7 octobre 2018, 14:22

KORITNI

• interview Lex Koritni

C’est au Oz Café, le bar le plus australe de Paris, que nous retrouvons le chanteur Lex Koritni pour une rencontre consacrée à la sortie du nouvel album sobrement intitulé « Rolling », enregistré en début d’année dans des studios de la capitale, démontrant une fois encore la double nationalité affective du chanteur australien et leader de KORITNI pour notre beau pays


« Rolling » Cinquième album studio, trois ans après « Night Goes On For Days » enregistré avec Kevin Shirley cette fois encore, tu voulais prolonger l'expérience et retrouver la même ambiance pour l'enregistrement ?
C’est évident que Kevin fait du bon boulot, de plus il y a deux ou trois titres issus de « Night Goes On For Days » où ce qu’il avait fait pour le son de la batterie s’est retrouvé sur le nouvel album car les réglages étaient les même donc on les a réutilisé et puis Kevin était disponible, il est passé au studio à Sydney à un moment où Sam notre manager y était aussi pour visiter encore une fois le pays, ils ont discuté et ça a été « oui » tout de suite.

Avec ces deux derniers albums, as-tu réussi à trouver le bon équilibre entre le rock et le blues ?
Je pense oui ! Maintenant quand j’écris des chansons, j’écris tout simplement sans vouloir être conforme à un style, qu’on ne me range pas dans une boite marqué "Hard Rock" dessus. Je l’ai fait pour les trois premiers albums, je l’ai fait pendant des années… Maintenant quand j’écris une chanson je n’en ai rien à foutre, si c’est une bonne chanson c’est une bonne chanson. Quasiment tous les titres ont été composés sur une guitare électrique, juste moi improvisant devant la télé avec ma guitare et pour certains d’entre-eux je me disais que ça sonnerait mieux en version acoustique, alors je changeais de guitare, je faisais un essai et ça fonctionnait comme ça, et puis c’est plus intéressant vocalement, ça donne plus de place dans le mix pour les voix. Quand c’est une configuration deux guitares branchées sur des gros amplis Marshall, une basse et une batterie les voix doivent s’imbriquer dans le mix avec une plage de fréquence réduite, tu as moins de dynamique. Alors qu’avec une guitare acoustique tu peux montrer davantage tes capacités vocales, tu varies les formes. Je pense que c’est intéressant pour celui qui écoute mais ça l’est aussi pour moi et ça permet de ne pas toujours faire la même chose.

Plus de place pour t’exprimer pleinement en quelque sorte !
Oui car tout est à propos de moi. (rires)

Quelle est la chanson qui a une saveur particulière pour toi ?
Franchement ça dépend, ma préférée serait probablement "Life Away" car celle-là a complétement été faite à la volée ! Il nous restait trois heure avant de rendre le studio avec Chris (Brown – Batteur du groupe) et j’ai dit : « Attends, j’ai ce riff et une idée pour un couplet/refrain… mais pas de chant, juste la musique, on a le temps on fait un essai ! ». Alors tu sais habituellement ça met cinq heure pour une prise de son de batterie avec le temps pour qu’il s’échauffe et qu’il soit fin prêt mais là c’était la fin de la semaine et j’étais plutôt : « écoute ça et envoi la sauce ! ». On avait fait pareil avec la chanson "Game Of Fools" et je trouve que la piste de batterie ressort à chaque fois de manière incomparable, c’est toujours frais, c’est fait un peu dans l’urgence, on sentirait presque que ça va se casser la gueule mais j’adore ce titre juste pour ça !

Comment s'est déroulé le processus de création, s'agit-il d'un "album de groupe" ou as-tu écrit et composé entièrement certaines chansons ?
La plus part du temps je compose les chansons, tous les albums ont quasiment tous été conçus comme ça, essentiellement Eddy (Santacreu – Guitariste) et moi qui écrivons, Luke (Cuerden – Guitare) aussi en avait écrit quelques-une avant et tous les arrangements passent par Eddy ou par moi. Donc pour l’enregistrement toutes les parties sont là, on les met dans le lecteur, chacun rajoute son instrument avec sa touche personnelle. Je sais à l’avance tout ce qui sera enregistré en studio excepté dans les cas comme "Life Away" car tu n’as que trois heures pour enregistrer et si ça ne fonctionne pas on s’en fou on retentera une prochaine fois ou on jette le morceau à la poubelle.

Et à la fin elle devient la chanson d’ouverture de l’album !
Ouai, surprise ! (rires)


 


"Run Outta Gas" comporte un solo de violon et sonne un peu country/bluegrass, tu peux nous en dire plus sur ta collaboration avec Pat McManus ?
Cette chanson a un feeling diffèrent, elle fait un peu country en effet. J’ai été invité plusieurs fois à venir jouer avec lui sur scène, on a fait des concerts ensemble, des festivals ensemble, c’est un mec vraiment sympa et c’est toujours cool d’être assis avec lui au bar durant un festival à boire un coup ensemble, il est toujours partant pour discuter. La première fois que je l’ai vu sur scène c’était au New Morning ici à Paris il y a plusieurs années et il a mis une ambiance de dingue à jouer du violon comme un shredder et j’étais soufflé, je ne pouvais pas le croire et quand je lui ai parlé plus tard il m’a raconté qu’il était violoniste professionnel depuis qu’il a seize ans, alors j’ai gardé ça en tête. Cette chanson aurait pu sonner différemment car j’avais déjà enregistré deux solos, un à la guitare électrique et l’autre en guitare acoustique et j’ai eu envie d’essayer le violon et c’est ce qui a le mieux fonctionné. C’est marrant car quand les gens ont su que Pat serait invité sur l’album ils ont tous pensé qu’il balancerait un solo de guitare ou qu’il chanterait mais non, il joue du violon ! (rires). Quand on a commencé, les gens nous ont catalogués "rock sudiste" et ce style de musique n’est vraiment pas loin du style country ou bluegrass et je pense que cette chanson a sa place sur l’album, elle ne détonne pas par rapport aux autres titres, il y a toujours moi dessus hurlant comme un taré, il y a toujours ce lien. (rires)

John Coghlan (batteur de STATUS QUO) est de retour sur ce disque, le nouvel album était une bonne excuse pour enregistrer à nouveau ensemble ?
Putain ouai mec ! Il est génial ! Pour moi collaborer avec quelqu’un c’est avoir des amis, des gens que tu connais et avec qui tu traînes et pour John c’était du genre « tu veux venir sur Paris et qu’on se fasse une bouffe, boire des coups et pourquoi pas enregistrer une chanson !? », et il a répondu « Ouai bien sûr ! ». Forcément les dîners et les soirées sont plus fun que les sessions d’enregistrement mais l’enregistrement c’est juste l’excuse pour pouvoir traîner ensemble après.
 

"J’ai eu plus d’instruction à la maison que lorsque j’allais à l’école, Aller à l’école pour moi c’était comme être en récréation « oh ouai je suis enfin débarrassé de papa »."



© Grégory Tran - Pixophil


L’enregistrement est synonyme de partage et d’amusement avec tes amis en studio, tu souhaites capturer une image sonore des bons moments avec des personnes avec qui tu aimes jouer, comme Vivi et Farid (TRUST) ?
C’est toujours plus simple d’avoir une bonne ambiance quand tu connais les gens ou quand ce sont déjà tes amis, dans ce cas tout vient naturellement surtout avec ces gars-là que je vois souvent en dehors de mon activité musicale, on est en contact tous les jours, j’ai justement eu un message de Farid il y a deux jours. Parfois la vie te fait passer par des moments difficiles, alors quand tu es en studio c’est excitant, c’est marrant et frais, tout le monde est content de se revoir. Farid est toujours partant car on lui empreinte toujours son kit de batterie pour les enregistrements. Alors à chaque fois qu’il l’apporte au studio je lui tombe dessus « Oh Farid pendant que tu es là tu ne veux pas taper un peu sur les peaux ? », c’est une ruse qui fonctionne à chaque fois.

Le titre "Bottle Of Wine" sonne très français, la France commence à déteindre sur toi ?
Je suis là depuis longtemps oui ! "Bottle Of Wine" est aussi et surtout un euphémisme d’une expression qui parle de sexe. Je ne pensais pas vraiment au côté français, le vin, la culture… mais plutôt de m’envoyer en l’air !

Ça aussi c’est français !
« Viens boire à ma bouteille de vin » tu vois ? Utilise ton imagination (rires). J’aime beaucoup cette chanson elle sonne vraiment bien. La culture française a forcément une influence sur moi, je vis ici depuis plus de six ans alors oui, elle déteint sur moi d’une certaine façon.

Quels sont tes projets pour les semaines et mois à venir ?
Pour ma part je prends l’avion demain direction l’Egypte pour deux semaines de vacances et on va valider des dates de concerts pour quand Eddy sera disponible car il est tout juste de retour à Sydney. Ça fait un moment maintenant qu’on n’a pas tournée et putain ça manque, j’ai les pieds qui me démangent et j’ai envie de jouer live. Donc à mon retour de vacances on a la promotion à faire, des émissions de radio et des événements live qui nous attendent en premier lieu. 

