1 août 2021, 13:15

WELCOME-X

Interview Sam Kün

Au-delà de sa signification, WELCOME-X est bel et bien une invitation pour tous à se joindre à l’effervescence musicale qui s’en dégage. Formé par Sam Kün et Philippe Bussonnet, connu pour avoir été le bassiste du légendaire MAGMA pendant plus de 20 ans, cette association sera complétée par des musiciens émérites sous la bannière du label Le Triton, qui en dit long sur la qualité et la diversité musicale de la formation. Deux albums au compteur dont un « Vol. 2 »​ paru en juin dernier, et de nombreuses éloges, WELCOME-X n’a pas fini de faire parler de lui.
 

Vous avez joué le 2 juillet dernier au Triton, alors ces retrouvailles ?
Cela faisait un an et demi que nous n’étions pas remontés ensemble sur scène, que du bonheur ! Après, il y avait des consignes sanitaires particulières. Il fallait être assis et masqué, ce qui n’est pas évident pour tout le monde, mais cela faisait super plaisir d’être reçu.

Est-ce le tout début d’une série de dates ?
Pas encore, pour l’instant on présente notre second album. Les nouvelles dates vont arriver, on nous en a déjà proposées. Nous avons été mis à l’honneur par le magazine Rock Hard en étant album du mois dans le dernier numéro, nous avons eu aussi des très bons retours par ceux qui ont écouté l’album. Donc nous sommes très contents et nous espérons que cela restera dans cette continuité. En tout cas pour les festivals cet été c’est mort, on verra à la rentrée ou l’année prochaine.

Metal, jazz ou progressif, les genres musicaux sont multiples quand on se plonge dans les compositions de WELCOME-X, j’imagine que tes influences le sont tout autant ?
Personnellement je suis né dans le blues, j’ai commencé à en chanter dès l’âge de 13 ans et par la suite j’ai fait des reprises d’Elvis Presley. Je suis passé dans les années 90 à la scène alternative de Seattle avec ALICE IN CHAINS, SOUNDGARDEN et PEARL JAM. Après je suis rentré dans le metal extrême, dans le death avec ENTOMBED et BOLT THROWER. Nous avons tous des influences en commun, que ce soit les groupes comme BLACK SABBATH ou encore MESHUGGAH.

A qui s’adresse alors la musique de WELCOME-X selon toi ?
Aux plus ouverts possibles (rires). Vu que nous n’avons pas de style prédéfini donc, la musique te parle ou pas, après tu pourras y trouver tes influences. C’est marrant parce que depuis ce matin, les personnes que nous avons rencontrées lors de cette journée promotionnelle, ont des perceptions complètements différentes ; il y a une personne qui a entendu du FAITH NO MORE, une autre du KREATOR et même du CELTIC FROST. C’est étonnant car tu entends ce que tu veux, et des groupes auxquels je ne pense pas forcènement...

Pour votre précédent album vous aviez visiblement attendu 10 ans avant de pouvoir vous réunir et composer...
Avec Philippe Bussonnet on s’est connu il y a 10 ans oui. Je travaillais dans un bar jazz-blues, Le Caveau des Oubliettes, et nous avons jamé ensemble un soir... et je ne sais pas pourquoi c’est parti musicalement vers le metal. A partir de ce moment on s’est dit qu’il fallait qu’on travaille tous les deux. A l’époque il était très occupé avec MAGMA, moi j’avais aussi mes projets, et lorsque nous avons eu le temps de nous réunir, c’est aller très vite. Lui avait déjà écrit des morceaux et moi les textes, notre groupe s’est formé naturellement avec des amis. Depuis cette première mouture il n’y a que le batteur qui a changé. A l'époque c’était Yoann Serra, quelqu’un de très demandé, et il ne pouvait plus jouer avec nous. Un ami de Philippe, qui s’appelle Julien Charlet est arrivé, il a tout compris tout de suite et nous sommes tombé amoureux de son jeu. Il a donc intégré WELCOME-X, et nous avons enregistré le « Vol. 2 ».

En tout cas pour ce 2e album vous avez été très rapide ?
C’était la continuité. A l’époque du « Volume 1 » nous avions déjà des morceaux du « Volume 2 », et certains été joués en live. Lors du concert de ce week-end début juillet nous avons également joué un titre qui n’est sur aucun des deux, et qui sera sûrement sur le « Volume 3 ».

A l’écoute de ce « Vol. 2 » on ressent des moments d’improvisation, un peu comme une photographie de l’instant présent...
Le mot photographie exprime exactement cela. La création des morceaux est effectivement improvisée, mais une fois que nous l’avons trouvée elle est écrite, et jusqu’à la moindre note du solo. En fait le squelette du morceau va être écrit par Philippe à la basse, avec cette structure il va étirer les riffs pour aller dans plusieurs directions différentes. Il va ensuite me l’envoyer, ce n’est alors plus un squelette mais presque un morceau, car il aura déjà pensé à la batterie et aux guitares de Joe et Tom. Ces derniers vont alors ajouter leur pâte avec la liberté qu’ils ont, et moi je vais mettre ma voix et mes mélodies dessus. En répétition nous allons faire tourner ces morceaux, pour voir ce qui va en découler. Souvent c’est immédiat, et c’est à ce moment-là que la photographie est nette, et si c’est encore flou nous ajoutons des éléments.
 


