L'Allemagne fut très longtemps la terre promise du metal et même de la musique en général. J'ai malheureusement l'impression que ces temps bénis s'éloignent. De plus en plus de salles et clubs ferment ou se voient interdits de concerts, même le Musik Messe se réduit d'année en année comme une peau de chagrin.
Heureusement, les vieux briscards de la scène sont toujours là. Et il est vrai que croiser un GAMMA RAY, un EDGUY ou un HELLOWEEN sur la scène d'un festival ou d'une salle de concert, ça met rarement de mauvaise humeur. SINBREED est un peu différent. Musicalement très proches des précités, il est cependant plus sombre et globalement plus agressif. J'ai souvent qualifié HELLOWEEN de happy metal, je ne pourrais pas en dire autant de SINBREED. Sans être dépressif, leur son est bien plus incisif et revanchard que celui de nombreuses formations similaires.
Formé par des membres de BLIND GUARDIAN, AVANTASIA et autres pointures, SINBREED nous offre son troisième album... Un bien beau cadeau !
"Creation Of Reality", hymne speed metal ouvre le bal avec un brio incontestable. Non seulement ce titre évoque indéniablement le HELLOWEEN des débuts, mais la voix de Herbie Langhans apporte la touche qui fait la différence avec son grain râpeux et puissant. L'intro du second morceau "Across The Great Divide" fait penser à un classique de JUDAS PRIEST pour mieux partir dans une direction proche de l'ultra speed. "Behind A Mask" est correct mais ne me laisse pas une forte impression, il devrait toutefois fonctionner en concert. Par contre, le quatrième titre, "Moonlit Night" se montre vraiment intéressant, avec un morceau en semi ballade. Semi ballade, parce que je vous défie jouer à "Still Loving You" sur ce titre qui passe de l'atmosphérique dans les couplets (on pense même à QUEENSRYCHE) à des envolées rapides sur les refrains... Du rarement vu et ça vaut d'être signalé. "Master Creator" qui donne son titre à l'album est une chanson puissante et lyrique, mais je n'aime vraiment pas la façon dont le son des guitares est coupé dans l'intro, ça fait collage. "Last Survivor" explore les mid-tempos, c'est efficace, certes, mais ce n'est pas dans ce registre que SINBREED se montre le plus efficace. Là où le groupe va nous surprendre, c'est avec le magnifique "At The Gate" une ballade posée sur fond de piano. Point de mièvrerie dans ce morceau mais plutôt un sentiment marqué de mélancolie. SINBREED est un groupe qui aime les tonalités sombres et surtout qui sait les exploiter. Le groupe se fait plus progressif sur "The Riddle" dont le refrain est particulièrement réussi. On retrouve le Herbie Langhans d'AVANTASIA sur "The Voice", un titre où sa voix se fait moins éraillée et où l'ambiance globale semble s'éclairer quelque peu. L'album se termine sur "On The Run" un morceau qui, comme "Behind The Mask" ne laisse pas d'impression marquante.
Au final, on se retrouve avec un bon album, avec deux morceaux un peu plus faibles. SINBREED prend toute sa saveur quand il lâche les gaz ou, au contraire quand il cherche à faire dans l'intimiste. La voix d'Herbie est pour beaucoup dans l'originalité de leur son. Bien plus agressive et brute que ce que l'on a coutume d'entendre dans ce registre, elle redéfinit les couleurs du metal germanique et c'est tant mieux.