Un peu d’histoire personnelle, comment as-tu commencé la musique ?
J’ai été forcé. C’est un peu comme l’histoire de Michael Jackson mais sans le coté... tu vois c'que j'veux dire ? (rires).
Mon père était musicien, guitariste, et tous les jours il fallait travailler. Tous les matins je me levais pour pratiquer le piano ou la guitare sur des standards de blues comme Little Richards, Ray Charles, Sam Cook… le soir aussi je devais m’entraîner et si ce n’était pas la musique c’était des mathématiques ou le dessin… J’ai eu plus d’instruction à la maison que lorsque j’allais à l’école, Aller à l’école pour moi c’était comme être en récréation « oh ouai je suis enfin débarrassé de papa ! ». Aussi loin que je puisse me rappeler c’était comme ça. J’ai seulement commencé à vraiment apprécier de jouer de la musique à mes seize ans quand j’ai débuté avec un groupe de country où j’étais bassiste et choriste, on faisait des tournées dans le sud et j’ai commencé à boire des coups, faire la fête et je me suis dit : « là c’est un peu plus intéressant, c’est cool », plutôt que mon père qui me crie dessus. Et puis mon amour pour la musique a encore grandi en vieillissant.

AC/DC est de retour en studio après une année difficile, qu’en penses-tu ?
C’est cool, qu’ils continuent ! Je serais heureux d’écouter ce que ça donnera avec Phil Rudd de retour. Je suis curieux d’écouter ça et je suis sûr qu’ils feront une tournée même s'il faut un remplaçant, ils font toujours de bons choix. Je suis content pour eux.

Tu as aimé la prestation d’Axl Rose au poste de remplaçant de Brian Johnson ?
Mais putain ouai incroyable, c’était excellent ! C’était bizarre et en même temps si cool. Malheureusement je n’ai pas pu le voir de mes yeux mais les vidéos que j’ai vues, purée, je ne sais pas ce qu’il a fait mais Axl Rose était au top et ça a très bien fonctionné et le gars a fait des concerts avec un pied cassé dans un fauteuil et ça aussi c’est dingue !

Comme Dave Grohl juste avant qui lui a d’ailleurs prêté son trône version "Game of Throne – Guitars"...
Ouai ! Excellent (rires)

Nous sommes au Oz Café à Paris dans le 9ème et il y a une raison pour ça, on est en quelque sorte chez toi ! Tu as dit une fois que si tu n'étais pas dans un groupe, tu travaillerais dans un bar, parle-nous un peu de cet endroit.
(Rires) J’avais l’habitude de venir ici car ils passent tous les sports australiens sur leurs écrans, football américain, cricket… Je venais ici avant durant les week-ends pour voir les matchs et je me suis dit pourquoi ne pas être payé à les regarder plutôt que de dépenser des sommes astronomiques à boire des coups ici !? Donc ça fait quatre ans que suis manager et ça se passent très bien avec l’équipe, la vie est cool ici et si tu veux venir me voir viens les week-ends dans la journée car c’est à ces heures-là que passent les matchs australiens.

Quels sont les albums que tu écoutes en ce moment ?
A vrai dire, mon album (rires). Sans déconner vu que je fais des interviews en ce moment je suis un peu obligé de me le remettre en tête car depuis le mastering je ne l’ai plus réécouté. Forcément je l’ai écouté pas mal de fois avant durant l’enregistrement, le mixage et le mastering mais j’ai fait une pause et là je m’y remets. A part ça j’ai ressorti un vieil album de Blues Saraceno, « Plaid », c’est du blues instrumental et il fait beaucoup de sessions à Los Angeles, il a un style qui se rapproche de Joe Satriani mais plus typé blues.

Ça me rappelle Dimebag Darrel de Pantera qui lui aussi avait un jeu très bluesy, comme sur l’outro de « The Great Southern Trendkill »
Ouai, c’était un Texan, un gars du sud. Paul Gilbert sonne comme ça aussi, beaucoup de shredding et de supers solos avec des mouvements mélodiques d’enfer. Je réécoute aussi Richie Kotzen, j’adore ce qu’il fait sur l’album « Go Faster ». Après en terme de nouveauté je ne suis pas vraiment à jour, j’ai tellement de vieux disques à écouter et d’albums que des gens me donnent pour que j’y jette une oreille… parfois je tombe sur des trucs qui traînent depuis quatre ans chez moi et je ne les découvre que maintenant (rires).

Blogger : Benjamin Delacoux
Au sujet de l'auteur
Benjamin Delacoux
Guitariste/chanteur depuis 1991, passionné de musique, entré dans les médias à partir de 2013, grand amateur de metal en tous genres, Benjamin Delacoux a rejoint l'équipe de HARD FORCE après avoir été l'invité du programme "meet & greet" avec UGLY KID JOE dans MetalXS. Depuis, il est sur tous les fronts, dans les pits photo avec ses boîtiers, en face à face en interview avec les musiciens, et à l'antenne de Heavy1, dont l'émission MYBAND consacrée aux groupes indépendants et autoproduits.
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