Avez-vous à nouveau enregistré cet album dans des conditions live comme son prédécesseur ?
Oui toujours. Nous avons eu la chance d’avoir le studio du Triton pendant le confinement, et comme il était fermé il n’y avait personne. Nous avons donc enregistré sur la scène sur laquelle nous jouons d’habitude, il y avait la batterie, la basse et les deux guitares. Les morceaux ont presque été enregistrés en one-shoot, à quatre pour avoir la même énergie qu’en live. Ma voix est ajoutée après, il y a aussi eu des ajouts, c’est-à-dire un motif doublé ou triplé, mais très peu. C’est notre façon de fonctionner, je pense que cela créé quelque chose. Nous étions tellement contents de nous revoir, qu’il y a ce côté un peu jouissif sur l’album. On l’a donc enregistré très vite, en 6 jours seulement alors qu’il aurait pu être enregistré en 15 jours dans d’autres conditions. Et puis toutes ces prises de son ont été mixées ensuite par Martin Antiphon dans son studio. Il a fait un super boulot, il a compris où l’on voulait aller et il a été présent du début jusqu’à la fin.

Quels sont les thèmes abordés au niveau des paroles ?
A la base je suis naturaliste, il y a donc toujours ce coté nature qui apparait entre les deux volumes. Dans les paroles il y a ce constat de l’effet anthropique, comment on traite ce principe et ou on va. Alors quand on me dit que l’album est très sombre ce n’est pas voulu, c’est juste un constat.

Et est-ce que tu as des sources de prédilection, des livre ou le cinéma par exemple ?
Je me nourri d’un peu de tout, par exemple sur l’album il y a un titre qui s’appelle "Inevitable Collapse" et dont l’inspiration me vient d’un discoure que j’ai entendu du chercheur Noam Chomsky et de la collapsologie, c’est à dire de l’effondrement de notre mode de vie. Tout cela peut me venir en lisant un livre, ou d’un fait divers qui va me parler et sur lequel je vais prendre du recul. Comme pour le titre " Ombromanie" qui raconte l’histoire d’un gamin qui jouait avec son petit camion le soir dans une ruelle. Et un flic est arrivé, il y avait une grande projection d’ombre et il l’a abattu en pensant qu’il avait une arme. Sur l’album je parle aussi du dogmatisme religieux qui me fait très peur, de toutes religions confondues, et qui sont l’antithèse de la science. Personnellement cela me fait flipper de voir aux Etats-Unis des églises créationnistes qui vont détruire des ossements de dinosaure ou des faucilles, cela me fait mal au cœur.



​Le Triton est à la fois une salle de concert et un label, mais j’ai l’impression que pour les artistes, tel que MAGMA qui s’y produit régulièrement depuis longtemps, ce lieu est bien plus encore. Y a-t-il une sorte d’esprit Triton ?
Oui tout à fait, le Triton a toujours été dans l’exploration musicale avec une grande ouverture. Il faut savoir que cette salle a été montée par des gars qui faisaient de la musique dans les années 70, il y a toujours eu des formations très avant-gardistes. Récemment j’ai vu un groupe new-yorkais de jazz-metal qui s’appelle KILTER. Son batteur est Kenny Grohowski qui joue dans IMPERIAL TRIUMPHANT. Il faut enlever le coté élitiste qui peut y avoir des fois dans ce style, là ce n’est pas du tout le cas.

Quels sont vos prochains projets pour WELCOME-X ?
Faire de la promotion afin d’être booké sur des dates ou des festivals, de travailler sur des nouveaux morceaux, et surtout défendre cet album. A la sortie du premier volume nous avons été coupés en plein élan, nous avions des concerts prévus et le confinement nous est tombé sur la gueule, maintenant il faut refaire tout le processus. Des fois il y a des projets qui nous tombent dessus... par exemple nous avons été demandé pour une date au Japon. Il y a deux ans c’est Kirk Hammett qui a contacté Philippe et Julien afin d’enregistrer quelque chose ensemble dans le cadre d’un projet personnel, un musée de l’horreur. Sinon l’année dernière nous avons fait le festival de jazz de Malguénac, c’était entre les deux confinements et ce fut un des rares festivals à être maintenu. Comme c’était du jazz nous ne savions pas comment nous allions être reçu, et au final les gens ont adoré.

Nous avons beaucoup entendu parler de l'artwork de ce nouvel album, peux-tu nous en dire plus pour terminer ?
C’est de nouveau Paul de chez Ëmgalaï Grafik qui s’en ait occupé. Concernant la pochette c’est toujours quelque chose de simple et pur, le premier c’était une plaque de métal un peu rouillé, ici c’est sensé représenter des pierres dans le lit d’une rivière. On aime bien les éléments, d’ailleurs nous avons un morceau qui s’appelle "32Ge", c’est l’élément chimique qui apparait dans la pédale d’effet fuzz dont on s’est servi pour nos morceaux. Sinon à l’intérieur il y a des dessins plus définis, notamment celui du titre "Scent Of Sakura". Il a fait un sacré travail avec l’imagerie qui nous correspond bien. Paul nous a aussi accompagné du début jusqu’à la fin, il est venu à nos concerts et écoute nos morceaux pour réaliser les artworks •

Facebook.com/WelcomeXOfficial
 

Blogger : Jérôme Graëffly
Au sujet de l'auteur
Jérôme Graëffly
Nourri dès son plus jeune âge de presse musicale, dont l’incontournable HARD FORCE, le fabuleux destin de Jérôme a voulu qu’un jour son chemin croise celui de l'équipe du célèbre magazine. Après une expérience dans un précédent webzine, et toujours plus avide de nouveautés, lorsqu’on lui propose d’intégrer l’équipe en 2011, sa réponse ne se fait pas attendre. Depuis, le monde impitoyable des bloggers n’a plus aucun secret pour lui, ni les 50 nuances de metal.
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK