Après l’avoir "teasé" sur les réseaux sociaux, la paire de guitaristes et chanteurs Adrian Smith et Richie Kotzen officialisait début 2021 la sortie d’un premier album ensemble, sobrement intitulé « Adrian Smith / Richie Kotzen », sorti en mars cette année-là. Leurs influences communes pour le classic-rock et le hard rock blues des années 70 s’étalaient ainsi au grand jour au gré de titres sur lesquels l’un et l’autre se sont répartis les lignes de chant en lead ainsi que les nombreuses joutes de guitares, un régal au vu du niveau des protagonistes. Loin de s’en être contentés, les deux musiciens comme les fans, un complément de quatre titres avait vite vu le jour en novembre dernier, « Better Days », mais uniquement disponible au format vinyle édition limitée.
Erreur qui sera désormais réparée avec son pendant CD, « Better Days ...And Nights », qui comprend, en sus des quatre titres qui se trouvent sur le vinyle, cinq morceaux live enregistrés lors de leur récent périple aux USA et au Royaume-Uni. Des concerts lors desquels ils étaient accompagnés par la talentueuse bassiste Julia Lage (au passage, Mme Kotzen à la ville) et le non moins efficace batteur Bruno Valerde. Pour l’anecdote, Nicko McBrain, comparse d’Adrian au sein d’IRON MAIDEN et invité spécial sur l’album pour le titre "Solar Days", s’était fendu d’une apparition en rappel sur ce titre ainsi que sur le "Wasted Years" (de qui vous savez) lors du concert qu’ils ont donné à Londres début mars. COVID oblige et reprise modérée des tournées, nous n’avons pu les accueillir en France mais nous espérons que cela soit vite possible lors d’une prochaine tournée, ce qu’envisage d’ailleurs fortement de faire le duo de chanteurs-guitaristes si l’on s’en réfère aux interviews qu’ils ont pu accorder.
Au menu de cet EP disons amélioré, quatre titres studio débutant par "Better Days", composition en droite lignée des chansons entendues sur l’album, à l’instar de "Hate And Love" qui nous permet une fois encore de se régaler de superbes échanges de voix et de soli. Suit "Got A Hold On Me" où le tempo se fait cette fois bien plus rapide, une belle surprise qui permet de découvrir une facette plus pêchue des deux amis qui décidément s’entendent comme larrons en foire et ne s’interdisent aucune direction musicale. Adrian se fait plaisir en utilisant un bottleneck lors de l’intro, accessoire qu’il a également utilisé récemment avec IRON MAIDEN sur le morceau "Senjutsu", extrait de l’album du même nom.
Tout comme pour "Solar Days" sur le premier album, un nouvel invité de marque est à noter ici en la présence de Mike Portnoy (ex-DREAM THEATER) sur "Rise Again". Une composition speedée, à la section rythmique alambiquée sur laquelle on entend une ligne de basse complexe qui est bien mise en avant dans le mixage et un jeu de batterie – forcément – à la hauteur de la réputation du bonhomme. On en arrive ensuite à la cherry pie, constituée de ces cinq titres live. Deux sont tirés de l’EP, "Hate And Love" ainsi que "Got A Hold On Me", qui permettent de constater l’alchimie du duo sur scène et prouvant que la parfaite combinaison de leurs talents n’était pas juste quelque chose ayant été rendue possible par le biais de la technologie et des sessions d’enregistrement. En bons guitaristes attendus qu’ils sont, les soli bénéficient de quelques mesures supplémentaires par rapport à leur version studio, traitement dont bénéficie aussi la sublime et bluesy "You Don’t Know Me" entendue sur « Adrian Smith / Richie Kotzen », cette fois dans une version qui frise les dix minutes et qui nous permet d’apprécier à leur juste valeur, et le titre, et le duo SMITH/KOTZEN dans leurs éclats vocaux et les complaintes tirées de leurs six-cordes. Surtout lorsque l’on replace cela dans un contexte live, dans de l’organique, du concret. Et rien n’est plus important je trouve que de le rappeler après presque deux ans d’arrêt scénique total. Enfin, "Scars" (l’une des plus belles chansons de l’album et qui n’aurait pas pu ne pas être incluse en concert) et "Running" referment ces neuf morceaux au terme de 49 minutes qui s’écoutent sans que l’on voit le temps passer, partagés que nous sommes entre d’excellents titres studio et d’éclatantes versions live.
Bref, tout cela pour dire que cet expanded EP ne nous donne qu’une envie, celle de découvrir dès que possible un nouvel album de ce duo qui avait voulu collaborer depuis longtemps et qui, en raison de la pandémie, a pu enfin prendre en 2020 le temps de s’atteler à ce projet commun. Bien sûr, nous ne souhaitons rien de moins que les choses reviennent un jour totalement à la normale, mais pas en ce qui concerne le groupe SMITH/KOTZEN, l’une des plus belles collaborations d’artistes issus d’horizons et carrières différents de ses dernières années qu’il nous ait été donné d’entendre.
