Lorsque j’ai lu sur la bio des franciliens GOHRGONE que ceux-ci nourrissaient leurs influences textuelles à grands coups de mythologie gréco-romaine, je n’ai pu m’empêcher d’avoir une petite pensée pour les brutes expertes de KRONOS, références absolues en la matière. Sauf qu’ici, il n’est pas question d’enrober le tout à grands renforts de blasts et d’un déluge de technicité puisque notre club des cinq, formé en 2012, œuvre dans un death metal bien lourd, massif et moderne. Jamais très éloignée des frontières du deathcore par ses quelques breaks bien sentis et une production ûber-testostéronée, cette deuxième offrande annonce la couleur sans détours : là où il y a de l’heavy il y a de l’espoir ! Passées les quelques secondes d’une intro ambiancée, “The Ember Grave” rentre sur le ring avec la grâce d’un Caterpillar : growls bien grassouillets, rythmiques plombées, double-pédale survoltée… pas de place pour la finesse ! Faut qu’ça gicle, qu’ça tape dans tous les coins et qu’le tout tartine les esgourdes pendant une petite demie-heure (je mets de côté l’interlude “Finis Ixion“ et ses trois minutes presque tranquilles de côté). Ajoutez à cela un petit côté FEAR FACTORY plutôt bienvenu sur “Tartarus Punishment” et la messe est presque dite. Car c’est au moment où l’on s’apprêtait à rendre les armes que le final “Tides Of Despair” montre un groupe qui ose sortir des sentiers battus avec un morceau tout en nuances où la pression monte crescendo jusqu’à s’arrêter net avant de laisser la place pendant quelques minutes à des cordes désincarnées qui installent une ambiance déroutante, il faut bien le reconnaître. Et cette prise de risques est plutôt opportune, laissant l’auditeur en pleine confusion avant de refermer définitivement ce deuxième chapitre un peu le cul entre deux chaises.
On sent GOHRGONE tiraillé entre l’envie de bien faire, balançant pendant les trois-quarts de l’album un death explosif quoique classique, résolument moderne, et de tenter de temps à autres de timides incursions hors du territoire défini (“Finis Ixion”, “Tides Of Despair”) alors que c’est sur ce point qu’il gagnerait à se forger une véritable identité pour lui permettre de sortir du lot. Restent aussi les vocalises de Thomas, un brin monotones et cette production trop synthétique à mon goût, proche des standards deathcore outre-atlantique.
Pas vraiment ma came vous l’aurez compris, je dois cependant reconnaître que ce « Finis Ixion » possède quelques arguments qui à n’en point douter raviront les amateurs de death mid-tempo simple et bien musclé comme celui des cousins yankees de JUNGLE ROT ou SIX FEET UNDER tout comme il attirera dans ses filets les fans de combos plus modernes comme WHITECHAPEL ou MOLOTOV SOLUTION. Si ces dernières références vous titillent, il y a de fortes chances pour que GOHRGONE vous épargne l’envie de tenter tout préliminaire avant de foncer droit au but !