Sea" est musicalement une sorte de négatif de "Not Icarus". Le premier couplet accompagne une rythmique lourde et un chant guttural qui ne laisse aucune place à la mélodie. Il débouche toutefois sur un refrain en chant clair, associé à un rythme à la double pédale et un gimmick qui donne au titre tout son relief.

Plus long titre de l’album avec ses presque 8 minutes 30, "The Light Of Eden" commence par l’alternance d’un chuchotement et d’un chant guttural menaçant. Cette alternance laise place à une rythmique qui se avance crescendo pour arriver sur un pont à la moitié du morceau. Plus lancinante, la seconde partie du titre se base sur un riff qui n’est pas sans rappeler l’ambiance de "Chronophobia". Comme une libération, "Queen Quintessence" propose un superbe riff entraînant qui fait de ce titre un excellent candidat pour devenir un des classiques du groupe. L’alternance de chant clair et guttural, comme souvent dans S.U.P., est un subtil mélange imparable. Par opposition, les couplets de "Open Eye" se basent sur des notes plus lourdes et un martèlement de batterie. Un gimmick lui donne un aspect voïvodien avant de laisser place à un refrain doux et mélodique. Le dynamique et sombre "Hebdomath", nous entraîne vers un somptueux final proposé par l’imparable "Torment".

Avec ce huitième album studio, S.U.P. signe une de ses plus belles réalisations.

Blogger : Bruno Cuvelier
Au sujet de l'auteur
Bruno Cuvelier
Son intérêt pour le hard rock est né en 1980 avec "Back In Black". Rapidement, il explore le heavy metal et ses ramifications qui l’amèneront à devenir fan de METALLICA jusqu'au "Black Album". Anti-conformiste et novateur, le groupe représente à ses yeux une excellente synthèse de tous les styles de metal qui foisonnent à cette époque. En parallèle, c'est aussi la découverte des salles de concert et des festivals qui le passionnent. L'arrivée d'Anneke van Giersbergen au sein de THE GATHERING en 1995 marquera une étape importante dans son parcours, puisqu'il suit leurs carrières respectives depuis lors. En 2014, il crée une communauté internationale de fans avant que leur retour sur scène en juin 2018 ne l'amène à rejoindre HARD FORCE. Occasionnellement animateur radio, il aime voyager et faire partager sa passion pour la musique.
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