21 février 2020, 20:00

SEMBLANT

• "Obscura"

Album : Obscura

« Dans la famille des groupes en devenir, je voudrais SEMBLANT ! ». Voici ce qu'un gamin pourrait dire si une version "metal" du célèbre jeu des 7 familles existait tant il est vrai que ce jeune groupe brésilien possède tous les pré-requis à une future gloire internationale. « Lunar Manifesto », paru au Brésil en 2014 mais distribué mondialement que deux ans plus tard, avait pavé la route à un groupe qui, loin de rabâcher les poncifs d'un genre quelque peu tombé en désuétude (qu'il est loin le temps de la gloire de THEATRE OF TRAGEDY !), montrait un savoir-faire certain dans l'art de marier les contraires. SEMBLANT, véritable caméleon du dark metal, avait tellement fait fort sur cet album que votre serviteur en était littéralement resté bouche bée, allant même jusqu'à écrire que les Brésiliens « pourraient bien être the next big thing ». À l'heure à laquelle Mizuho Lin et les siens s'apprêtent à sortir le successeur de « Lunar Manifesto », j'ai nommé « Obscura », prévu le 6 mars, et à tourner pour la première fois de leur carrière en Europe (avec un passage à Paris le 4 avril !), qu'en est-il vraiment ?

Un line-up bouleversé, déjà. Exit Sol Perez (guitare) et João Vitor (basse) et bienvenue Johann Piper (basse), le premier n’ayant pour le moment pas été remplacé. Si cela ne s’entend pas sur l’album, magie du studio oblige, espérons que cela ne se ressente pas trop sur scène car le duo formé par le sieur Perez et Juliano Ribeiro, le second guitariste, était pour beaucoup dans la richesse du son du groupe. « Obscura », donc. L’album débute sur un titre somme toute classique, "Murder Of Crows", dont l’intro évoque fortement LACUNA COIL. Direct et sans concession, ce morceau laisse à penser que SEMBLANT cherche davantage à marquer les esprits par la force de son propos que par une quelconque sophistication. L’effet de surprise vient plutôt de la voix de Mizuho Lin, qui chante dans un registre très différent de celui auquel elle nous avait habitués sur « Lunar Manifesto ». Son timbre, quoique toujours aussi puissant, est moins profond, plus criard. Étonnant !

C’est également le cas sur le second titre, "Left Behind", sur lequel le groupe nous rappelle au bon souvenir de CRADLE OF FILTH, l’une de ses principales influences. Pas de réelles surprises ici non plus si ce n’est une plus grande diversité d’ambiances. "Dethrone The Gods, Control The Masters (Legacy Of Blood Pt.IV)" qui suit, remonte un peu la pente, influencé qu’il est par SANCTUARY. Il faut d’ailleurs entendre comme cette chanson rappelle la légende de Seattle pour arriver à un constat pour le moins surprenant : ce n’est désormais plus Sergio Mazul qui s’essaye à de graves vocalises dignes du regretté Warrel Dane mais bien Mizuho Lin... qui monte dans les octaves comme le blond chanteur du temps de « Refuge Denied » !

Il faut attendre le 4ème morceau (et premier single) de « Obscura », "Mere Shadow", pour retrouver la voix si caractéristique de la belle taïwano-brésilienne. Accrocheur en diable, "Mere Shadow" aurait pu sans peine figurer sur « Lunar Manifesto » ! Un signe qui ne trompe pas : son clip vidéo, publié le 16 janvier dernier, a déjà été vu plus de 415 000 fois sur YouTube ! C’est dire les attentes autour de SEMBLANT. Force est de constater, toutefois, que ces attentes ne sont qu’à moitié comblées jusqu’ici, avec une succession de chansons certes efficaces (nos Brésiliens sont toujours de grands mélodistes) mais manquant d’un soupçon de folie. Après un intermède aussi subtil que bouleversant ("Porcelain", sur lequel Mizuho délivre une performance ahurissante), "The Hunter, The Hunger (Legacy Of Blood Pt.V)" continue de confirmer les espoirs suscités par "Mere Shadow" : les musiciens retrouvent de leur superbe prog avec des changements de rythme qui permettent au batteur Thor Sikora d’écraser quelques crânes, histoire sans doute de montrer que son prénom n’est pas usurpé...

"Wasteland" monte encore d’un cran : théâtral à souhait, ce morceau plein d’emphase a tout d’un futur classique et peut figurer sans honte aux côtés de "Incinerate" ou "Dark Of The Day". Et ce n’est pas fini ! Sur "Barely Breathing", Sergio (qui a retrouvé entre-temps ses intonations à la Warrel Dane) et Mizuho atteignent les cimes. La chanson repose essentiellement sur les épaules des deux vocalistes mais possède également un très beau solo de Juliano Ribeiro. Tout comme "Wallachia", d’ailleurs, qui nous transporte dans la sombre contrée de Vlad l’Empaleur. Excellent de bout en bout, ce titre échevelé rappelle un CRADLE OF FILTH sous amphétamines et sans ventoline (Dani, si tu nous lis !). SEMBLANT, toujours sur le fil, entre velléités dark et prétentions symphoniques, nous offre peut-être là le meilleur morceau d’un « Obscura » qui s’achève avec "Daydream Tragedy", une plage délicate nous ramenant au LACUNA COIL de « In A Reverie » (qui a dit : "Le meilleur !" ?) et "Insomnia", bonus track imprévisible doté de vocalises fantomatiques et d’un solo de guitare que l’on jurerait sorti de l’imagination débridée de Ron Thal !

Avec « Obscura », SEMBLANT confirme tous les espoirs placés en lui et ce, malgré des débuts quelque peu hésitants, comme si le groupe avait voulu renforcer l’onde de choc créée par les deux tiers restants du disque. Une nouvelle claque de la part d’une formation décidément talentueuse, qui pourrait bien tenir son « Master Of Puppets ». C’est tout le mal qu’on lui souhaite en tout cas. Quant à moi... j’y retourne !

Blogger : KillMunster
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KillMunster est né avec le metal dans le sang. La légende raconte que quand Deep Purple s'est mis à rechercher un remplaçant à Ian Gillan, le groupe, impressionné par son premier cri, faillit l'embaucher. Avant finalement de se reporter sur David Coverdale, un poil plus expérimenté. Par la suite, il peaufina son éducation grâce à ses Brothers of Metal et, entre deux visionnages d'épisodes de la série "Goldorak", un héros très "métal" lui aussi, il s’époumona sur Motörhead, Lynyrd Skynyrd, Black Sabbath et de nombreux autres ténors des magiques années 70. Pour lui, les années 80 passèrent à la vitesse de l'éclair, et plus précisément de celui ornant la pochette d'un célèbre album de Metallica (une pierre angulaire du rock dur à ses yeux) avant d'arriver dans les années 90 et d'offrir ses esgourdes à de drôles de chevelus arrivant tout droit de Seattle. Nous voilà maintenant en 2016 (oui, le temps passe vite !), KillMunster, désormais heureux membre de Hard Force, livre ses impressions sur le plus grand portail metal de l'Hexagone. Aboutissement logique d'une passion longuement cultivée...
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